Un premier éclair en 1969

Lorsqu’en 1969 Bill Fay sort son premier album éponyme suivi l’année suivante de Time of the Last Persecution, le monde n’est pas prêt. L’insuccès n’est jamais garant d’une postérité; il faudra plusieurs décennies avant que des oreilles avisées ne classent l’auteur-compositeur dans la catégorie rare des trésors cachés.

Il aura donc fallu que naissent la première génération des diggers (dénicheurs de pépites musicales), pour que ne soit mis en lumière sa remarquable production.

Chaque sélection discographique qui se targue d’œuvrer dans la découverte de perles méconnues se doit de faire mention de Bill Fay.

A partir de 2004, qu’il a gagné un statut de légende underground

Artiste de l’ombre, sa redécouverte au début des années 2000 relancera sa carrière et lui permettra de réaliser une demi douzaine d’albums dont en 2005 Tomorrow Tomorrow Tomorrow, la suite enterrée de Time of the Last Persecution.

Né et mort à Londres, Bill Fay fait partie de cette race d’auteurs compositeurs qui allient élégance, authenticité et beauté intérieure.

Jamais il n’aura cédé aux sirènes de la reconnaissance.

Sa vie d’artiste fut dévouée à la composition de chansons intemporelles. Sans se soucier du trou béant dans lequel sa carrière aura sommeillé pendant près de trente ans, il reprendra le chemin des studios avec pour seule ambition, celle de produire avec probité une œuvre d’une qualité hors du temps.

« Je préférerais voir ma musique disparaître pour de bon (comme ce fut le cas pendant trente ans) que de la voir circuler à travers une image mystique ou tragique »
Bill Fay

L’ancestrale sagesse qui émane des albums de Bill Fay mérite d’autant plus une audience élargie qu’elle se trouve à des années lumière du tout venant aseptisé aux parures clinquantes qui entache aujourd’hui nos oreilles.

Qualifier sa musique de folk rock serait le cantonner inévitablement à un trop grand nombre d’auteurs compositeurs dotés certes de grand talent mais n’émettant pas la même lumière.

De sa profonde humanité émane une vibration particulière.

Ce qui fait la marque des véritables artistes au sens noble. La délicatesse de son artisanat nous laisse à l’instar d’un Nick Drake qui aurait eu le temps de prendre de l’âge une empreinte sans fard, ni racolage. Une poignée de titres qui serviront de compagnonnage à tous ceux à qui la solitude, et l’indifférence pésent. Leur besoin de consolation saura y trouver un apaisement.

Auteur de l'article

Calisto Dobson

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