Voyages

La Roseraie de Provins nous ouvre ses secrets

Auteur : Robert Mauss
Article publié le 30 avril 2021

En plein centre de Provins, capitale historique de la rose française, s’étend un vaste territoire entièrement consacré à la reine des fleurs. Singulars vous invite à arpenter les allées de la Roseraie en compagnie de Bruno Clergeot, le maitre des lieux.   

Au début fut l’églantier.

Plante injustement méprisée, même insultée sous l’appellation de rosier des chiens. Une plante simple et robuste avec une jolie corolle entourée de cinq gros pétales, protégée par des épines redoutables qui sans doute lui valent d’être ainsi écartée des jardins ou des herbiers.
Et puis vint la Rose, la reine des fleurs, fruit d’un églantier et d’un jardinier inconnu, qui vivait en Perse mais plus probablement en Chine, voilà cinq mille ans.
Gloire à ce bienfaiteur de l’Humanité, amoureux de la beauté naturelle. Avec le temps, la Rose est devenue multiple. Elle a acquis de nouvelles couleurs, du blanc au quasi noir en passant par le jaune, le mauve, le rouge et bien entendu par toutes les tendances de roses. Ces merveilles sont créées par des botanistes d’un genre bien particulier : les obtenteurs. Il faudra un jour écrire l’histoire de ces scientifiques méconnus dont les œuvres nous réjouissent chaque jour. Bruno Clergeot n’appartient pas cette minuscule maçonnerie. Lui n’hybride pas, ne transforme pas, ne phosphore pas non plus sur des couleurs spéciales. Non Bruno taille, aménage, plante, entretient et magnifie.

Un parc de trois hectares

Un parc de trois hectares, dessiné par Bruno Clergeot

Du lundi matin au dimanche soir, Bruno Clergeot soigne ses roses, exclusivement avec des produits naturels. Il faut dire que le boulot ne manque pas : le jardin de notre nouvel ami s’étend sur plus de trois hectares en plein cœur de la ville de Provins ! On peine à imaginer que pendant des décennies, le terrain était occupé par un pépiniériste, tombé en faillite. Le terrain est resté en friche plus de dix ans. Après avoir racheté le terrain en 2007, Bruno Clergeot a travaillé plus d’un an pour ouvrir la Roseraie, et même trois années pour que son jardin prenne l’aspect qu’elle a aujourd’hui.
Le visiteur peut au fil d’allées à l’anglaise admirer dès le mois d’avril près de sept cents variétés différentes présentées dans des ilots, un peu comme des écrins. Une sorte d’exploit qui vaut à la Roseraie de Provins de mériter le label officiel de « Jardin Remarquable » accordé à seulement 433 jardins en France, DOM-TOM inclus par le Ministère de la Culture. La Roseraie attire (en temps normal) près de 35 000 visiteurs par an. « Je préfère les roses au caractère rustique. De plus elles résistent mieux aux maladies que les variétés récentes » explique notre jardinier, le sécateur à la main, toujours prêt à tailler une bouture mal placée. Ses fleurs préférées sont la Chartreuse de Parme, pour son parfum puissant et ses couleurs rose et parme, ainsi que la Yolande d’Aragon, dont les grandes fleurs  rose vif deviennent pourpres avec la floraison.

La première des roses

La Rose de Provins ou Rosa Gallica

Ville classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco, Provins devait honorer la fleur parmi les fleurs, ses corolles embaumées et ses pétales délicats. Car apprenez le chers lecteurs, Provins est la capitale historique de la Rose en France, et même voyons large, en Europe. En 1240, le comte Thibaut de Champagne rapporte de croisade des roses dites de Damas. Il les plante et les fleurs prospèrent sous le climat de l’actuelle Seine et Marne. C’est ainsi qu’est née la Rose de Provins ou Rosa Gallica.
Bruno Clergeot n’est pas tout à fait aussi affirmatif sur la primauté historique de la bouture locale. Les Romains connaissaient les roses. Mais sans doute les avait-on oubliées et il faut rendre grâce à Sa Seigneurie le comte d’avoir eu une âme aussi bucolique.  =Les moines des grandes abbayes ont pris le relais des comtes de Champagne pour diffuser la fleur. Ils ont découvert la vertu médicinale des pétales que l’on retrouve séchés et moulus jusque dans les pharmacopées des célèbres Hospices de Beaune en Bourgogne. « Il faut dire qu’il s’agit d’une plante facile, insiste Bruno Clergeot. Elle résiste bien aux variations de température. »

Du parfum à la glace

La Roseraie de Provins DR

Et puis, quoi de plus gracieux qu’une fleur épanouie en haut d’une tige bien droite ? Sans parler du parfum des roses dites anciennes qui réjouit nos sens. D’ailleurs, Bruno a la ferme intention d’installer des ruches aptes à produire un miel embaumé jusqu’au délice. Il a bien pensé produire de l’huile essentielle ou de l’eau de rose, mais pour produire un misérable litre d’essence naturelle, il faut planter un hectare de fleurs ! Alors La Roseraie se contente de proposer une glace à la rose, à peine sucrée, crémeuse à souhait, et parfumée juste comme il faut, ni trop pour ne pas écœurer, ni trop peu pour satisfaire les gastronomes, servie dans un salon de thé. Et puis, si après la visite vous ne pouvez plus vous passer de roses, la Roseraie propose un choix de rosiers considérable à des tarifs très raisonnables.

Informations pratiques sur la Roseraie de Provins

www.laroseraiedeprovins.net
www.provins.net

Adresse : 11 Rue des Prés, 77160 Provins
Téléphone : 01 60 58 05 78
Ouvert tous les jours du 1er mai au 11 novembre, de 10h à 19h30
Les autres mois de 10h à 18h

La boutique et le salon de thé sont en libre accès

Tarifs :

  • Printemps / été : 7€
  • Automne / hiver : 4,5€

Pass valable 1 an, donne droit à la visite des jardins du Provinois
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