Mécaniques
Attention les yeux ! La réalité augmentée en met plein la vue des automobilistes et des motards
Auteur : Robert Mauss
Article publié le 15 avril 2021
Ne dites plus habitacle, mais poste de conduite. Ou pourquoi pas cockpit ! Les technologies de pointe jusqu’ici dévolues à l’aéronautique apparaissent dans les automobiles, et même dans le casque des motards. Embarquée la réalité augmentée fait défiler des panoplies d’indications et d’informations sur le parebrise ou la visière . Pour ne plus quitter la route des yeux.
Les risques du GPS
Quel automobiliste n’a pas son GPS ? Quasiment toutes les voitures contemporaines, y compris les plus modestes, sont aujourd’hui dotées d’un écran d’aide à la conduite. Quant aux autres, une application sur smartphone fait parfaitement l’affaire. Une voix aussi mélodieuse que possible susurre dans nos oreilles attentives des ‘’à cinq cents mètres à droite’’ ou à gauche, ‘’au rond-point, prendre la troisième sortie’’. Ou ‘’calcul en cours’’ en cas d’erreur. Sauf que voilà, un écran GPS capte l’attention du conducteur.
Si l’œil ne va plus au GPS, le GPS ira à l’œil.
L’automobiliste ne peut pas se retenir de jeter un coup d’œil dessus. L’opération est furtive, rapide, mais tout de même, c’est autant d’occasions de perdre la route de vue, et de multiplier les risques d’accidents.
Depuis déjà une bonne vingtaine d’années, les constructeurs de voitures et les grands équipementiers (Valéo, Bosch…) réfléchissent à des systèmes d’affichage qui projettent des informations devant le conducteur.
Avec deux méthodes : la ‘’tête haute’’ ( ou HUD pour Head Up Display) ou le parebrise intégral, sorte d’ écran à part entière.
Dans les deux cas, ces technologies projettent des informations routières sans qu’à aucun moment l’automobiliste ne quitte la route des yeux. Il profite simplement d’informations utiles à la conduite sans perdre sa concentration.
La complexité de superposer de l’imagerie virtuelle à la réalité
Ce petit miracle profite de la technologie dite de réalité augmentée ou RA. Attention ! Il ne faut pas confondre la RA avec la Réalité Virtuelle qui embarque l’utilisateur dans un autre monde (le plus souvent ludique) et nécessite l’emploi d’un casque spécifique.
Vous rappelez-vous des Pokemon Go , ce jeu qui permet de ‘’collecter’’ des personnages dessinés en pleine rue ? C’est le principe de la RA qui superpose des images virtuelles issues d’une source numérique à la réalité. Il s’agit d’augmenter la réalité avec des informations issues d’une source numérique. Cette technologie est déjà employée par des techniciens pour installer ou maintenir des pièces à travers des lunettes transparentes équipées d’une sorte de petite caméra.
Résoudre des problèmes redoutables pour l’automobile
Il faut capter les images de la route, les traduire en numérique pour les associer à système de navigation guidée par satellite, et surtout les transcrire en images précises sans perturber le champ de vision.
Et en plus, il faut que le système fonctionne le jour comme la nuit, par beau temps comme sous la neige ou par grand brouillard. Ajoutons qu’il faut parfaitement synchroniser le positionnement GPS, le calcul routier, les caméras placées à l’avant du véhicule pour capter les images de la route, avant de mouliner le tout avec un ordinateur dédié pour projeter l’image sur le pare-brise….
N’oublions pas que les images commencent par grossir avant de s’estomper, via un jeu de miroirs et d’écrans LCD. Les Pokemon, c’est beaucoup plus simple.
Seulement 5 modèles équipés de RA
Cette complexité explique que les premières voitures équipées d’une réalité augmentée arrivent seulement sur le marché. On les compte d’ailleurs sur les doigts d’une seule main : une Mercedes Classe A, une Jaguar, deux Volkswagen ID3 et ID4 et avant l’été une Audi, le SUV Q4 e-tron.
La fin des écrans GPS
Du côté des marques françaises et américaines, c’est pour l’instant silence radio. Pour l’instant, car les grands équipementiers (Valéo, Panasonic, Bosch, Continental, etc.) démarrent la vente de systèmes ’’tête haute’’. Saint-Gobain propose aussi des parebrises spéciaux. On peut parier sans risque que ces solutions auront bientôt remplacé nos écrans GPS. Pour Jaguar, les ingénieurs de la startup anglaise Envisics ont planché sur le concept de parebrise à 360° qui ‘’invisibilise’’ les montants de la voiture et prévient le conducteur si un piéton traverse la rue ou de la libération d’une place de parking à proximité. Le prestigieux constructeur a déjà équipé quinze mille véhicules.
La moto et le GPS ne font pas forcément bon ménage.
Mais pour l’instant qui c’est les plus forts ? Les plus costauds ? Les plus en avance ? Oui ! vous avez deviné. Cocorico !!! Les cracks du genre sont français, toulousains précisément. Normal : la startup EyeLights est due à un fan d’aviation, Romain Duflot, un ingénieur de 30 ans passé chez Airbus et Dassault et motard convaincu. Un regard même furtif sur l’écran fixé au guidon peut tourner à la catastrophe. Romain a réussi à transposer les technologies de l’aviation à la moto. Autrement dit adapter les solutions de vision électroniques des pilotes de chasse aux besoins des rampants à deux roues.
EyeLights a ainsi collaboré avec une société israélienne à l’origine des casques pour les pilotes de F16 et de F35. Evidemment, les missions ne sont pas tout à fait les mêmes. Les pilotes n’ont pas besoin de connaitre les limitations de vitesse, les passages à niveau ou l’emplacement du prochain feu rouge. De leur côté, les motards sauf James Bond, peuvent se dispenser des systèmes d’armements et de tirs de missiles.
Une réussite française, EyeRide
Baptisé EyeRide, le système se présente comme une petite visière placée devant l’œil droit du pilote. Le système s’adapte à la plupart des casques du commerce, avec ou sans visière, y compris pour les porteurs de lunettes. Il est relié en Bluetooth à n’importe quel GPS ou smartphone. En option, le motard peut acquérir un système audio, avec un micro et des écouteurs. Et c’est parti !
EyeRide adapte les informations produites par le GPS. Le motard garde en permanence les yeux sur la route. Il voit s’afficher les informations essentielles : vitesse, direction et signalisation comme si elles étaient à deux mètres devant lui. L’affaire est redoutable d’un point de vue technologique. La startup emploie un bataillon d’ingénieurs et de spécialistes de l’optique. La première version d’EyeRide a été lancée en 2017.
Selon Romain Duflot, elle a trouvé 10 000 acquéreurs dans le monde. Aujourd’hui l’entreprise démarre la commercialisation de sa deuxième solution, qui profite d’une cartographie sensiblement améliorée, avec une télécommande Bluetooth qui se fixe au guidon de sa moto à la manière des clignotants ou des lumières. Elle permet d’un clic, de régler le volume, de prendre un appel ou de lancer la navigation.
Confinement oblige, le journaliste de Singulars n’a pas pu tester cette solution, mais il n’attend que ça pour vous donner son avis !
Informations pratiques
Le site du Système Eye Ride
- infos : customercare@eye-lights.com
- Distribution : réseaux Motoblouz , Dafy Moto et Maxxess
Tarifs
- EyeRide HUD Moto : affichage tête haute – GPS – Intercom – Accessoires de montage – Écouteurs plats et microphone-
kit mains libres et Intercom. 400 € - EyeRide HUD Moto + Télécommande Bluetooth 5.0 : GPS – Écouteurs plats et microphone : kit mains libres & Intercom – Accessoires de montage. 500 €.
- Moyennant un supplément de 300€, l’utilisateur peut choisir la couleur de son système : argent, rouge, bleu nuit ou or.
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