Culture
Gosse de riche, de Maurice Yvain, par Les Frivolités Parisiennes (Athénée)
Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 12 mars 2024
Avec constance autant dans la qualité des spectacles qu’avec une ironie décalée assumée, les complices des Frivolités Parisiennes poursuivent la réhabilitation des pépites de l’opérette en général, et celles de Maurice Yvain (1891-1965) en particulier. Après Yes ! (2016) et Là-Haut (2021, 2 cd Alpha), Gosse de riche crée en 1924 nourrit ce filon de bonne humeur et de situations vaudevillesques aux grincements toujours bienveillants. La mise en scène de Pascal Neyron pimpante à souhait le rafraichît pour Olivier Olgan d’un burlesque tonique sans excès de relecture et ni de réalisme. Pour un plaisir sur vitaminé un peu coupable mais délicieux à l’Athénée Théâtre Louis Jouvet, puis les 22 mars au Théâtre Impérial de Compiègne et 24 à l’Opéra de Reims
Du burlesque sinon rien
Les notes pétillantes, les couleurs pastel du décor, les costumes paillettes posent dès le lever de rideau les intentions de l’équipe des Frivolités Parisiennes : Sérieux s’abstenir !
Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut prendre la renaissance de ses pépites de l’opérette avec trop de légèreté!
Au contraire, depuis plus d’une décennie, les compagnies comme Les Brigands et « Les Frivos« ont compris le parti d’en rire qu’ils pouvaient tirer de ce patrimoine musical laissé en jachère, étiqueté « ringard » ou « provincial ».
Avec une distance rafraichissante, elles en décapent les aspects datés, travaillent les distributions, donnent carte blanche à des metteurs en scènes créatifs.
De cette cure de jouvence qui répond à une attente réelle de qualité musicale et d’ironie théâtrale, les joyaux reciselés brillent de nouveaux feux et font émerger une cohorte d’artistes qui partagent avec une gourmandise communicative leurs trouvailles.
Réhabiliter Maurice Yvain
Après Yes ! (2016) et Là-Haut (2021), Gosse de riche est un vaudeville de Maurice Yvain (1891-1965). Ce diamant du genre à son apogée reprend enfin tous ses éclats ! Déjà à sa création en 1924, près de 80 représentations avaient marqué la réussite sur les scènes le Théâtre Daunou et les Bouffes Parisiens, d’un auteur populaire habitué aux succès (Ta bouche, créé deux ans plus tôt resta à l’affiche 582 jours !!).
Yvain connait son métier, et sait peaufiner les situations comme les airs entrainants. Plutôt que de s’en moquer, la mise en scène de Pascal Neyron décape et enfonce magistralement le clou du parti d’en sourire.
A la limite de la farce
Est-il nécessaire de revenir sur le livret à rebondissement pour justifier notre plaisir. Sachez qu’il s’agit toujours d’un (riche) bourgeois pour justifier décors modernes et tenues haute couture qui tente de dissimuler sa maitresse avec un faux mari, que celle-ci a elle aussi un amant, et que la fille de maitre de maison souhaite épouser… Vous n’avez pas tout saisi qu’importe chaque situation est prétexte à chansons – à deux, trois, quatre voir six – toniques et entrainantes à souhait !
La musique agrège tous les styles.
Coté situations vaudevillesques pétillantes voir pétaradantes – quand la femme découvre le pots aux roses – nous sommes du coté de Feydeau, Labiche, Courteline. Coté musique à l’éclectisme assumé, on pioche dans l’esprit chansonnier, entre pastiche de l’opéra pour les duos d’amour et le cabaret jazz jazz des caboulots de Montmartre. Les dialogues décapants signés Jacques Bousquet et Henri Falk gardent comme à leur création, leur saveur de critique sociale, surtout quand il s’agit de brocarder à non compte les nouveaux riches !
Un cocktail frais et pétillant
Le spectacle qui courre sans le temps de souffler est servi par une troupe de chanteurs-acteurs rompus à cette renaissance: de Amélie Tatti (invraisemblable femme trompée dont le festnoz entre les deux derniers actes vaut à lui seul le déplacement) à Lara Neumann, la gosse de riche qui entend bien faire ce qu’il lui plait, … sans oublier l’entremetteuse (Marie Lenormand), ni les protagonistes masculins qui ont souvent du mal à suivre le désir féminin, Philippe Brocard, Charles Mesrine et Aurélien Gasse,…
Lancée à plein régime, la dynamique est aussi « explosive » qu’un moteur à réaction bien huilée, menée tambour battant par un ensemble crânement sans chef d’orchestre qui semble à l’étroit dans la petite fosse du Théâtre Louis Jouvet. On l’aura compris ce cocktail tonique haut en couleur se déguste cul sec, le spectateur ne demande qu’à y replonger – ou être resservi – de cette jouvence-là !
Pour suivre Les Frivolités Parisiennes
Gosse de riche, par Les Frivolités Parisiennes
Avec Lara Neumann (Suzanne Patarin), Amélie Tatti (Colette Patarin), Philippe Brocard (Achille Patarin), Julie Mossay (Nane), Marie Lenormand (Baronne Skatinkolowitz), Charles Mesrine (Léon Lézaize) et Aurélien Gasse (André Sartène)
- du 9 au 17 mars 2024, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris
- 22 mars 2024, Théâtre Impérial, Compiègne
- 24 mars 2024, Opéra de Reims
A voir la chaîne youtube des Frivolités Parisiennes
A écouter :
- le podcast Frivole Gosse de Riche
- le podcast Yes !, de Maurice Yvain (cd sort le 22 mars chez Alpha)
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