(Derniers jours) Colette, Harriet Backer, Caillebotte, Pollock, Tina Barney, Arte Povera…
Se termine le 12 janvier
Dialogues de Bêtes, de Colette par Elisabeth Chailloux et Lara Suyeux (Lucernaire)
Au Lucernaire jusqu’au 12 janvier 2025, Elisabeth Chailloux et Lara Suyeux ont adapté Dialogues de bêtes, de Colette qui au-delà de croquer « la triste tendresse qui fait battre si vite le cœur des bêtes », illustrent tout ce qui nous en sépare et tout ce qui nous en rapproche. » Mis en scène par Elisabeth Chailloux, Lara Suyeux incarne de façon bluffante, Tobby-chien et Kiki-la-Doucette, stimulée par les dessins en direct de Cyrille Meyer. Une manière très poétique et drôle de s’immerger dans l’œuvre d’une visionnaire de la cause animale et de « la vérité des relations entre les êtres ». Lire plus par Patricia de Figueiredo
Harriet Backer, La musique des couleurs (Orsay)
Peintre méconnue hors des frontières de son pays, la Norvège. Harriet Backer a pourtant été la peintre femme la plus renommée dans son pays à la fin du XIXe siècle. On comprend pourquoi à travers cette somptueuse (et première) rétrospective en France. Son usage de coloris riches et lumineux réalisé une synthèse très personnelle : ses scènes d’intérieur et de la pratique du plein-air, puisant aussi bien son inspiration dans le courant naturaliste que dans les innovations de l’impressionnisme à travers une touche libre et un très grand intérêt porté aux variations de la lumière.
Une peinture du ‘juste milieu’, d’apparence moderne sans complètement l’être, mais qui participe tout de même à un déplacement des manières de produire et de regarder la peinture à la fin du XIXe siècle.
Ce qui fait la modernité de cette peinture, tient aussi à son intérêt pour la musique, un art de sensations. Sa sœur Agathe Backer Grondhal fut une musicienne renommée en Norvège. Si elle la prend pour modèle à ce moment-là, c’est pour faire de ses tableaux des portraits atmosphériques plutôt que des récits narratifs. Rien que cette modernité mérite cette découverte. Pour aller plus loin, le documentaire ArteTV
Six spectacles musicaux qui enchantent les oreilles et les yeux pour prolonger les fêtes
Que se soient les belles machines aux chorégraphies bien huilées aux chorus pléthoriques bien soudés : Hello Dolly ! (> 5 février Lido2), Black Legends (> 2 mars, Bobino Paris), des spectacles décalés bousculant les codes de la musique savante : Come Bach (> 12 janvier, Lucernaire), Le Phoenix de ces dames (>26 janvier, Studio Hebertot) ou les récits-récitals qui éclairent un compositeur à travers sa vie et sa musique : Offenbach & Les Trois empereurs (>9 mars, Poche Montparnasse), Une leçon avec Chopin (> 12 janvier, Ranelagh), Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde (> 2 février, Théâtre Le Funambule), … il y en a pour tous les goûts et surtout toutes les oreilles. Et le plaisir des yeux pour des sorties festives en famille.
Un conseil de Singular’s: ne procrastiner pas trop pour réserver ces spectacles, ils sont très courus. Lire plus par Olivier Olgan
Se termine le 19 janvier
Jackson Pollock : les premières années 1934-1947 (Musée Picasso)
Contrairement au mythe d’une création spontanée des ‘drippings » qui l’ont rendu le héros de l’art moderne américain, Jackson Pollock puise dans les courants de son époque pour ‘précipiter alchimiquement’ son art : le surréalisme français fraichement débarqué en exil , le régionalisme des années 1930, la psychanalyse jungienne, le muralisme mexicain, ….
Les années 1930-1947 sont au cœur de ce parcours de son arrivée à New York à la date généralement retenue pour ses premiers drippings qui dessine une trajectoire en insistant sur le contexte qui a permis à Pollock d’émerger, et sur les figures de passeurs qui l’ont accueilli, soutenu et accompagné. Lire plus par Olivier Olgan
Caillebotte, Peindre les hommes (Orsay)
Le plus méconnu des « impressionnistes » né en 1848 et mort à l’âge de 46 ans mais aussi son principal mécène et collectionneur méritait enfin une rétrospective d’envergure.
Surprise, les chefs d’œuvres assemblés dégagent des perspectives passionnantes : « peintre de la vie moderne », tel que Baudelaire le rêve en 1846, multiples aspects de la « condition masculine », poète méthodique du Paris d’Haussmann, grand observateur du jeu amoureux, héros du yachting, fou de fleurs et de jardins …
Son commissaire Paul Perrin rappelle non seulement qui est Caillebotte, quel est son apport fondamental à la peinture moderne, à l’impressionnisme, sa place dans le mouvement, des questions picturales, formelles, qui sont importantes, mais revendique influencé par les études de genre « un regard nouveau, et notamment sur sa vision de l’identité masculine au XIXe siècle« . Mais aussi « peintre des extrêmes » comme Stéphane Guégan le souligne dans sa remarquable biographie (Hazan) : « Son art oscille entre les extrêmes, sans jamais céder à l’euphorie banale d’un certain impressionnisme ni, à l’inverse, s’abandonner complaisamment au mal-être des années 1880 »
Tina Barney, Family Ties ou le jeu complexe des rituels familiaux (Jeu de Paume)
En même temps que Travelling, hommage à Chantal Akerman, le Jeu de Paume consacre jusqu’au 19 janvier 2025 la plus grande rétrospective européenne aux 40 ans de carrière de Tina Barney. Si la photographe portraitiste américaine ausculte apparemment sans filtre la riche bourgeoisie WASP américaine, à laquelle elle appartient.
Sorte de chronique autobiographie en miroir, « Family Ties » expose de façon extrêmement scénarisée, l’intimité de sa famille théâtralisant les rituels et les codes familiaux qui la rapprochent. Sa technique de connivence fait mouche aussi pour des portraits de personnalités connues ou méconnues. Lire plus par Baptiste Le Guay
Travelling, hommage à Chantal Akerman (Jeu de Paume – Bozar Books)
Pour le 10 anniversaire de sa disparition, Le Jeu de Paume rend hommage à Chantal Akerman (1950-2015) jusqu’au 19 janvier 2025 à travers projections et et archives éclairantes. L’exposition immersive retrace le parcours personnel et les engagements sociétaux de la cinéaste belge à la filmographie riche de 40 courts et longs métrages.
Marta Ponsa, commissaire confie à Singular’s, la portée d’une œuvre qui reste encore singulière et méconnue : « Je fais de l’art avec une femme qui fait de la vaisselle » Lire plus par Baptiste Le Guay
Arte Povera (> 20 janvier, Pinault Collection) vs Pop Forever (> 24 février Fondation Louis Vuitton)
Le Fondation Louis Vuitton s’intéresse au « Pop Forever » qui redéfinit l’objet baptisé par Marcel Duchamp avec les ready mades (Fountain y est présenté) pour faire voir les signes de consommation d’une façon ludique et clinquante avec le gigantisme des constructions d’objets de luxe de Tom Wesselmann.
Le contrepied de la Pinault Collection dédié à l’esthétique de l’Arte Povera est stimulant ! Prélevés dans la nature, les matériaux et les techniques simples créent des installations qui plongent le spectateur au cœur d’une œuvre immersive. Privilégiant les éléments « naturels » et « ruraux » (tels que la terre, les pommes de terre, la salade, l’eau, le charbon, les arbres, les corps vivants d’animaux et d’humains, etc.), « artificiels » et « urbain » (des éléments trouvés dans les quincailleries tels que les plaques d’acier inoxydable, les lingots de plomb, les ampoules électriques, les poutres en bois, les tubes de néon, etc.),…. « leurs œuvres enclenchent des flux d’énergie physique et chimique, voire psychique, en appelant les notions de mémoire et d’émotions pour interpeller les spectateurs”, affirme la commissaire Carolyn Christov-Bakargiev dans le remarquable catalogue.
Se prolongent
les Collections Heinz Berggruen (27 janvier à Orangerie) Borghèse jusqu’au 3 février à Jacquemart André)
Qu’elles que soient les méthodes (pas toujours très catholiques pour le Cardinal Borghèse) ou mélangeant profession et passion pour le galeriste Heinz Berggruen, les chefs d’œuvres accumulées méritent l’intérêt. Surtout que toute collection privée devient un bien public !
Dans les deux cas, les chefs d’œuvres accumulés illustrent le meilleur de leur siècle et tiennent leur promesse d’émerveillements.
La Rédaction de Singular’s