Culture

30 ans : Éric Le Sage, Emmanuel Pahud et Paul Meyer & friends à Salon-de-Provence

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 26 juillet 2023

Dans leur tour d’ivoire les interprètes Classique ? Depuis plus de 30 ans, une bande de musiciens menée par ses fondateurs Éric Le Sage, Emmanuel Pahud et Paul Meyer se réunissent au Château de l’Empéri et alentours pour faire du Festival international de musique de chambre de Salon de Provence, un creuset collaboratif unique :  entre auberge espagnole (pour la vie collective) et cocktail d’affinités électives, pour les 23 concerts très éclectiques de cette 31e édition jusqu’au 4 aout 2023. Le trio de directeurs artistiques aux solides carrières internationales attire autour d’eux plus d’une quarantaine de musiciens, tous instruments et répertoires confondus pour de véritables « bœufs » passionnés et passionnants.

De l’hacienda provençale à l’auberge espagnole

Emmanuel Pahud, Éric Le Sage, et Paul Meyer, fondateur et DA du Festival international de musique de chambre de Salon de Provence Photo DR

Depuis les premières éditions, le groupe d’amis se retrouve chaque été avec familles, instruments, et partitions dans une grande hacienda en pleine campagne aux alentours de Salon de Provence pour deux semaines de musique et de vie collectives. L’ambiance est conviviale et familiale surtout après les concerts où de vastes tables réussissent tout le monde. Ceux qui viennent de jouer comme ceux qui se préparent pour le lendemain. Il n’est pas rare que certains s’éclipsent le temps d’ un concert aux Festivals d’alentours (La Roque d’Anthéron par exemple).

Au fil des ans, « l’auberge espagnole » revendiquée comme projet collectif garde sa dynamique : les musiciens acceptant le jeu de la communauté intègrent la résidence, avec les suggestions d’œuvres qui seront répétées sur place.

Il ne faut pas se fier aux apparences décontractées

L’acoustique de la cour Château de l’Empéri à Salon-de-Provence fut révélée par le trio fondateur Photo DR

Si les fondateurs Éric Le Sage, Emmanuel Pahud et Paul Meyer ont fait de ce rendez-vous, un creuset d’expériences partagées et un laboratoire de travail de musique de chambre uniques en France (sauf peut-être le Festival de Pâques de Deauville), c’est autant pour le joie de faire de la musique ensemble que le désir de composer des programmes en fonction des curiosités du groupe.
Le résultat de cet esprit d’ouverture renouvelle les formats et les musiques à chaque concert qu’ aucun programmateur n’oserait prendre dans une saison normale. Année après année, le public les suit pour des soirées mémorables au Chateau de l’Empéri, au coeur de Salon de Provence, et aussi dans quelques lieux choisis comme la Chapelle de l’Abbaye de Sainte Croix, l’Eglise Saint Michel ou le Temple du Portail Coucou.

Chaque année, on se dit que c’est la dernière. Pour mieux se retrouver l’année suivante, avec un nouveau challenge, poursuivre une musique qui sort du mainstream. Après tout, on a commencé avec trois concerts… Au bout de trente et un ans, on en fait vingt-trois.
Eric Le Sage, co-directeur artistique de Festival de Musique de chambre à Salon de Provence, à Singular’s

Un phalanstère d’amis et d’adoubés

Cet esprit de groupe ouvert sur les autres et tous les répertoires constitue l’identité du Festival.  Pour réussir cette fête communautaire estival, la troupe est à géométrie variable, aux moments de répétitions matinales quotidiennes et tout le long des concerts, en matinée ou le soir : la musique de chambre se définit ici comme dit joliment Eric Le Sage «  tout ce qu’il y a entre l’orchestre et le soliste. »

La bienveillance et la curiosité nourrissent ce travail collaboratif qui cherche moins à décloisonner les publics, qu’à créer de (nouvelles) passerelles entre les genres. Pour tenir cette dynamique d’ouverture, Eric, Paul et Emmanuel ne s’enferment plus dans une thématique, ou fil rouge des concerts. Chaque concert a sa cohérence, ses cartes blanches aussi pour laisser le soliste surprendre tout le monde ! le pianiste et compositeur Albert Guinovart, le 31 juillet, ou la violoncelliste Astrig Siranossian, l’harpiste Anaëlle Touret, le 3 aout, l’altiste Gareth Lubbe, le 3 aout.

Cette liberté qui fait la part belle aux propositions des musiciens leur permet de laisser court à leur imagination à chaque concert, et aux opportunités selon les anciens partenaires disponibles (comme Franck Bradley, Michel Portal, Olivier Latry) ou les nouveaux impétrants – jeunes (Bianca et Luka Faulisi, Liya Petrova) ou déjà confirmés (Nicolas Herrouët, Simon Iachemet).

Une programmation stimulante comme un liste à la Prévert

Si la programmation a tout d’ une liste à la Prévert, elle est surtout d’une diversité et d’une originalité rares, à même de séduire et surprendre tous les publics. Avec des solistes de premier plan !

Dans un même concert (le 2 aout), Brahms (Sérénade n°1 op.11 à 10 musiciens côtoie Bruch 4 des 8 pièces en trio, Schulhoff Concertino en trio et la Sonatine de Pierre Sancan en duo retranscrite pour harpe er clarinette ! Le 3, le concert propose deux Quintettes signées de Prokofiev op39, et de Verdi en mi, et deux Sextuor de Flament et de Dohnanyi, …

Le « Gran Final » du 5 aout associe Granados, Farrenc, Debussy et Spohr ! Qui ose mieux ? Chaque concert réserve sa surprise, des créations, Un Carnaval d’Albert Guinovart en écho avec au mythique Carnaval des Animaux de Saint Saëns !  ou des passerelles, Hayden & Friends, où le saxophoniste et compositeur néo zélandais Hayden Chisholm joue en quatuor avec des solistes classiques…

Avec une telle envie de se surprendre, on comprend qu’après 30 ans, notre trio a toutes les motivations et les atouts (ils sont rejoints par des musiciens qui n’étaient pas nés à la création du Festival Musique à l’Empéri) pour se projeter avec un format d’avenir.

#Olivier Olgan

Pour aller plus loin

Du 28 juillet au 5 août 2023 Festival international de musique de chambre de Salon de Provence.
Château de l’Empéri. Salon-de-Provence. Tél. :04 78 47 87 56

Partager

Articles similaires

Le carnet de lecture d’Anne Cangelosi, comédienne, Le Radeau de la Méduse

Voir l'article

Une leçon avec Chopin transcende Pascal Amoyel (Théâtre du Ranelagh)

Voir l'article

Le carnet de Lecture de Caroline Rainette, auteure et comédienne, Alice Guy, Mademoiselle Cinéma

Voir l'article

Trois questions à Pascal Amoyel sur Chopin, La leçon de piano de Chopin (Ranelagh)

Voir l'article