Accorder le vin et la peinture, telle est le credo assumé d’Erick Delille. Le peintre-vigneron issu du Domaine de Terrebrune à Bandol expose ses tableaux jusqu’au 10 avril au restaurant Chouette de Stéphane Gatumel dans le 19e parisien. Chaque toile est accordée avec un cru qui suit les conseils du site Vin Convivialité. Cette occasion d’interpréter un terroir permet aussi pour Cécile d’Orville de déguster une carte assumée bistronomique.

Erick Dellile, Un village ardéchois qui se marie avec Les Helviens photo Cécile d’Orville

Né dans le vin et peintre par passion

Son père, Georges Delille, a été longtemps sommelier au Crillon puis dans les arts de la table à Limoges. Il s’expatriât alors à Madagascar et vendit à ses compatriotes de la porcelaine.
À la naissance de ses deux fils, la famille devient dans le Sud à Bandol, c’est là que Georges achète une vieille bâtisse et des vignes. Il crée le domaine des Terres Brunes, que gère aujourd’hui le frère d’Erick.
Si ce dernier s’est d’abord formé à la gestion et à l’informatique, il a aussi travaillé dans les vignes. Désormais, il est représentant pour de belles maisons de vins.

Erick Delille, L’Hérétique du Mas des Chimères photo Cécile d’Orville

Le potentiel de la peinture acrylique

La peinture lui vient par sa fille en 2008, elle l’entraine à faire une activité commune. Il découvre la peinture acrylique pure, sans eau, même s’il peignait avant, cette matière le séduit.
Visuellement, à la différence de la peinture à l’huile mais le séchage est plus rapide, sans odeurs, permet de travailler à l’extérieur rapidement et de revenir sur la toile.

Associer la complexité d’ un tableau à un vin, une interaction naturelle

Erick Delille, vigneron peintre, l’art pour une meilleur perception du vin photo DR

« L’art doit être lié à des messages, moi j’essaye de faire passer un message sur le vin, le terroir. Je choisis d’abord le vin, puis le dessin me vient, les couleurs s’harmonisent avec le lieu (…)
L’objet de l’un et de l’autre est essentiellement le plaisir. La complexité de ces deux domaines est très grande et ne cesse de croitre en même temps que leur valeur. La multiplicité des points communs entre ces 2 sujet mérite qu’on s’intéresse à leur interaction »
Erick Delille

Les accords « Terroirs du Sud » 6 vins en 6 tableaux

Sciaccarellu 2021 bio Domaine de Granajolo, un vin corse qui évoque « le soleil associé au granite confère du fruite aux rouges du Maquis corse ». Une toile lumineuse où le soleil domine.

La Lanterne rouge 2021 nature, Clos Fantine  : « Le schiste produit à Faugères des rouges fins et complexes, moyennant une démarche nature qui limite les rendements. » La toile dégage une clarté, on ressent la chaleur, la couleur de la terre.

L’Hérétique 2021 du Mas des Chimères : « Les hautes terres colorées du Languedoc apportent aux rouges une fraîcheur surprenante qui contraste avec la puissance des vins des plaines. » Une toile où le vert domine et où le chemin semble danser, la folie n’est pas loin.

Les Helviens bio 2017 du Mas d’Intras : « La tradition préservée dans les montagnes d’Ardèche est à l’origine de rouges gourmands ressemblant aux anciens vins du Rhône voisin. » Le tableau fait la part belle au village, à la vie à la campagne.

Grand Guilhem Angels 2019 nature : « On trouve encore dans le Sud languedocien, perdu dans la nature, des vignes centenaires qui donnent des grands rouges. » La nature indomptée, plus sauvage.

La Chrétienne Bandol 2020. « De l’association entre la Méditerranée et le mourvèdre, résultent des rouges de caractère impressionnants, à la fois frais et puissants. » Un sentiment d’éternité face à des vignes centenaires.

Chouette, un restaurant de vin et de bistronomie

Le patron Stéphane Gatumel de Chouette devant la toile de Erick Delille photo Cécile d’Orville

A quelques pas du métro. Jourdain, Chouette se trouve dans une petite rue tranquille. Un décor clair, un bar et des bouteilles en décoration montrent les préférences du patron. Stéphane Gatumel, nous l’avions connu au Pot de Vins dans le 1^er arrondissement de Paris.
Avant il avait parcouru quelques continents et pays : L’Australie, les États-Unis, la Nouvelle Calédonie avant de revenir à Paris. Il tombe malade pendant le Covid et est contraint d’arrêter de travailler.
Puis reprenant du poil de la bête, il décide, avec un associé, de s’installer dans ce restaurant de taille modeste pour faire des nouilles (Flying Noddles) qu’il a transformé depuis peu en restaurant plus classique.

Pad Thaï façon Stéphane Gatumel, Chouette photo Cécile d’Orville

Une carte décomplexée typiquement bistronomique

Même si Stéphane aime travailler les produits locaux, de saisons, la carte s’inspire aussi de ses voyages et expériences à l’étranger. Cela donne une salade de boudin basque aux pommes, un velouté de champignons châtaignes et huile de truffes bien réconfortant, un pad thaï végétarien au curry vert sinon une belle pièce du boucher gouteuse et tendre.
Le petit pot de crème au chocolat termine un excellent repas pour un très bon rapport qualité prix.

Côte quilles, une tendance pour les vins bio et nature comme le beaujolais blanc de Descombes en 2022 ou le vin corse Sciaccarellu du domaine de Granajolo accordé avec la toile d’Erik Dellile.

#Cécile d’Orville