La crème de Normandie, de Hervé Devolder et Milena Marinelli (Théâtre du Gymnase)
Attention les yeux et les oreilles
Nous sommes dans un « maison close » rococo au début du XXe siècle avec ses filles, la tenancière, le patron et ses clients. Au début, nous sommes un peu surpris, Hervé Devolder et Minela Marinelli ont osé en ces temps de #metoo nous transporter dans un haut lieu de l’exploitation des femmes !
Mais qu’on se rassure… c’est pour mieux permettre à ces dernières prendre le pouvoir.
Jacques Bertin, un directeur de théâtre à l’ancienne.
Il était administrateur du théâtre sous la direction de Marie Belle qui lui a passé la main en 1985. Depuis, cet avocat de formation continue dans la lignée de la grande comédienne à choisir ou initie des spectacles avec justesse pour ce théâtre construit en 1820. Il prit le nom de Gymnase dramatique. Des pièces de Scribe, Molière, Moreau furent jouées toujours avec des couplets et des sorties en musique.
C’est en 1962 que Marie Belle reprend les rênes de la scène du Boulevard Bonne Nouvelle. Parmi les succès les plus marquants, On lui doit Le Vison voyageur de Ray Cooney et John Chapman, adapté par Jean-Loup Dabadie, Le Contrat de Francis Veber, Le Canard à l’orange et Ne coupez pas mes arbres de William Douglas Home, version française de Marc-Gilbert Sauvajon, et Cher menteur de Jérôme Kilty avec Paul Meurisse, Le Saut du lit de Marcel Mithois avec Micheline Boudet et Guy Tréjan, pour ne citer que quelques succès.
Hervé Devolder ne départit pas dans cette lignée. Après « Les Fiancées de Loches » Molière du spectacle musical en 2017 et l’inénarrable « Chance » Molière en 2019, « La Crème de Normandie » est la quintessence des talents plurielles du compositeur, auteur et metteur en scène.
Du pure vaudeville propice aux quiproquos
Le propriétaire de cette maison close qui se situe à Elbeuf reçoit la visite d’un cousin autrichien qui souhaite subventionner des orphelinats ; Qu’à cela ne tienne, la maison de plaisir va se transformer en orphelinat avec ses quatre « orphelines », certes un peu grandes, mais tellement touchantes. Les clients sont mis à la page, tout devrait bien se passer mais c’était sans compter l’épouse du propriétaire, qui bien évidement ne sait rien et se met en tête d’aider, elle aussi, les orphelines !
Vous l’aurez compris, la Crème de Normandie n’engendre pas la mélancolie et de quiproquos en couplets bien posés, on ne s’ennuie pas une seule seconde durant les deux heures de spectacles.
L’efficacité d’une troupe qui s’en donne à cœur joie
Tous parfaits pour les comédiennes et les comédiens jouent, chantent, et dansent bien avec un entrain communicatif. Une opérette à la manière d’Offenbach coté rythmes rieurs et dans la folie des quiproquos en cascade d’un Labiche et consort coté vaudeville. Derrière l’exubérance du genre, démultipliée par une troupe aiguillonnée, un propos se dessine, celui que quand les femmes s’unissent, elles peuvent prendre le pouvoir, mais dans la douceur.
À méditer entre deux sourires!
Jusqu’ au 6 Juillet 2024, du mercredi au samedi à 20h30 et le samedi à 18h. La crème de Normandie, de Milena Marinelli et Hervé Devolder, Théâtre du Gymnase Marie Bell, 38 Boulevard de Bonne Nouvelle 75010 Paris – Tél.: +33 1 42 46 79 79 – contact@theatredugymnase.com
Distribution : (en Alternance) : Marie-Bénédicte Roy, Cathy Arondel ou Sylvy Ferrus, Marianne Devos ou Marie-Anne Favreau, Clara Hesse ou Léa Dubreucq, Raphaëlle Lemann ou Julie Costanza, Milena Marinelli ou Marine Guérin, Patrick Chayriguès ou Jeff Broussoux, Hervé Delolder, Fabrice Fara, Loic Fleury ou Simon Froget-Legendre, Jérôme Pardon ou Gilles Vajou ou Jacques Verzier.
Au piano : Daniel Glet ou Patrick Villanueva ou Sébastien Jaudron,
A la contrebasse : Benoît Dunoyer ou Fred Liebert.