Festival Musical et littéraire : 13e Notes d’automne (Le Perreux-sur-Marne)

du 11 au 14 septembre 21, Grand Théatre des bords de Marne, 2, rue de la Prairie, Le-Perreux-sur-Marne
Réservations : 01 43 24 54 28

Depuis plus de 15 ans, Pascal Amoyel promeut la fusion de la littérature, du théâtre et de la musique dans des spectacles originaux (de Cziffra à Beethoven). Le festival qu’il a crée est devenu un véritable creuset et laboratoire de cette forme ambitieuse et ouverte. Avec ses 9 concerts du 11 au 14 novembre, le directeur artistique et pianiste revendique par cette 13e édition de Notes d’automne que plus que jamais La poésie sauvera le monde. Interview d’un artiste engagé dans la Cité.

Pourquoi la jolie utopie de Jean-Pierre Simon La poésie sauvera le monde. convient-elle à cette 13e édition du Festival Notes d’automne?

Mathieu Kassovitz et Pascal Amoyel font vivre les mots de Jean-Pierre Siméon La poésie sauvera le monde, le 12 novembre

Ces mots de Jean-Pierre Siméon résonnent en effet cette année de manière bien singulière, et se déclinent comme la thématique symbolique de la 13e édition du Festival Notes d’automne.

Si une société oublie le poème, la musique, l’art en général, véritables concentrés d’humanité et de fraternité, c’est qu’elle s’est s’oubliée elle-même. L’art est une sorte de rapatriement à la source de ce que l’on est. Il envisage un autre regard. Comme l’écrivait Eluard: « oui il y a un autre monde, mais il est dans ce monde ».

L’art est au fond un « extraordinaire accélérateur de la conscience », et c’est pour cela qu’il se fait tantôt révolte lorsque la liberté est brimée, rêve quand la réalité est trop difficile à vivre, lumière lorsque certaines peurs se révèlent être des illusions. Il est un outil pour que le monde prenne conscience de lui-même, se sortant de l’oubli du réel et de la léthargie routinière, un aimant de découverte de la beauté foudroyante du brin d’herbe foulé sous son pied. Et aussi celui de la découverte de l’autre, dont on réalise alors soudainement que les différences sont issues du même terreau que le nôtre.

9 concerts fusion des genres

Emmanuelle Bertrand et Gilles Chabrier restituent dans son jus musical 24h de la vie d’une femme de Zweig, le 13 novembre

Durant ce 13e Festival, les spectacles aux noms évocateurs associent les plus grands chefs d’œuvre musicaux aux plus belles pages littéraires de l’humanité, enchantés par de magnifiques musiciens et comédiens qui souvent se lancent sans filet dans cette fusion des arts :  Don Quichotte de Cervantes sur des musiques d’Albéniz, Scarlatti, … et danse de Karine Gonzalez (le 11), l’Ode à la Joie de Beethoven transcrite par Lizst et la poésie de Schiller par Philippe Cassard (voir Carnet) et Jérome Kircher, récitant (le 12), La poésie sauvera le monde, avec Pascal Amoyel (Carnet) et Mathieu Kassovitz (le 12), Poèmes romantiques, avec François Salque, violoncelle, Yves Henry, piano et Alain Pochet, récitant (le 13), 24 heures de la vie d’une femme de Zweig avec Emmanuelle Bertrand et le comédien Gilles Chabrier et l’Ensemble SyLF sur une mise en scène de Laurent Fréchuret (le 13), Les Cathédrales avec les Suites pour violoncelle de Bach par Emmanuelle Bertrand (voir Carnet) et texte de Rodin par Colonne Serreau (le 14) … Autant d’occasions originales pour de belles retrouvailles enrichies d’une créativité stimulante!

La fusion texte-musique convainc de plus en plus de nouveaux comédiens, pourquoi un tel engouement et créativité pour ce type de spectacle ? Est-ce une réponse sur le devenir de la musique classique ?

Iren Bourdat, Nathalie Duong et Jean-Michel Sereni, comédiens et chanteurs animent Révolutions vocales, tempête sous les glottes, le 14

J’adore le récital de musique « pure » et je le pratique moi-même depuis de nombreuses années. Toutefois, on peut souvent remarquer de la part d’artistes certaines peurs ou pudeurs comme s’il ne fallait pas « briser » ce qui est devenu au fil du temps une forme de tradition figée qui dure depuis Franz Liszt. Or, même du temps de Liszt, le récital revêtait une liberté extraordinaire, que nous avons perdue. Le festival Notes d’automne donne donc la possibilité à des artistes de tous horizons de se croiser le temps d’une création, et d’envisager ce qu’ils ont à partager de manière totalement personnelle, voire inédite, sans carcan ni attentes particulières, tant sur le plan du fond que de la forme. Et le public, tout aussi friand de nouveautés et de créativités qu’aux siècles  précédents, nous suit avec gourmandise dans cette aventure qui dure depuis maintenant 13 ans !

A ceux qui s’inquiètent de ce devenir, avez-vous d’autres convictions ?

Don Quichotte et la danse flamenca par la chorégraphe Karine Gonzalez, le 11

J’ai toujours eu la conviction forte que si un projet nous appelait depuis le fond de notre être, c’est qu’il méritait qu’on y prête grande attention. Il n’y a alors, au départ, pas de formes préconçues: pour un musicien par exemple, c’est le sens qui va faire naître le son. J’aime me laisser guider pas à pas par la manière dont un objet artistique prend forme, souvent au-delà même de ce que j’avais pu imaginer à l’origine.
Et, au bout du chemin, il y a toujours ce moment mystérieux et fascinant où l’on se dit qu’on a été l’instrument de quelque chose de plus grand que nous, bien que tout soit apparu dans le plus intime de soi.

Propos recueillis le 9 novembre par #OlivierOlgan