Gastronomie
Avec Tentationnel, Christophe Duhamel conjugue éthique et plaisir
Auteur : Régine Glass
Article publié le 5 mai 2020
Il fallait à Christophe Duhamel un nouveau défi mêlant plaisir et nutrition. Après le succès de Marmiton où il revendique la diversité gastronomique pour tous, l’entrepreneur s’associe à Mélanie Notari pour développer une offre d’épicerie sélective et gourmande au nom sans équivoque : Tentationnel.fr. Derrière la promesse de l’inoubliable, Singulars a rencontré un épicurien du plaisir gustatif.
Bien se nourrir et bien s’informer.
Il y a des rencontres qui transcendent une interview tant les valeurs évoquées au cours de l’échange peuvent être partagées de part et d’autre du micro. Celles de Christophe Duhamel qui ne cesse de donner du sens à ses entreprises correspondent aussi au projet éditorial de Singulars : sortir de l’obésité, qu’elle soit alimentaire ou informationnelle, privilégier l’éthique à travers une meilleure cohérence de ses actes quotidiens : bien se nourrir et bien s’informer.
L’exigence de Christophe Duhamel fait la part belle à l’émotion gustative et intègre le plaisir collectif du partage. Après le succès de Marmiton, celui qui se revendique comme « un épicurien au sens premier » nous présente Tentationnel.fr, sa nouvelle aventure gourmande engagée avec . il déniche à chaque saison de nouveaux producteurs de talents et crée une communauté de ressources.
Comment êtes-vous passé d’un site mainstream comme Marmiton à Tentationnel ?
Je vous dirais simplement que Marmiton a débuté tout petit avant de rencontrer un succès d’audience incroyable et de devenir une très belle marque média. Mais j’avais besoin de renouveau et je n’aime pas faire deux fois la même chose. D’autre part, je reste convaincu par ce micro-concept car pour grandir, il faut commencer par être petit et bien faire les choses.
Je préfère bien faire à petite échelle, ensuite je me demande comment grandir ? Je ne me prends pas pour le roi du pétrole. D’ailleurs c’est l’esprit Marmiton : on est parti d’une idée, ce n’était pas une boîte ni même un projet au départ… On a fabriqué le concept et cela a grandi naturellement sans en faire trop, cette philosophie nous a servi. Nos concurrents ont voulu voir grand dès le départ et ont pris des voies plus compliquées que nous. Il n’y a que quand on est bon dans son périmètre que l’on peut commencer à voir un peu plus large.
Pourquoi une micro-épicerie pour offrir « l’inoubliable » que vous annoncez ?
Pour au moins deux raisons sur lesquelles nous sommes en phase avec Mélanie : la prudence et la volonté d’excellence.
L’excellence, car nous voulons nous concentrer sur des produits d’exception et nos capacités financières sont réduites pour le lancement. Le nombre de références grossira quand nous aurons plus de moyens. Aujourd’hui toutes les rentrées sont réinvesties dans l’achat de produits. Nous avons, mon associée et moi, un travail en parallèle. C’est la même prudence qui avait permis le démarrage de Marmiton sans lever de fonds ni prendre de risques.
Nous ne souhaitons pas devenir un énième site d’épicerie fine où l’on trouve tous types de produits sans faire de réelle différence et s’appuyer sur la « longue traine » comme tout le monde le fait dans ce secteur. Nous souhaitons dénicher des produits rares avec des qualités gustatives réellement exceptionnelles qui enchantent nos clients. Notre promesse est de proposer un émerveillement expérientiel. Nous voulons des produits exceptionnels pour des sensations exceptionnelles. Aujourd’hui, nous référençons 25 produits mais demain nous n’irons pas forcément au-delà d’un maximum 40 produits, ce qui est de surcroit cohérent avec notre taille.
Quels objectifs de développement vous êtes vous fixés ?
Très raisonnable car nous sommes petits. Un chiffre d’affaires de 25 000 € pour une première année serait bien. Encore une fois, l’ambition n’est pas de refaire un Marmiton mais de faire quelque chose de raisonnable, en plus sophistiqué et plus exigeant aussi. On réfléchit étape par étape.
Votre site rompt avec les codes habituels de l’épicerie par sa sobriété et un côté volontairement épuré. Mais au-delà des fiches produits avec des prix raisonnables, l’accent est clairement mis sur des producteurs comme Le Moulin de la Veysssière pour les huiles, Pekocko pour les sauces, dont vous signez des portraits attachants. Recherchez-vous d’abord des produits ou des artisans ?
Je dirais d’abord les produits. Or souvent les produits d’exception sont le fait de gens d’exception, mais je ne privilégierai pas l’aspect humain car je reste sur la promesse produit pour le client Car je suis convaincu qu’en alimentation il faut se concentrer sur le plaisir du produit. Mélanie est plus partagée que moi : pour elle l’aspect humain est très important. Mais on finit toujours par tomber d’accord.
Tentationnel peut-il devenir une boussole fiable pour épicuriens ?
En effet, je me sentirais extrêmement fier et utile si on atteignait ce degré de reconnaissance. Mais le snobisme n’est pas mon truc. Ce qui m’intéresse, c’est de m’adresser à des amoureux du goût et ne pas décevoir les connaisseurs. Ces objectifs sont très stimulants. Si on compare notre concept à des enseignes comme Colette ou La Grande Epicerie, on aura réussi notre pari.
Un dernier mot pour mieux vous connaitre sur le « fooding » ?
Je ne suis pas trop fan du terme. Pour moi, la gastronomie, c’est l’art de bien manger et de trouver des endroits intéressants pour bien manger.
Il faut se méfier des concepts marketing ou trop sophistiqués où l’on passe plus de temps à comprendre ce qu’il y a dans l’assiette qu’à se concentrer sur le plaisir en bouche. Mais je n’ai pas d’a priori sur le prix : ce peut être un excellent bo bun, des Ramen ou un couscous. Ce que j’aime, c’est être satisfait du prix que je paie pour ce que je consomme, c’est la bonne expérience et le plaisir retiré dans la bonne mesure des choses.
Un indice sera le dessert, qui pour moi est un moment de pure régression enfantine et là on est vite très déçu, c’est pour cela que je ne me définis pas comme un foodista. Je reste plutôt fidèle à des restaurants où je sais que les produits sont travaillés correctement et où je ne risque que de bonnes surprises ! Alors qu‘un foodista va essayer tout ce qui est nouveau.
Au regard des valeurs partagées, Singulars suivra le développement et les sélections du site d’épicerie fine tant nous sommes convaincus qu’il faut plus que jamais se concentrer sur le savoir-faire d’artisans capable d’assurer la pérennité de bons produits.
Aussi permettez-nous de détourner la citation de Sacha Guitry : « Je résiste à tout, sauf à Tentationnel »
La sélection de Singular’s sur le site Tentationnel.fr
Ce qui fait l’originalité de Tentationnel.fr, c’est sa gamme volontairement limitée à 24 références commentées par deux fondateurs, loin du bling bling.
Idéalement, pour bien sortir du confinement, la rubrique « En cuisine » donne les clés pour des recettes de base (‘bien cuire’ : ‘les pâtes’, ‘les légumes’,…) ou plus élaborées : ‘omelettes aux oignons‘, ‘carpaccio de betterave mimosa’, ‘souris d’agneau confite au miel et romarin‘….
Vous trouverez aussi quatre producteurs – artisans aux histoires envoutantes, référencées chacune pour des spécialités uniques :
- Le Moulin de la Veyssière: pour les huiles de noix, de noisettes, d’amande,…
- Oialla: pour ces tablette de chocolat : lait 46%, noir 72%, 78%, 100%
- La Maison Boutarin: pour ces ails blancs et noirs
- Pekocko: pour ses sauces barbecue ou piquante
Coté Produits, la sélection est drastique :
- Huiles : les trois huiles vierges emblématiques du Moulin de la Veyssière, fabriquées de manière artisanale depuis 1857 dans le Périgord blanc.
- Chocolat: le fabuleux Oialla à 72% grâce à la fève sauvage Beniano.
- Condiments: la sauce Diablement Divine de Pekocko avec les deux piments les plus forts du monde : le Carolina Reaper et le Trinidad Moruga Scorpion.
- Vins & alcool: le vin de cerise sur lie Fréderiksdal (notamment pour l’usage qu’en fait Anne Sophie Pic en sucré ou en salé)
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