Un léger doute, de et avec Stéphane de Groodt, par Jérémie Lippmann (Théâtre de la Renaissance)
Avec : Stéphane De Groodt, Éric Elmosnino, Constance Dollé, Bérangère McNeese, Pierre Berriau et Yann Carcedo.
On le connaissait acteur, comédien, chroniqueur dans « C à vous » sur France 5 … Désormais, Stéphane De Groodt est à savourer auteur. Sa première pièce Un léger doute se joue jusqu’au 7 janvier au Théâtre de la Renaissance et cet espèce de mise en abyme du théâtre, une pièce dans la pièce tient ses promesses. Une comédie jubilatoire, absurde, menée tambour battant pour Patricia de Figueiredo grâce à la mise en scène de Jérémie Lippmann et un quatuor d’acteurs décapants, composé de Stéphane De Groodt, Constance Dollé, Éric Elmosnino, Bérangère McNeese qui jouent à la fois leur propre rôle et les personnages d’une pièce en train de se jouer.
Une mise en abyme du théâtre et de ses codes
La pièce commence par la fin : les applaudissements, le salut au public puis rideau. Le rideau se relève, les comédiens sont sur le point de partir, la pièce est finie. Mais certains ne sont pas de cet avis, Constance Dollé en tête, il faut rejouer, le public est là. Stéphane De Groodt affirme que non. Il veut rentrer, appeler sa mère. Qui dit vrai ? Pourquoi n’ont-ils pas le même ressenti de la réalité ?
Mais qu’est-ce que la réalité ? Le présent existe-t-il ? Il est déjà du passé et pas encore de l’avenir.
Derrière cette comédie absurde se cachent des questions existentielles, une certaine angoisse de vivre.
La petit cuisine du métier
Les comédiens se mélangent avec leurs personnages, petit cuisine interne au métier et l’auteur nous laisse à dessein nous perdre parfois entre les comédiens et leurs personnages. Alors que le récit est ultra limpide : un couple qui reçoit un autre couple d’amis.
Le comédien belge, qui fut un temps pilote de course professionnel, a su prendre pour sa première pièce, son virage de l’écriture théâtrale. Il nous avait déjà posé des jalons avec ses précédents œuvres littéraires notamment : « Voyages en absurdie », « Retour en absurdie ». L’auteur confirme qu’il sait manier avec ironie les mots et la plume.
De la pièce dans la pièce
Jacques, le personnage interprété par Stéphane De Groodt a quelque chose à annoncer à sa femme et à ses amis ; il est mort. Pourtant, il est bien là. S’en suivent des discutions surréalistes comme la préparation des obsèques. Vous l’avez compris nous entrons dans un « voyage en absurdie ».
On ne sait pas si le début c’est la fin, si la fin c’est le milieu… J’ai voulu m’amuser avec le théâtre. Pour les spectateurs. Avec les spectateurs. C’est aussi un hommage au théâtre. Au temps qui passe, aux comédiens, aux personnages, ce que nous jouons, ce que nous ne jouons pas. Le théâtre c’est l’illustration de ce qu’on peut ressentir dans la vie.
Stéphane De Groodt
Un rythme stroboscopique
Aux côtés du couple (Stéphane De Groodt – Contance Dollé) qui manie avec excellence le ping-pong verbal, le couple formé par Eric Elmosnino et Bérangère Mc Neese nous emporte encore plus loin dans la comédie. Ils sont tous les deux parfaits dans, pour l’un, le copain dépassé et pour l’autre la charmante idiote. La mise en scène de Jérémie Lippmann, qui avait remporté un Molière en 2015 pour La Venus à la fourrure, entraine les comédiens dans un tempo sans temps mort. Les jeux de mots « Jacques a dit », les répliques « l’acuité, c’est quand on a trop bu » nous emportent vers l’univers du rire léger, sans se départir d’une réflexion sur le sens de la vie.
Sans aucun doute, il ne faut pas hésiter à aller voir Un léger doute.