Wolinski, l’anar de la Bande à Charlie à Matignon (Galerie Huberty et Breyne)

Wolinski avenue Matignon ! au 36 pour être précis à la Galerie Huberty et Breyne jusqu’au 26 octobre 2024 aurait surement fait hurler de rire le dessinateur de Charlie Hebdo ! Justement, les dessins de l’anar toujours aussi caustiques ont rendu Patrice Gree nostalgique de la Bande à Charlie des 70’s : Wolinski bien sûr, Reiser évidemment et Cavanna en tête de pont. Mais qu’est-ce qu’ils nous ont fait rire ces gens-là… et au-delà, réfléchir en soulevant un bout du tapis de l’immense connerie humaine.

 

Wolinski à la galerie Galerie Huberty Breyne Photo DR

Dans la Bande à Charlie, celle des années 70, trois sortaient du gros lot !

Une tête de pont qui me fit sortir du rang. Cavanna, c’est d’abord une gueule sculptée à la Vercingétorix, puis une voix un peu voilée, mal assurée, des pulls beaucoup trop grands, et un sourire de printemps au premier jour d’un grand et plein soleil… c’était l’homme de ma vie d’ado ! Ses éditoriaux dans Charlie-Hebdo n’ont pas changé ma vie, mais ils ont changé la perception que j’avais du monde dans lequel nous vivions. Son style embarquait une pensée libertaire dans laquelle, peu doctrinal, il ne se laissait jamais enfermer ! C’était ça qui était formidable et rare !

Le pudique rital, sur le papier, foutait à poil ses contradictions – donc un peu des nôtres aussi -, aucune posture, pourtant dans ses aveux de faiblesses, aux détours d’une colère sur la connerie humaine.

Wolinski à la galerie Galerie Huberty Breyne Photo Patrice Gree

Cavanna, comme d’autres se spécialisent dans la construction des ponts, c’était spécialisé dans la déconstruction du con…

C’est en orfèvre qu’il te décortiquait menu le con dans toute sa splendeur, le con rayonnant dans son amour béât de lui-même ! Mais Cavanna c’était un style littéraire, aussi et peut-être et d’abord ! Un style viril qu’il mit au service d’une sensibilité extrême. Sa haine de la Tauromachie en témoigne !

Et puis il y avait Reiser…

Celui se foutait de tous et tout, dans un mélange de cruauté jouissive et de tendresse inavouée. L’humour du trait chez Reiser effaçait la noirceur du propos – chez Wolinski , non,  il mettait en scène des imbéciles et ça lui suffisait -,  le suicide du Gros Dégueulasse atteignit le niveau d’une tragédie grecque…Extraordinaire Reiser !

Wolinski, l’anar du quartier chic

Celui mourut sous les balles des fous d’un Dieu qui n’existe pas, comme son père, lui aussi assassiné, lorsqu’il avait 2 ans ! Wolinski, l’anar qui bossait pour l’Huma, aimait Castro et le confort bourgeois du 6ème arrondissement ! Wolinski, le tendre obsédé sexuel qui jouait de ses contradictions, avec l’habilité d’un jongleur de cirque et l’intelligence du clown !

Mais qu’est-ce qu’ils nous ont fait rire ces gens-là… et au-delà, réfléchir en soulevant un bout du tapis de l’immense connerie humaine.

Wolinski à la galerie Galerie Huberty Breyne Photo DR

Et bien, au 36 avenue Matignon dans le 8ème, dans les quartiers chics – que c’est déprimant un quartier chic – Wolin expose une petite partie de son énorme production sur plusieurs décennies. Enfin, petite partie, c’est relatif… l’expo est assez grande et très belle !

Wolinski à la galerie Galerie Huberty Breyne Photo Patrice Gree

Mains dans les poches, tu t’y balades la banane aux lèvres…

Tu redécouvres des dessins oubliés, d’autres inconnus qui te font marrer ! C’est gratos… mais pas les dessins originaux entre 4 et 5000 euros !
Sacré Wolinski !

Patrice Gree