Culture

Le carnet de lecture de Diane Peylin, romancière, Le Bal.

Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 23 avril
 2021

Le Bal (éditions Héloïse d’Ormesson) est le sixième roman de Diane Peylin. Cette auteure aime partir de petits riens pour en faire de belles histoires. La chaleur d’un été, le bruit d’un ruisseau et des grillons…. Mais derrière ces détails pointent des sujets plus forts comme la renaissance à la maladie, au désamour, aux incompréhensions entre générations. Elle partage son temps dans des ateliers d’écriture. Son carnet de lecture témoigne de sa sensibilité à fleur de plume. 

Le Bal, Un roman de renaissances intime

C’est en mémoire des bals du 14 juillet qu’elle a vécu en Ardèche que l’idée du livre a surgi. Les bals de la mère en 1964, du fils en 1991 et de la petite fille en 2018 servent de fil rouge à la narration. C’est aussi l’histoire d’une rémission, sujet qui la touche personnellement.

Robin se remet doucement d’un cancer aux côtés de sa femme, sa fille et sa mère dans la douceur de l’été. Comme un peintre pointilliste, la romancière décrit par petites touches les non-dits et les ambiances avant que n’éclatent les sentiments et ressentiments trop longtemps enfouis…. remplacés par de petits gestes de bonheur; ici l’amour au quotidien reprend vie.
Le roman sent la pluie d’été dans la chaleur douce d’un été dans une villa familiale en Ardèche. Nous plonge dans le premier bal de Jeanne et de ses émois, alors qu’au même moment ses parents retrouvent les élans charnels de leur jeunesse.. Avec une écriture lumineuse où fleurit l’espoir et les bonheurs simples.

Ecrire, une aventure physique et sensorielle

« Toutes ces images et sensations étaient une matière. Ma matière. C’est là que j’ai rencontré l’écriture. Dans ce corps-à-corps avec la vie. Je me suis nourrie. Et j’ai su que cette nourriture-là serait mon essentiel. » Diane Peylin vit et partage l’écriture comme une aventure physique et sensorielle. L’auteure revendique aussi « d’être une voleuse d’histoires. Je suis une gourmande, une impatiente, une rêveuse, une tête de mule, une survivante, une distraite, une passionnée. Je suis une conteuse. Brodeuse. De mots. Parce que j’ai besoin des lettres pour décrire le froissement d’une peau. »

Pour Diane Peylin, écrire, c’est tout simplement respirer. Photo © Charlene Boirie

Plusieurs sujets de prédilection traversent son œuvre : la mer, l’été, le transgénérationnel et ce dernier est encore une fois très présent dans son dernier roman. Nous sommes uniques, avec notre caractère, nos envies, nos rêves mais nous sommes aussi faits de tous les êtres qui nous entourent et de tous ceux qui nous ont précédés. Et, avec cet héritage, il est parfois difficile de trouver sa place et de se réaliser. »

Le lâcher-prise dans l’écriture 

Remarquée pour son premier roman A l’endroit où elles naissent « publié, car j’en ai écrit deux qui ne l’ont pas été » précise l’auteure de Même les pêcheurs ont le mal de mer. Elle se consacre depuis doublement à l’écriture : pour vivre. « Écrire, c’est tout simplement respirer. glisse-t-elle dans son portrait sur son site. Où que j’aille, où que je sois, j’éponge tout ce qui me touche, me frôle, me noie. »
Mais pour transmettre aux autres dans des Ateliers d’écriture qu’elle distille à des adultes et adolescents : « J’aime ses échanges et ses contacts où je mets en avant le lâcher-prise dans l’écriture. »

Carnet de lecture de Diane Peylin

Parler de mes lectures, ce n’est pas évident pour moi, je les vis comme je vis l’écriture, de manière sensorielle et émotionnelle. Difficile pour moi de faire de l’analyse, de trouver les arguments, la bonne formule pour vous parler de mes coups de cœur.
Mais je suis curieuse d’essayer de poser quelques mots pour eux, pour ceux, qui m’ont tant apporté.

La conjuration des imbéciles, de John Kennedy Toole.

Ma rencontre avec la lecture. C’est ce livre qui m’a incitée à en dévorer d’autres. J’ai aimé Ignatus, ce personnage grossier, grotesque et hors-norme. J’ai aimé cet humour noir, ces portraits grandioses, cette plume incisive. Les descriptions sont savoureuses, les aventures rocambolesques, le style magnifique ! Il y a tant de choses indescriptibles dans ce livre. Il faut, tout simplement, le lire !

L’amour au temps du Cholera, de Gabriel Garcia Marquez

Un des plus beaux romans d’amour que j’ai pu lire. Fermina et Florentino m’ont bouleversée. Plus de cinquante années pour se retrouver enfin. C’est le mot  »destin » qui me vient à l’esprit quand je pense à ce roman avec sa fatalité et sa puissance. Dans ce livre, l’existence humaine est là, tout entière. On la sent qui palpite à chaque chapitre, avec autant de beauté que de malheur. Sans oublier l’univers extraordinaire de Garcia Marquez et son réalisme magique. C’est un conteur exceptionnel. Monumental. Ses phrases sont des cadeaux précieux que l’on voudrait toujours garder avec soi.

Et avec lui je pense à d’autres auteurs magiciens qui m’émerveillent : Boris Vian, Mathias Malzieu, Isabel Allende, Laurent Gaudé, Alessandro Baricco, Toni Morrison.

Une maison d’édition ? La Contre allée

J’ai découvert cette maison d’édition grâce au texte puissant d’Amandine Dhée, La femme brouillon, récit tranchant sur la maternité. Le style de cette autrice (incisif, poétique, engagée) m’a transportée et j’ai ensuite découvert d’autres de ces livres : Et puis ça fait bête d’être triste en maillot de bain et A mains nues. Bluffée à chaque fois ! Alors, depuis, je picore des livres dans cette maison d’édition qui m’inspire.
Le dernier : Rouge pute, de Perrine Le Querrec qui a recueilli des témoignages de femmes victimes de violences conjugales pour en faire des poèmes. Une claque !

Et puis, en vrac,

parce qu’il y en a tellement des livres importants :

1984 de George Orwell,
Tandis que j’agonise de William Faulkner,
Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé,
Matin brun de Franck Pavloff,
Le Dahlia noir de James Ellroy

Pour retrouver Diane Peylin

son site officiel 
et celui de ses Ateliers d’écriture

Je ne connais pas tous les mots. 
J’aime les pages blanches car tout est encore possible. 
J’aime les phrases sans verbe et les verbes sans phrase. 
Je raconte des vies, des cœurs, des terres et des lumières.
Je suis une voleuse d’histoires. 
Voler. Oui, c’est ça, j’ai des ailes et je vole…

                                               Diane Peylin

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