A St Ouen sur Seine, Urbain de Paname jette des passerelles entre les arts urbains

Jusqu’au 18 février 2023. 4 rue du Dr Bauer, 93400 St Ouen sur Seine (métro 13 et 14 arrêt Mairie de St Ouen avec des activités créatives tous les samedis de 14h à 17h.
Les Mercredis et jeudis de 10h à 20h30, Les vendredis et samedis de 10h à 21h, Les dimanches de 10h à 19h (dernière entrée à 18h)

Après Capitales, à l’Hôtel de Ville de Paris prolongée jusqu’au 25 mars, Urbain de Paname à St Ouen propose jusqu’au 18 février un stimulant panorama d’une trentaine d’artistes urbains, associant des icônes comme Obey, Banksy, Kaws ou Invader, et des émergents comme Clément Poplineau, Kid Pier et Enfant Précoce dans une ambiance populaire festive. En jetant de nouvelles passerelles entre les arts, l’exposition confirme la place prépondérante de l’art urbain dans le paysage culturel. Singulars a retenu sa propre sélection parmi les pépites. Suivez le guide !

Un site spectaculaire : l’ancienne patinoire de St Ouen sur Seine

Urbain de Paname s’est installé sur l’ancienne patinoire de St Ouen sur Seine Photo Baptiste Le Guay

Fermée depuis 2020 pour des fuites dans sa toiture, à la place de patineurs ou d’un match de hockey sur glace, les œuvres de plus de trente artistes français et internationaux ont été rassemblés sous la direction artistique de l’Atelier de Paname, incubateur artistique créé en 2017, dans cet espace spectaculaire. Certains sont mondialement connus comme Banksy, Obey et Kaws, et d’autres émergents comme Clément Poplineau, Kid Pier et Enfant Précoce.

Atelier de Paname, c’est au départ un collectif d’artistes qui résidait dans un squat à St Ouen.
Les fondateurs sont Salomé Partouche et Samuel Alifi,
ils ont réuni des amis avec toutes compétences artistiques confondues :
des performeurs, des chanteurs et des acteurs
Marty de Monterau, responsable du lieu Urbain de Paname.

Un gage de popularité

Jakman a dessiné une ligne de vêtements pour Schott pour Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Karim Boamrane, le maire de St Ouen, a demandé à l’organisation d’être le plus « grand public possible », que ce soit dans ses horaires d’ouverture (10h-20h30) ou en recevant des classes tous les jeudis des mois de janvier et de février. L’objectif de l’ouverture de ce nouveau – et quel espace ! – lieu, « c’est de diffuser un maximum de culture. Nous sommes à St Ouen, ville avec des fortes communautés musulmanes et africaines. Il y a besoin de désenclaver et le maire prend ça à bras le cœur » revendique Marty de Monterau.

Au-delà de l’exposition des nombreux artistes, des workshops sont également proposés ainsi que des Dj sets, notamment avec un partenariat établi avec la radio FIP. Un partenariat avec la ligne de vêtements Schott a été établi également, où l’artiste Jakman a customisé cinq blousons en cuir, les graffant avec une ambiance Western (chapeau de cowboy, désert et cactus en guise de décor).

Singulars a retenu sa propre sélection parmi les pépites. Suivez le guide !

Des artistes divers et surprenants

Alias Invert Pyramid

L’œuvre de Laurent Perbos alias Invert Pyramid montre un objet banal dans ses entreprises plastiques comme un ballon de basket ici. L’aspect sculptural domine fortement, avec une forme géométrique triangulaire qui ne fait référence qu’à elle-même. Les couleurs en arc-en-ciel représentent toutes les couleurs, soit la colorimétrie infinie.
Les œuvres de l’artiste interrogent la manière dont les choses de l’ordinaire, une fois revisitées, se découvrent plus comme un récit que comme une image.

Invert pyramid pour Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

H20

Dans cette installation, Tom Lellouche nous place comme les témoins d’une scène figée où les protagonistes sont paralysés. Elle raconte l’histoire d’une communauté regroupée autour de poches d’eau, le liquide étant devenu extrêmement rare pour l’humanité. Avec un scénario dystopique, l’artiste fait passer le message de la valeur de cette ressource dans les villes.

H20 Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Armée de jouets

Dans ces deux rangées de playmobil à taille humaine – qui rappelle celles des soldats en terre cuite de Xian- , Jean-Samuel Halifi nous fait nous questionner sur notre place et notre singularité dans la société. Il traite ici de l’homogénéisation qui passe à travers nos codes sociaux et pousse l’individu à gommer ses originalités. L’une des deux rangées est colorée tandis que l’autre est majoritairement grise, nous invitant à nous positionner dans chacune.

Jean-Samuel Halifi, Playmobil, Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Aka Fenx 1974

Né au milieu des années 70, Loïc Floch aka Fenx retranscrit dans son travail une narration, avec un passé émotionnel, culturel et iconographique, souvent issu des subcultures émergentes. Son style est facilement reconnaissable, autant dans le graphisme que les couleurs utilisées. Lors de ces tableaux en 2019, le contexte social est propice avec les manifestations des Gilets Jaunes le week­-end et les rassemblements Black Lives Matter en Californie. L’artiste interroge sur ce qui diffère réellement entre le manifestant et le représentant de l’ordre.
En général, les aspirations et le niveau de vie sont généralement les mêmes, où seul le côté de la barrière, et l’uniforme, les distingue.

Fenx1974 Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Thisrty Bstrd

Artiste multidisciplinaire et autodidacte, Thisrty Bstrd vit et travaille à Paris. Inspiré par l’art contemporain et la pop culture, son travail explore un regard critique sur les questions sociales et culturelles. Grâce à l’utilisation d’outils, d’art urbain, il cherche à créer des œuvres drôles en tournant en dérision de puissants symboles.

Son travail lui a permis d’être exposé dans des galeries d’art à New-York ou Singapour, en faisant partie de prestigieuses collections d’art privées.

ThirsyBstrd Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Jojo Le petit prince

Né en 1991, Jojo le petit prince vit et travaille à Paris. De son vrai nom Jonas Raffet, il se met à peindre jeune en proposant des créations psychédéliques à travers des monstres. A travers eux, l’artiste retranscrit des relations humaines réelles ou fantasmées, et forme dans chaque tableau une mise en scène animant ses créations. Ses tableaux dégagent une certaine mélancolie, avec un isolement qui reflète l’exercice solitaire de la peinture et son quotidien urbain, souvent comme un passant seul parmi la foule.

Jojo le petit prince. Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Alias Enfant précoce

Né au Cameroun en 1989, Francis Essoua alias Enfant précoce découvre l’art auprès de son oncle Malam Essoua, sculpteur, dont la vie libre d’artiste l’inspire. Il commence à peindre en 2013 des toiles mêlant corps, membres, têtes d’animaux et masques africains, le tout dans des couleurs très vives et flashy. Comme dans un conte pour enfant, ses personnages animent un mythe, où l’enfant découvre un univers féerique et imaginaire.

Enfant précoce, Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

Une dynamique participative

Avec ce nouvel éclairage de la vitalité de l’art urbain, cette première édition à à découvrir jusqu’au 18 février 2023 réussit à être aussi bien accessible aux adultes comme aux enfants, chacun pouvant se familiariser en le pratiquant sur une grande fresque collaborative guidé par Graffiti Paris ou dans un atelier de dessin au posca (marqueur emblématique du street art), pour un moment ludique et divertissant.

Nathanaël Koffi a fait un live painting pendant deux jours sur la Surfaceuse’ de la patinoire graffé Urbain de Paname, St Ouen Photo Baptiste Le Guay

#Baptiste Le Guay