Auteur : Anne-Sophie Barreau
Article publié le 15 février 2023.

[Pour un design éthique] « Les choses trop belles doivent être préservées, si c’est cassé, nous allons réparer » : les paroles de Je t’aime tant d’Elli et Jacno collent à la promesse des Réparables, l’atelier de réparation textile créé par Blandine Barré. En plus d’une offre durable qui fait spontanément écho aux préoccupations des consommateurs, l’entreprise joue la carte du digital pour démocratiser la réparation, étape et tremplin nécessaires pour une mode éthique. Depuis sa création en 2020, à l’image d’un marché du vêtement de seconde main, elle est en pleine croissance, constate Anne-Sophie Barreau. Et vous, vous avez des vêtements à réparer ? 

La réparation au service d’un nouveau mode de consommation

Blandine Barré, créatrice engagée des ateliers des Réparables Photo Amandine Vignal

Il en va de celles de la mode comme de toute entreprise : si l’alchimie entre offre et demande est indispensable au succès, quelque savant adjuvant est souvent aussi de la partie. La preuve avec Réparables, atelier de réparation textile installé en Vendée.

En lieu et place d’une fast fashion entrainant dans son sillage une cohorte de dégâts sociaux et environnementaux, Blandine Barré la jeune cheffe d’entreprise, à la fibre militante revendiquée, plaide pour « l’investissement dans une belle pièce », laquelle, le moment venu, pourra donc être confiée à l’atelier qui se chargera de la réparer.

Chaque année, les Français jettent environ 700 000 tonnes de vêtements,
de linge de maison et on compte environ 580 000 tonnes finissant à la poubelle.

Une farouche promotion de la mode éthique

Le vêtement, poursuit celle qui a tôt éprouvé « une sensibilité aux matières et aux coupes » et n’aime rien tant que « les basiques et les intemporels », n’a-t-il en effet pas droit à tous les égards, lui qui « synonyme de l’allure que l’on se donne est comme une seconde peau » ?

Il semble bien que oui : l’atelier, qui réunit une équipe de six personnes, n’a même pas fêté ses trois ans d’existence – l’entreprise a été créée en juillet 2020, autrement dit au sortir du premier confinement ce qui ne manque déjà pas d’audace – qu’il s’apprête à déménager et à tripler sa surface sur le territoire de la commune de Vendée où il est installé. « Il y aura trois parties comme aujourd’hui : l’atelier proprement dit, une zone de stockage, et des bureaux ».

L’atout digital pour deviser la réparation

Les réparables permettent de rapidement deviser la réparation de ses vêtements Photo Amandine Vignal

C’est une véritable « success story » que raconte Blandine Barré. Une réussite où le digital, en l’occurrence un calculateur en ligne, occupe une place de choix. C’est peut-être la première idée de génie des Réparables : « Le principe est simple : grâce au calculateur, le client peut immédiatement deviser la réparation. Libre à lui ensuite de nous envoyer ou pas le vêtement qu’il souhaite faire réparer ». Cette formule, où on ne force la main de personne, a aussitôt fait des adeptes, lesquels n’hésitent pas à glisser des petits mots dans leurs colis.

« Une grand-mère a envoyé le doudou qu’elle souhaitait remettre en cadeau à sa petite-fille enceinte, une femme, le vieux pull de son mari qu’elle s’apprêtait à mettre sous le sapin à Noël ». S’il est autant d’histoires que de vêtements à réparer, toutes disent sa valeur sentimentale : « Un jour, nous avons reçu un sweat qui avait été porté lors d’un voyage de noces en Laponie. On ne compte pas non plus le nombre de vestes de randonnées fétiches… ».

Les marques aussi, telles Faguo, Oxbow, ou encore Decathlon, confient leurs vêtements aux Réparables. Pour elles, point de plateforme digitale mais un partenariat plus classique au terme duquel l’atelier assure leur «  service après vente ».

Un engagement écoresponsable prouvé par A +B

L’autre bonne idée des Réparables, en phase avec le souhait d’une clientèle toujours plus prompte à vérifier que les entreprises disent vrai, est de communiquer abondamment sur ses engagements en matière d’écoresponsabilité. Pédagogie, infographie….tout y est. On apprend notamment que Les Réparables font partie du collectif 1% pour la planète. C’était « une évidence » dit Blandine Barré dont « le mentor » n’est autre qu’Yvon Chouinard, l’alpiniste et emblématique fondateur de Patagonia, initiateur du collectif.
Mais aussi que l’atelier a été labellisé Ruptur en référence aux entreprises qui s’engagent autour du respect des principes, neuf au total, de l’économie bleue. « Certains objectifs, en matière d’inclusion notamment, sont atteints. D’autres, comme l’impact environnemental, sont facilement chiffrables : plus on répare, plus on peut le quantifier. Et nous avons de nombreux sujets dans les tuyaux » se réjouit Blandine Barré.

Grâce aux Réparables, les choses trop belles, assurément, sont préservées.

La rédactrice ici ne peut s’empêcher de confier qu’elle ne se séparerait pour rien au monde d’un caban acheté il y a vingt-cinq ans avec ses premières économies. Il serait peut-être temps de lui donner un coup de neuf en l’envoyant en Vendée !

#Anne-Sophie Barreau