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(Roman graphique) Ma vie de Maman solo, d’ Élodie Laloum et Jennifer Piers (Dunod)

Auteur : Ghyslaine Moreau de Raymeront
Article publié le 15 mai 2023.

Pour ne pas être hors la loi en France, Élodie Laloum se rend en Belgique il y a douze ans pour être mère, envers et contre tout, sans avoir ni mari, ni donneur, ni amoureux.  Elle y réalise une procréation médicalement assistée (PMA) qui réussit. Sa fille Ness née en 2011. Pour laisser une trace à sa fille, l’auteure choisit le roman graphique, Ma vie de Maman solo, signée de Jennifer Piers (Dunod) pour témoigner de son parcours, de ses joies et de ses angoisses. Le but avoué est de faire changer le regard sur la PMA et la monoparentalité et donner du courage à celles qui hésitent sauter le pas vers un bonheur absolu.

Après les tentatives d’adoption, la PMA s’impose Photo Ghyslaine Moreau de Raymeront

Un chemin à deux réussi grâce à la PMA

Les dessins de Jennifer Piers croque avec humour la vie d’Élodie, « mère solo » comme elle se définie elle-même au côté de sa fille Ness, aujourd’hui âgée de douze ans. Née dans une famille juive sépharade par son père et catholique par sa mère, elle a la notion des valeurs très encrées en elle. D’un caractère très trempé, sa vie était toute tracée dans sa tête depuis l’adolescence. Un mari, une famille nombreuse, un travail et pourquoi pas une maison en région parisienne et un chien. Sa vie est paisible et elle a la chance de tomber amoureuse d’un homme avec qui elle reste quelques longues années. Un jour, pour sa plus grande joie, elle apprend qu’elle est enceinte. Mais Élodie est une femme droite, son fiancé n’est pas prêt, elle accepte de se faire avorter. Le temps passe, ils se séparent et la vie reprend son cours.

La difficulté à l’aéroport pour quitter le territoire afin de réaliser son projet PMA Photo Ghyslaine Moreau de Raymeront

La pendule tourne

Elle butine sans retrouver l’amour véritable et l’existence lui donne la chance d’être mère une seconde fois. Honnête avec elle-même, à nouveau, elle ne peut pas garder cet enfant, le père n’étant que de passage dans sa vie. Élodie à cette époque a déjà monté son agence de presse indépendante  Melodik.fr avec réussite et talent. La France gronde et la manifestation totalement contre l’homoparentalité « mariage pour tous » en 2013 bat son plein.
Mais la pendule biologique de notre auteure tourne et ses 35 ans ont sonné. Elle ne rencontre pas l’homme de sa vie et comme un électrochoc elle décide de faire un enfant toute seule. Et le compte à rebours commence.

Toutes démarches administrative est compliquée sans père Photo Ghyslaine Moreau de Raymeront

Un enfant à tout prix

Elodie cherche à adopter, suit le long chemin pour y parvenir. Après des mois d’inquiétude et de démarches, à la dernière séance, l’organisme lui annonce qu’en tant que mère célibataire, sa demande passera après les couples hétérosexuels ou homosexuels et qu’elle ne pourra adopter qu’un enfant de plus de sept ans avec un handicap physique ou mental. La chute est rude et ses quarante ans approchent. Son sang ne fait qu’un tour, sa décision est prise, elle va faire une PMA. En France c’est hors la loi mais pas Belgique ou en Espagne. Avec l’approbation de ses parents et curieusement applaudie par ses deux grands-mères, elle fonce et c’est en Belgique que l’aventure commence. On lui propose des profils caucasiens, africains ou asiatiques. Elle n’hésite pas une seconde.

Le meilleur ami Elodie Laloum ne comprends pas son projet de PMA Photo Ghyslaine Moreau de Raymeront

Parcours d’émotions

Son meilleur ami, son épaule depuis toujours désapprouve sa décision, elle se fâche avec lui mais elle poursuit son objectif. Elle explique tout dans son roman graphique, les embûches, les craintes, les douleurs pour enfin arriver à mener sa grossesse à terme. Seule, elle doit tout mener de front, avec la profonde volonté de rendre sa fille heureuse et équilibrée malgré l’absence de père.

Les jours ne sont pas toujours roses. Que d’angoisses quand une tumeur au cerveau vient s’installer dans son cerveau ! Un stress d’envisager que sa fille pourrait se retrouver aussi sans mère. En témoigne sa bande dessinée, à ce jour, Elodie est guérie, Ness a 12 ans et elle est bien dans sa peau. Élodie a gagné mais quel parcours émotionnel chaotique, difficile, mais aussi empli de joies et de bonheur. L’Amour, le plus beau cadeau de la vie !

Inquiétudes d’une mère Photo Ghyslaine Moreau de Raymeront

Un BD réaliste

On pourrait penser feuilleter un simple album de famille, douze années d’une maman avec sa fille, naissance, école, vacances, famille. Mais sans insister lourdement, elle aborde des sujets importants, les angoisses et les joies d’être mère, d’autant plus mère solo. Elle aborde son souci de ne pas oublier d’exister aussi pour elle, les armes dont elle dispose pour faire face à l’adversité, gérer la solitude et l’indomptable maîtrise du temps, ce temps dont on ne dispose jamais assez. Il faut à la fois être au four et au moulin.

Son livre transcrit aussi la vivacité et la perspicacité des enfants. Il faut faire écouter les enfants, ils sont souvent habités d’une maturité, d’une lucidité, d’une grande force intérieure face aux mystères de la vie, d’une puissance incroyable nourrit sans doute par la confiance qu’on lui donne et l’Amour inconditionnel des siens, pour aller au bout du monde la tête haute.

Un message : Osez

Elodie Laloum et Ness sa fille, un chemin à deux réussi grâce à la PMA Photo DR

L’assistance médicale à la procréation (AMP), auparavant appelée procréation médicalement assistée (PMA), vaste sujet, dont on ne parle pas assez a fait grand bruit et fait descendre les gens dans la rue en France. Elle est autorisée aujourd’hui depuis 2021 bien après la Belgique et l’Espagne. Mais, même la PMA en France devient un parcours du combattant car la liste d’attente est trop longue, il faut parfois attendre des années et ce temps beaucoup ne l’on plus.

Faire un enfant toute seule, devenir mère à tout prix n’est pas fatalement un non-sens, bien au contraire, c’est du bonheur à l’état pure, voilà le message que crie haut et fort Elodie Laloum.

Pour beaucoup de femmes qui n’osent pas, n’ont pas encore osé, Élodie a pris sa plume pour désacraliser un tabou. Il ne faut pas avoir honte de faire une AMP ou PMA, quelle que soit la raison qui vous oblige à faire ce choix. Elodie a attendu l’approbation de sa fille avant de raconter leur histoire.
Son expérience fait office d’exemple

# Ghyslaine Moreau de Raymeront

En savoir plus

Ma vie de maman Solo, Un chemin réussi à deux grâce à la PMA, de Elodie Laloum, illustré par Jennifer Piers. Edition Dunod Graphic

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