Trois pépites sur Netflix : Logan Lucky, Les 7 de Chicago, Le Jeu de la dame
Film : Logan Lucky, de Steven Soderbergh (2017)
avec Channing Tatum, Adam Driver, Daniel Craig et toute une série de savoureux seconds rôles.
Cette sensationnelle comédie policière à mi-chemin entre le cinéma des frères Coen et celui de Quentin Tarantino est signée Steven Soderbergh (“Sexe, mensonges et vidéo”, “Hors d’atteinte”, la série des “Ocean eleven”, “Traffic” … ).
Passée inaperçue à sa sortie, elle est pourtant d’une drôlerie avérée, dotée d’un casting aux petits oignons, et vous fera passer une excellente soirée de confinement.
Coté casting. En tête de gondole Channing Tatum, habitué des rôles “décalés” que ce soit dans le diptyque “21 & 22 Jump Street” encore dans un autre diptyque “Magic Mike” déjà réalisé par Steven Soderbergh & “Magic Mike XXL”. Suivent Adam Driver (Star Wars) qui prouve qu’il peut tout jouer tout en étant manchot et surtout Daniel Craig totalement à contre-emploi parvient -et ce n’est pas rien à nous faire complètement oublié- 007 (qui n’est pas prêt de sortir sur les écrans).
Autour d’un casse improbable organisé par trois branquignols, le traitement concocté par Soderbergh ce soit au travers des caractères des personnages, des dialogues ou encore des situations est inénarrable. L’écriture est soignée et chaque gag, au travers d’un bon mot ou d’une scène comme toute bonne comédie arrive à point nommé. Je rajouterai pour la fine bouche qu’à l’orchestre officie David Holmes grand DJ, mixeur funky et fin connaisseur des grooves qui tuent.
Calisto Dobson
Les 7 de Chicago, d’ Aaron Sorkin, (2020)
avec Yahya Abdul-Mateen II, Sacha Baron Cohen, Joseph Gordon-Levitt, Mark Rylance, Frank Langella et Michael Keaton
Pour vous préparer aux élections américaines, suivez la remarquable reconstruction du procès biaisé infligé aux meneurs de la manifestation anti-guerre au Vietnam en marge de la convention démocrate de 1968 à Chicago.
Le film d’Aaron Sorkin (A la Maison-Blanche, The Newsroom) y brosse un portrait de l’Amérique mordant et passionnant, et surtout déja très fragmenté.
Il faut se laisser entrainer dans cette fresque historique,, certes de plus de 2h mais d’une brulante actualité. Pour au moins bonnes deux raisons : la qualité de la reconstitution pétrie de désillusions et d’utopies étouffées (voir les enjeux de 1969), et la pertinence d’un casting qui ne cesse de surprendre.
Avec le talent de scénariste qu’on lui connait, Sorkin sait poser les enjeux de la confrontation tout aussi politique qu’idéologique, les factures entre les protagonistes, hédonistes hippies vs légalistes radicaux, le racisme systémique, les inégalités de traitement et l’absurdité de la procedure judiciaire…
Quant au casting, tous sont convaincants ; de Sacha Baron Cohen en anarchiste provocateur à Frank Langella en juge raciste et intolérant, en passant par les réparties d’Abbie Hoffman ou la pugnacité de Mark Rylance en avocat de la défense.
Dans la veine d’un Capra, le miroir tendu à l’Amérique est sans caricature ni facilité , mais il ne peut être neutre. Certains y trouveront sa limite, mais le pamphlet est engagé pour sauver la démocratie représentative.
OOlgan
Mini série : Le jeu de la dame (The Queen’s Gambit), créée par Scott Frank et Allan Scott (2020)
avec Anya Taylor-Joy, Bill Camp, Marielle Heller.
Même ceux qui ne connaissant rien aux échecs se passionneront pour le parcours d’une prodige des échecs dans l’Amérique des années 1960.
Le récit de Scott Frank, scénariste nominé aux Oscars pour Hors d’atteinte et Logan est hélas fictionnel puisque le titre de « grand maître féminin » n’ a été créé qu’en 1976. La première femme à obtenir le titre fut Susan Polgar en 1991… Une jolie illustration des préjugés dont on affublait trop les femmes.
Bien plus qu’une mini série sur les échecs, dont l’exigence et la fascination addictive qu’ils créent relancent le récit, ce pitch succinct résume l’enjeu de la série et les difficultés pour une femme même prodige de sortir du carcan puritain et consumériste d’ « housewife »… Le jeu d’échecs trace un puissant creuset dramatique.
Entouré d’un joli casting de ‘sparing partners’ masculins qui ne cesse d’être balayé par la vitalité de l’héroïne, l’intérêt se nourrit de la remarquable ductibilité d’ Anya Taylor-Joy (vue dans Peaky Blinders), qui réussit à faire de l’échiquier un véritable champs de combat et de quête identitaires. …
Sans oublier, le coup de patte géopolitique pour un jeu que les Russes considéraient comme un territoire définitivement acquis. Mais tous ces enjeux étaient avant Deep Blue, avant que l’IA relègue les échecs an rang de la marelle…
OOlgan