Culture
Beaux-Livres : L’arbre dans la peinture, de Zenon Mezinski (Citadelles Mazenod)
Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 19 janvier 2019
Le constat est plutôt paradoxal. Malgré son omniprésence comme motif essentiel de notre environnement visuel, « l’arbre est, selon Zénon Mezinski, auteur de ‘L’arbre dans la peinture‘, le grand absent de l’histoire du paysage dans l’art. » Et de préciser une stimulante invitation « En la traversant avec une régularité sans faille, le motif de l’arbre garde en lui a trace des tentatives et des tâtonnements des artistes les plus novateurs. »
Le récit très érudit comble un vide, celui de « la fabrique de l’arbre » dans nos représentations. Le prisme, de surcroît original, est celui de l’identification de l’artiste à son modèle, car « il nous livre un témoignage inédit en conservant une véritable ‘mémoire’ du travail d’après nature. Dessiner un arbre nécessite le plus souvent de sortir de l’atelier et donc aussi s’affranchir des règles. »
Ainsi, le langage pictural ne cesse de se renouveler, depuis l’art antique jusqu’à celui du XXIe siècle. Car « autour de ce motif de l’arbre, c’est l’affirmation d’une autonomie du travail de l’artiste, avec sa différence et son originalité qui se joue. (…) Le paysage devient le lieu de l’introspection et l’arbre un motif d’identification pour l’artiste. »
Avec force d’illustrations, de Taddeo Gaddi à Matisse, de Giotto à Hockney, de Rembrandt à Mondrian, Zénon Mezinski montre comment l’arbre passe d’une dimension décorative : « un objet prêt à peindre » … à la fonction symbolique qui : « annonce par sa seule présence, celle de la nature même. » N’ayant de cesse d’informer et d’élaborer notre propre conception du monde, les artistes sont des vigiles et des éclaireurs. Ils offrent une médiation stimulante pour le « regardeur » : « la prise de conscience de l’importance du patrimoine arboré qui se poursuit aujourd’hui trouve ses racines dans ces artistes pionniers qui, portefeuille sous les bras, ont les premiers interrogés le mystère de l’arbre.»
A la différence près que le retour à la nature – des artistes et des regardeurs – ne vise plus un espace à découvrir ou dompter, mais à comprendre et à considérer. Un livre éclairant sur les représentations qui s’imposent de l’arbre.