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La tenue d’académicienne de Nina Childress porte haut les valeurs du féminisme

Publié par Anne-Sophie Barreau le 8 avril 2025
Croyez-vous que Nina Childress, élue en mars 2024 dans la section de peinture de l’Académie des Beaux-arts, a confié la réalisation de son habit vert à une maison de haute-couture comme la plupart de ses condisciples reçus sous la coupole de l’Institut de France ? Ce serait mal connaître la facétieuse artiste, si peu académique. Celle qui est si prompte à varier sujets et motifs – pinups 50’s, perruques & Tupperware,… a voulu faire de son habit un manifeste féministe.
Le
studio de design inclusif About a Worker était le partenaire tout trouvé, les femmes de la Maison des femmes de Paris achevant de donner sa dimension collective et engagée à cette belle aventure. Anne-Sophie Barreau était présente au dernier essai dans l’atelier collaboratif du projet. Reportage. 

essai d’étoffes de le tenue d’académicienne de Nina Childress x About a worker x Maison des femmes de Paris photo About a worker

Lundi 31 mars : dans l’atelier de Nina Childress aux Lilas

On ajuste, grâce à des doubles en papier, la mise en place des éléments de broderie sur le haut de la tenue – un tailleur veste pantalon – avec laquelle l’artiste fera officiellement son entrée à l’Académie des beaux-arts le 25 juin. Tout le monde est à pied d’œuvre, à commencer par les femmes de la Maison des femmes de Paris, une association qui accompagne depuis les années 80 celles qui reconstruisent leur vie professionnelle. A l’invitation de About a Worker, celles-ci travaillent en effet depuis plusieurs mois à réinterpréter les broderies traditionnelles de feuilles d’olivier dans le cadre d’ateliers de dessin et de collage. Rembobinons.

« Quand j’ai été élue à l’Académie des beaux-arts, j’ai souhaité dès le départ que ma tenue revête une dimension sociale. L’idée d’en faire un manifeste féministe est venue dans la foulée »

L’artiste se tourne alors spontanément vers le studio de design inclusif About a Worker. Et après que Kim Hou, sa fondatrice, a consulté son carnet d’adresses, c’est au tour de la Maison des femmes de Paris de rejoindre l’aventure. Le partenariat est scellé.

La dynamique Nina Childress x About a worker x Maison des femmes de Paris

Le motif de la tenue d’académicienne de Nina Childress x About a worker x Maison des femmes de Paris photo About a worker

Un partenariat autour du dessin des broderies, lesquelles laissent « plus de latitude » précise l’artiste, car la tenue proprement dite, elle, doit « obligatoirement » être dans un tissu bleu ou noir.

« J’ai proposé une gamme de couleurs en référence à celles que j’utilise en peinture. A partir de là, les femmes de l’association ont fait des propositions ».
Nina Childress

A charge ensuite pour la Maison Potensier, spécialisée dans la création de broderies et labellisée « Entreprise du Patrimoine vivant », de reproduire les broderies selon le dernier collage réalisé par les femmes de la Maison des femmes de Paris. Des broderies, en l’occurrence d’un genre particulier : en hommage à l’acrylique phosphorescente affectionnée par l’artiste, celles-ci seront en effet elles-mêmes « phosphorescentes » précise malicieusement Kim Hou. La tenue, quant à elle,  modélisée à Paris mais fabriquée à Roubaix, dans l’atelier de production de About a Worker, est réalisée en tissu de travail par TDV industries, fournisseur historique de la jeune marque.

« Il s’agit d’un coton bio rigide, parfait pour un tailleur, mais qui garde un esprit workwear »
Kim Hou.

Patron de la tenue d’académicienne de Nina Childress photo Anne-Sophie Barreau

Retour au mannequin.

« Pour la partie haute, près du col, nous avons des grosses feuilles, mais plus on descendra, plus les feuilles seront petites.
E
n outre conformément au souhait de Nina, nous travaillons sur une proposition asymétrique ».
Christèle Proust, coordinatrice de l’action Insertion Emploi à la Maison des femmes de Paris

Ce qui « n’est pas si simple » confie-t-elle. Pour autant, rien ne saurait aujourd’hui ternir son enthousiasme. « La proposition de About a Worker correspondait exactement à ce que nous faisons, à ceci près que nous n’avions jamais travaillé avec une académicienne, glisse-t-elle sourire aux lèvres, l’organisation était donc là, nous nous sommes dit on y va, l’expérience a été formidable d’un bout à l’autre ».

Test sur le tenue d’académicienne de Nina Childress x About a worker x Maison des femmes de Paris photo About a worker

Même enthousiasme du côté des participantes

« Je n’avais aucune expérience dans le domaine de la couture, confie Tina Viya, mais maintenant, quand je rentre à la maison, je regarde les tissus, j’étudie leur qualité, et cela me donne des idées pour la suite ». Un témoignage qui fait écho à celui de Nora, absente ce jour-là, mais qui a confié à Christèle Proust que la participation à cet atelier « avait formé son regard ».

« C’est une expérience exceptionnelle de participer à la création du costume de quelqu’un comme Nina, dit Manes Mouldi, qui plus est, un costume comme celui-ci qui porte un message fort ». Sans compter que l’atelier est une inestimable initiation à la création. « Je me débrouille » dit modestement celle qui, dès qu’elle met un pied à l’atelier, est transportée « ailleurs ».

L’atelier de collage de la tenue d’académicienne de Nina Childress x About a worker x Maison des femmes de Paris photo About a worker

« Un atelier comme celui-ci met dans de bonnes dispositions pour trouver du travail. Il m’a donné l’occasion de rencontrer des personnes magnifiques »
Nina Childress est à l’unisson

Nina Childress essaie sa tenue d’académicienne About a worker x Maison des femmes de Paris photo About a worker

Rendez-vous Quai de Conti le 25 juin.

Mais sans éventer de secret, disons déjà qu’en lieu et place de la traditionnelle épée, pas vraiment du goût de l’artiste, une baguette magique remise par l’artiste Jean-Luc Verna, son créateur, viendra « éclairer les olives phosphorescentes de la veste ».
N’oublions pas que Nina Childress voit ce rôle d’académicienne comme un prolongement de sa mission de service public (l’artiste est cheffe d’atelier aux Beaux-arts de Paris depuis 2019 NDLR).
Et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle mettra sa langue dans sa poche fut-elle d’un costume d’académicienne.

« Quand j’ai appris qu’Alexia Fabre n’était pas reconduite à la tête de l’école, j’ai pu témoigner de ce qui se passait à l’Académie des beaux-arts. Il me semblait important de réfléchir à cette situation inédite. Pour la première fois, une personne candidate à sa succession n’était pas reconduite. Or Alexia Fabre a fait du bon travail. Elle a notamment apaisé les choses sur les questions de harcèlement ».

Féministe, vous avez dit féministe ?

Auteur de l'article

Pour suivre Nina Childress

Nina Childress, D.S. 2023 Gillet & cie photo Galerie Nathalie Obadia

le site de Nina Childress

Le site de About a Worker

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