Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 29 janvier 2025

« Le livre n’a pas de date de péremption » En créant My Fair book, Julie Rovero et Patricia Farnier rappellent une évidence :  le livre n’est pas un produit de consommation comme les autres ! Donner une seconde chance à certains livres qui n’ont pas trouvés leur public avant le pilon, c’est prolonger les droits des auteurs à allonger la vie de leurs œuvres et construire une économie circulaire du livre. Pour soutenir cette « biblio diversité », Patricia de Figuieredo salue cet incitateur de curiosités et Singular’s relaie ses conseils de lecture mensuels.

Réduire le pilon

Ce sont les chiffres les plus difficiles à obtenir des éditeurs : le taux de pilon des livres non achetés dont il faut bien se débarrasser, compte tenu des coûts de stockage.
Bien sûr il existe quelques pistes pour limiter le gâchis, solderie, dons aux associations, … les retours réintégrés dans le stock représentent 4,5% et les retours rendus à l’éditeur 1,6%.

La réalité des non-vendus est vertigineuse 

13 % des livres neufs finiraient au pilon, selon les premières extrapolations publiées par le SNE (Syndicat national de l’édition) appuyées sur les années 2021-2022, soit environ en moyenne 25 000 tonnes de livres par an
Précision importante que 100% des ouvrages mis au pilon partent au recyclage, pour du carton ou du papier journal, très marginalement pour la productions d’ouvrages. Sans mentionner le coût énergétique et économique, et une certaine dimension symbolique pour une objet culturel !

Une production éditoriale devenue folle

Julie Rovero et Patricia Farnier, fondatrices de My fair book lauréates de Femmes de culture 2023 photo Femmes de culture

« Pour les auteurs, les éditeurs et leurs lecteurs, c’est un véritable gâchis et une aberration économique et écologique alors même que la responsabilité est au cœur des préoccupations de tous » plaident Julie Rovero et Patricia Farnier.

A l’injonction utopique d’un « yaka moins éditer« , ce qui supposerait la démarche de limiter une logique d’économie d’offre et les (nouveaux) auteurs, la réduction des retours vers les éditeurs constitue des perspectives plus réalistes, par des achats fermes par les libraires, la fabrication à la commande ou la vente directe via la RSE des  entreprises.
Toutes les idées et les services sont bons pour favoriser la lecture et écouler des livres : bibliothèques d’entreprise, cafés littéraires, …

Une vision de l’économie circulaire dans le monde du livre

La création de My Fair book en 2022 une plateforme de vente en ligne lancée en octobre 2022 souhaite s’inscrire dans cette optimisation de la vie des livres neufs et leur éviter le pilon inexorable.

La promesse est simple : donner une seconde chance aux livres souvent étouffée par une offre à la fois pléthorique et assassine pour la plupart des auteurs et des petits éditeurs.

Depuis octobre 2022, la plateforme ne cesse de s’ouvrir à des éditeurs indépendants parmi lesquels on retrouve : Serge Safran, Aux forges de Vulcain, Éditions du Canoë, Métailié, éditions du Gros Caillou…..

My Fair Book offre une seconde chance à des livres destinés au pilon, capture d’écran du site My fair Book

Sélection et visibilité

Chaque livre sléectionné par My Fair Book fait l’obet d’une fiche informée capture du site My fair Book

Pour donner une seconde chance à un livre, il ne s’agit de ne pas tomber dans les travers de la première ! Sélection et visibilité sont les deux dynamiques pour sortir un livre du lot. De nouvelles méthodes s’imposent pour des « objets culturels » désormais sorti de la librairie et abandonnné par la vente en ligne qui ne fonctionne efficacement que pour les auteurs séduisants les algorithmiques.

Cette seconde chance s’appuie sur la sélection d’un comité de lecture comptant une douzaine de membres, journalistes, libraires ou étudiants en édition et une valorisation maximum.

Chaque livre retenu est assortie d’une fiche de lecture personnalisée avec un pitch, des atouts, mais un aussi selon le ‘mood’, évidemment définis par « genre » :   Romans historiques, d’apprentissage, identitaires, graphiques …, mais aussi Absurde / Fantastique, Polars – Espionnage, Récits – Histoires vraies aux Beaux-livres, Société contemporaine à Atmosphère, …

Faire feu de toute suggestion

Chaque mois des thèmes plutôt inventifs sont mis en avant : Quand on arrive en ville, L’Aventure, c’est l’aventure !, Addiction, Sensualité, Tout un Art !, Humour noir, Nature ne peut mentir, Femmes rebelles !, Jeunesse bouleversée, Une histoire d’argent, ….

Afin de vous aiguiller au mieux dans le choix de vos lectures, My Fair Book chronique ses livres et les classe par thèmes qui changent au gré de la sélection.
Laissez-vous guider, en fonction de vos goûts, de vos envies du moment…

Multiplier les incitateurs de curiosité

Des thèmes du mois servent aussi d’incitateurs de curiosité. Le ton général reste engagé contre les stéréotypes,
Comme par exemple pour la thématique « sensualité » : … « en associant « livre » à « sensuel » dans les moteurs de recherche, les résultats s’orientent inévitablement vers la littérature érotique. Et pourtant, il y a une différence évidente : nos personnages prennent du plaisir à toucher une texture, à sentir un parfum ou encore à regarder un paysage »…

Quand on veut sortir le livre du ‘produit de consommation jetable’, il faut non seulement les aimer, mais aussi les respecter.

Singular’s apprécie cette démarche de « biblio-diversité « de ce membre de l’Association pour l’Écologie du Livre, à la fois courageuse et salutaire.
Et nous relaierons périodiquement les coups de cœurs de myfairbook

En savoir plus sur la sélection de janvier 2025 de My Fair Book : Le Répondeur, de Luc Blanvillain (Quidam éditeur), Bamboo song, le plénipotentiaire du vent, de Louis-Ferdinand Desprez (Éditions du Canoë), Taqawan, d’Éric Plamondon (Quidam éditeur) et La Dame au cabriolet, de Guiou & Morales (Serge Safran)

Patricia de Figuieredo