Trois romans de vacances : Gregg Hurwitz, Ghazi Rabihavi, Orgyia Satina
Orphelin X, Gregg Hurwitz, H&O éditions (448 p., 19,90 €)
Avec Orphelin X, nous tenons le vrai triller. Difficile après avoir commencé ce roman de ne pas le finir d’une traite tant Gregg Hurwitz sait tenir en haleine son lecteur. Il faut dire que l’auteur américain a du métier : 23 thrillers au compteur dont 7 de la série Orphelin X. Le personnage central Even Smoak (qui arrive pour la première fois en français) est un orphelin formé dans un programme secret pour éliminer les ennemis des Etats Unis. Pendant des années il obéit aux ordres avec pour seul contact son instructeur. A la mort de ce dernier, il poursuit ses missions avant de se mettre « à son compte », avec pour précepte les Dix commandements. Régulièrement, des personnes lui demandent de les aider, puis en échange, elles lui envoient quelqu’un dans la même situation. Mais quand une jeune femme le supplie de l’aider à délivrer son père kidnappé par une dette qu’elle leur doit, tout se délite…
Écrit sans temps mort, avec une verve incontestable, Orphelin X est dans la ligné des thrillers techno d’un Ken Follet et Robert Ludlum. Le roman de déconnexion (encore que) parfait des vacances.
Les garçons de l’amour, Ghazi Rabihavi, Le Livre de Poche (479 p.8,90 €)
Avant de lire le prochain livre de l’auteur iranien Ghazi Rabihavi, Le sourire de Mariam (Serge Safran) dont la sortie est prévue à la fin du mois d’août, il faut ne pas manquer l’édition en poche, de son roman précédent Les Garçons de l’amour.
Pendant la révolution islamique, un jeune garçon Djamil, cultivé et violoniste, rencontre lors d’une fête de village, Nadji, fils de paysan. Entre eux, la passion s’installe intense et immédiate. Mais comment vivre un amour interdit dans un pays qui condamne à mort l’homosexualité ? Ce sera l’exil, la misère, la violence entre les hommes pour un retour dans leur pays. L’auteur lui-même condamné à l’exil, il vit à Londres, a été menacé et soutient ses condisciples iraniens accusés et jetés en prison. Avec ce superbe roman universel sur l’amour, il touche au cœur ses lecteurs et met en lumière la censure morale et politique du régime iranien.
Orgyia Satina, Nicolas Roiret, Serge Safran éditions (304 p. 19,90 €)
Satine, la quarantaine flamboyante, invite pour fêter la pendaison de crémaillère de sa nouvelle maison près de Montpellier ses 523 followers de son réseau social. Il y a ses amants : Rodrigue l’artiste peintre qui a vécu un drame familial, Armand Falgière l’amant occasionnel, l’amie toxico Liz Jones… Nicolas Roiret croque à belle dents dures toute une galerie de portraits qui n’engendrent pas la mélancolie.
Bien sûr la soirée tourne à la catastrophe. Les masques tombent, les rivalités apparaissent. La construction où chaque protagoniste raconte l’évènement de son point de vue ajoute une originalité au roman. Dans un style enlevé, Nicolas Roiret dénonce en creux les excès et dérives des (amis) réseaux sociaux, et des égos surdimensionnés dans un époque qui fournit les outils pour les cultiver. On rit franchement ou plutôt jaune, selon les circonstances.