Culture

Du graffiti à l'atelier, David Bruce brouille les cadres de la nature morte

Auteur : Baptiste Le Guay
Article publié le 14 octobre 2022

Conseillé par Quai 36, Singulars poursuit ses rencontres avec les artistes de l’Urban Week. Que ce soit à l’extérieur ou en atelier sur toile, David Bruce bouscule avec gourmandise les codes traditionnels de la « nature morte », en déclinant ses objets fétiches quotidiens, la banane, le ballon de basket et la balle de tennis dans quatre ou cinq couleurs plutôt tranchantes. Une manière pour l’artiste venu du graffiti d’affirmer un style propre immédiatement identifiable. Singulars l’a interviewé sur son parcours, ses inspirations et ses projets à venir.

David Bruce devant sa toile, crédit Photo bruceontherocks Instagram

Que représente l’invitation à l’Urban Week La Défense ?

David Bruce : Je n’ai pas l’habitude de participer à ce genre d’évènement, je travaille surtout en atelier et pas devant un public. C’est intéressant de rencontrer des jeunes comme un public plus âgé. Puis on est à la Défense donc il y a les personnes qui travaillent dans les bureaux, c’est un mélange de population et je ne suis pas habitué à peindre dans ce genre de contexte.

C’est une continuité de peindre dehors,
ça a toujours été présent et le plaisir est toujours le même.

David Bruce devant son œuvre à Urban Week La Défense, Photo Julie Montel

Quelles sont vos inspirations dans votre travail ?

Je peins beaucoup de bananes, de ballons de basket, c’est des objets avec lesquels j’ai grandi, des objets de tous les jours. On a tous des bananes ou des clémentines chez-soi sur sa table, ou un ballon de basket dans le fond du jardin ou dans le garage. Ce sont des objets qui parlent à tout le monde.

David Bruce. Nature morte (sur toile), 2019 Photo Kolly Gallery

Qu’est-ce qui vous intéresse dans vos variations d’objets quotidiens récurrents ?

La couleur me plaît dans ces objets, que ce soit le jaune ou l’orange. Le basket j’y ai joué étant plus jeune et même l’objet en tant que tel, je le trouve super beau. Je pourrais avoir un ballon chez moi neuf juste pour décorer.
La balle de tennis c’est plus pour la couleur, j’utilise quatre ou cinq couleurs tranchantes dans mes pièces. Il y a aussi deux catégories sportives avec le sport collectif pour le basket et l’individuelle avec le tennis. Il n’y a pas de symbolique particulier, c’est juste une association de couleurs et d’objets qui reviennent souvent pour moi, c’est pictural. J’aime bien les formes simples, je ne dessine pas de visages, mon dessin est très minimaliste à réaliser.

Votre processus de création artistique s’appuie sur des genres plutôt classique, de la nature morte au paysage ?

Il y a toujours la volonté de créer un paysage, une nature morte, il y a une perspective même si elle est fausse. Il y a souvent un premier et un deuxième plan, un horizon au fond. Même si le dessin est plat, j’essaye d’y mettre une petite perspective.

David Bruce. Basket summer camp 2021 Photo Kolly Gallery

Vous avez fait des T-shirts pour Nike, qu’est-ce que ça symbolise de créer pour une marque aussi iconique dans le sport et le street wear ?

J’ai grandi avec la NBA et Nike était évidemment super présent dans cet univers du basket-ball. On a tous une paire de Nike au pied. J’ai trouvé la collab avec la marque chouette car tout le monde a la référence et connaît ce symbole (la fameuse virgule Nike), j’étais content qu’on me propose de travailler avec eux.
Il y a quelque chose de populaire dans mon travail, ça peut-être sur un T-shirt, une toile ou un mur. Je viens du graffiti et j’ai toujours été dans la répétition, je peux faire une pièce quarante fois, un peu comme des stickers. Il faut qu’il y ait un côté reconnaissable. C’est ma manière de procéder, j’aime répéter ce que je fais, peut-importe le support sur lequel je travaille.

L’atelier de David Bruce Photo Kolly Gallery

Sur quel support travaillez-vous le plus justement ?

Je travaille plus sur toile dans mon atelier. Le fait d’être ici à la Défense pour l’Urban Week, c’est un peu nouveau avec du monde, je suis plus planqué dans mon atelier normalement. Je peins encore dehors, des trains de temps en temps, de manière illégale. C’est un truc que j’ai toujours fait étant jeune et j’ai besoin d’en refaire parfois. On est dans une génération qui a beaucoup continué à peindre en avançant dans l’âge alors que certains se sont arrêtés. C’est une continuité de peindre dehors, ça a toujours été présent chez moi et le plaisir est toujours le même, c’est pour ça que je continue à y aller.

David Bruce. Confined Banana Photo Supercollect.be

Natif de Paris, pourquoi êtes-vous installé en Belgique ?

Oui je vis à Liège en Belgique depuis 4 ans et j’ai été six ans à Berlin avant ça. A la base je suis parisien. Je suis parti en Allemagne grâce à une rencontre et j’avais envie de partir de Paris donc ça tombait bien. La Belgique j’avais envie de voir autre chose, comme Berlin est très à l’Est en Allemagne, donc assez loin des autres pays européens. La Belgique c’est plus central, c’est plus simple qu’à Paris pour trouver des lieux afin de travailler. La vie est moins chère et on peut trouver des ateliers plus facilement.

A Paris il y a beaucoup de gens créatifs et de production artistique, mais c’est important de bouger pour pouvoir montrer son travail ailleurs. Le fait d’avoir beaucoup d’artistes au même endroit dans une petite ville, ça créé une émulsion. On se connaît tous, on peut partager nos projets et voir ce que nos amis font de leur côté.

Vases en céramique créés par David Bruce, Photo bruceontherocks Instagram

Quels sont vos prochains projets ?

Oui j’ai un projet avec une galerie d’Amsterdam où je prépare deux foires. L’une est à La Haye et l’autre à Miami début décembre.

Il y aussi la galerie Kolly basée à Zurich où je vais repartir exposer fin octobre. La majorité des projets sont sur toile mais je fais un peu de céramique comme des vases notamment.

Propos recueillis au cours de l’Urban Week de septembre 2022

Pour suivre David Bruce

David Bruce. Paliss’art Liège rue de l’Official

Partager

Articles similaires

Le Carnet de Lecture d’Aurélien Lehmann, tap dancer

Voir l'article

Le carnet de lecture de Sabine André-Donnot, plasticienne

Voir l'article

Le carnet de lecture de Lila Hajosi, cheffe de l’ensemble Irini

Voir l'article

Le carnet de lecture de Guillaume Nédellec, photographe

Voir l'article