Culture

Collection philatélie : Le timbre dans l’aventure de l’Aéropostale

Auteur : Pierre d’Ornano
Article publié le 27 février 2018 à 19 h 58 min – Mis à jour le 22 mai 2018 à 11 h 12 min

Les premiers timbres de la poste aérienne de France datent de 1927 avec l’ouverture des lignes Toulouse-Dakar, Europe-Amérique du Sud et, plus tard, vers l’Indochine. L’expert Gilles Pilatte s’intéresse des émissions postérieures à 1927, qui peuvent constituer la base d’une belle collection…

Dans les années 1930 pour accompagner l’expansion d’Air France, nouvelle compagnie nationale fondée le 7 octobre 1933, qui se déploie vers des destinations reculées, l’administration des postes va émettre des timbres avec de fortes valeurs faciales. En 1936, une série de 7 timbres voit le jour. Ils représentent un avion, le Caudron C500 Simoun (ou plus exactement sa version imaginaire), survolant Paris, et transportant du courrier à destination de l’Atlantique sud.

La série de base de 1936 est constituée de six timbres « Avion survolant Paris », affichant des valeurs faciales de 85c, 1F50, 2F25, 2F50, 3F et 3F50. Les plus petites valeurs servaient à faire l’appoint précis, le complément d’affranchissement en fonction du poids de la lettre ou du colis postal. « Cette série est vendue en boutique 135 euros pour une qualité parfaite » précise Gilles Pilatte.

Le mythique 50 francs vert…

« Le timbre phare de la série, qui fut tiré à 118 000 exemplaires, est le 50 francs vert (n° PA 14 du catalogue Yvert & Tellier). Une représentation sortie de l’imagination du dessinateur, absolument pas réaliste. L’avion qui ressemble d’assez loin au Caudron C500, n’a pas de dérive (ce qui le rend impropre au vol) et est pourvu d’une queue de baleine, ce qui lui valut d’être appelé par les journalistes la « baleine volante ».

… Vendu entre 200 et 2000 euros, selon son état

Le prix catalogue de ce timbre, sa cote, atteint 2000 euros, « mais les boutiques spécialisées vendent en général sous la cote affichée » précise Gilles Pilatte. Le timbre présenté ci-dessus est exposé à 950 euros dans sa boutique. « Ce prix se justifie par la qualité exceptionnelle du timbre. La gomme est intacte, les dents sont parfaites », justifie l’expert en philatélie qui ajoute qu’on peut en trouver à 200 euros, pour des exemplaires abîmés ou oblitérés. « C’est un timbre mythique, à avoir dans une collection. Mais son prix le rend inaccessible pour la plupart des collectionneurs » reconnait-il. Entre les timbres exposés dans les musées, ceux qui ont été perdus depuis 1936 ou ceux qui dorment dans des collections privées il doit rester quelques milliers seulement d’exemplaires du 50 francs vert en circulation. Une hausse spéculative de la valeur est donc possible.

Gilles Pilatte dans sa boutique de la rue Drouot, à Paris. Photo © Pierre d’Ornano

Quand les graveurs déjouent les faussaires

Notons, que les faussaires ne se sont pas privés de falsifier ce timbre en transformant ceux de la série à 85c (émis à 2,4 millions d’exemplaires) … Alors comment reconnaître le faux du vrai ? Explications de Gilles Pilatte : « La technique a consisté à prendre un timbre authentique de « 85c », à faire disparaître en la grattant l’inscription « 85c » et en repeignant à la place « 50F ». Ce timbre falsifié vaut en fait 5 euros. Mais un détail permet aux spécialistes de ne pas se faire prendre… « En observant attentivement les fenêtres de l’avion du 50 francs vert authentique, on aperçoit une fenêtre blanche dessinée sous les deux fenêtres. Le graveur avait ainsi anticipé en faisant cette différence pour les faussaires. »

Le beau burelé de 50 francs, infalsifiable

La plus forte valeur faciale de cette série atteignait donc 50 francs. Les américains l’appellent d’ailleurs le « banknote ». A titre indicatif, exprimée en euros, en tenant compte de l’inflation, cette valeur faciale ressortirait aujourd’hui à 34,74 euros. Une somme rondelette qui incita l’administration de la poste, à l’époque, à le réémettre dans une version infalsifiable (1) afin de décourager les contrefacteurs. Un procédé sécurisé, le burelage, fut proposé par Pierre Gaston Stalins de l’Institut de Gravure, sis à l’époque boulevard Brune à Paris. Ce sont les lignes ondulées roses qui apparaissent sur l’ensemble du timbre (ci-dessous), d’où son nom « Le burelé » que lui colla la presse. Certains collectionneurs le considèrent comme le plus beau timbre français. C’est en tous cas une valeur sûre, à laquelle s’ajoute la qualité du dessin et de la gravure exécutés par Pierre Gandon, même si la beauté n’est pas, en philatélie, un critère de valorisation.

(1) Un timbre d’une valeur de 100 francs a aussi été imprimé, sans être mis en circulation. La valeur des quelques exemplaires encore disponibles atteint les 15000 euros.

Avion survolant Paris, « Le burelé », émis à 210 000 exemplaires, mis en vente de 10 juillet 1936. France Air 15 ; 725 euros. Couleur rose et outremer. Imprimé à 25 timbres/feuille.

Soulignons que les timbres trouvés sur lettres peuvent être intéressants pour les grosses valeurs. « A condition, précise Gilles Pilatte, que la lettre soit entière, avec son arrière, les oblitérations et la destination sachant que plus elle est lointaine ou exotique, plus la valeur augmente. »

Informations pratiques

Philatelie Pilatte Stamps
Adresse: 16 Rue Drouot 75009 Paris (FRANCE)
Tel: +33 (0)1 40 22 91 61

Informations pratiques

Philatelie Pilatte Stamps
Adresse: 16 Rue Drouot 75009 Paris (FRANCE)
Tel: +33 (0)1 40 22 91 61

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