Vins & spirits

Le Brouilly du Château de la Chaize, l’élite beaujolaise

Auteur : Thierry Dussard 
Article publié le 2 novembre 2022

Alors que se profile à partir du 17 novembre 2022, le millésime 2022 du Beaujolais nouveau,  oubliez les idées reçues : écartez le tout-venant du Beaujolais pour isoler l’un des dix crus, Brouilly, puis choisir le meilleur de cette appellation, et vous aurez le Château de la Chaize, propriété de Christophe Gruy. Des étiquettes sobres pour un vin somptueux, qui cousine avec la Bourgogne.

Boris Gruy, le directeur du domaine, originaire de Saint-Etienne, a fait ses études d’agronomie à Toulouse, c’est lui l’artisan de la renaissance de La Chaize sous l’œil de son oncle et propriétaire Christophe Gruy. Photo Thierry Dussard

Bienvenue au Versailles du Beaujolais

Un château majestueux entouré de 420 hectares, dont plus d’une centaine par un vignoble d’un seul tenant. Les tuiles vernissées de couleur lie de vin brillent au soleil, en se détachant sur le coteau et le ciel. Quel vieux barbon habite dans une telle demeure, se dit-on ? Et un jeune homme apparaît, Boris Gruy, 35 ans, et neveu du propriétaire, Christophe Gruy. Celui-ci est lyonnais, et préfère discret, car comme chacun sait, à Lyon, le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien. Mais son vin parle pour lui, et avec éloquence.

Une Belle au bois dormant

 Jean-François de la Chaize d’Aix (1624-1709) était le frère du confesseur de Louis XIV (le fameux Père La Chaize, qui a donné son nom au cimetière), et il avait acquis cette seigneurerie. Bien en cour, le bonhomme fait venir chez lui Mansart et Le Nôtre, le gratin de l’époque en matière d’architecture et de jardin. Sa dernière descendante, la marquise de Montaigu, a ensuite transmis le domaine à sa nièce, qui l’a cédé à son tour en 2017 à l’entrepreneur lyonnais. L’homme à la tête de Maïa, un groupe de travaux publics et d’énergies renouvelables, réveille alors la Belle au bois dormant. Histoire connue, sauf qu’ici le vin est monté dans le carrosse !

Le Château de la Chaize, avec son parterre de buis au premier plan, l’essentiel est ailleurs pourtant, sur les pentes où les vignes de gamay ont pris pied depuis des siècles Photo Thierry Dussard

La Chaize en garde sous le pied

 Le château à la façade ocre, est en effet entièrement vide. «  Nous avons avant tout rénové le chai, qui date de 1771, et mesure 120 m de long, précise Boris Gruy, le directeur. Une trentaine de cuves en inox satiné, et une quinzaine en béton brossé, offrent une capacité de 4000 hectolitres. Environ le triple de la récolte actuelle ».
En somme, La Chaize en garde sous le pied, et possède un beau potentiel. Juste en dessous, se trouve la cave, elle aussi sur 120 m de long. 50 foudres en chêne y sont alignés. Ils proviennent de différents tonneliers afin qu’aucun ne domine, et ils ont été changé progressivement en trois fois pour éviter de boiser les vins. Parce que l’excès de bois neuf marque trop le goût.

Le chais historique du Chateau de la Chaize Photo Serge Chapuis

Bio n’est pas un vain mot

« Le travail de remise à niveau a bien évidemment porté sur les vignes, souligne Boris Gruy, flanqué de son border collie. Plus de 50 ha ont été replantés avec une densité de 8000 pieds/ha, c’est assez élevé pour notre cépage de gamay ».
D’autant que les rangs sont enherbés, ce qui freine la productivité, mais cela est devenu la norme en bio, et cela facilite le passage des tracteurs. On oublie qu’en bio, les traitements sont superficiels, donc lavés par la moindre pluie, et du coup il faut traiter plus souvent. Le bio n’est pas un vain mot au Château de la Chaize, qui a terminé sa conversion.

Les foudres de chêne, de 30, 60, ou 90 hectos, répliquent en cave le parcellaire du Château de La Chaize, permettant ainsi d’isoler les différentes cuvées au cours de l’élevage. Photo Thierry Dussard

Granit rose et diorite bleue

Au pied du Mont Brouilly, sur ce sol de granit rose et de diorite bleue, une attention extrême est portée au biotope, et l’écologie y trouve une vision plus large. « Nous prenons en compte la biodiversité du milieu, l’épuration naturelle des eaux, et la séquestration du carbone », ajoute Boris Gruy, dont l’œil bleu-vert brille en abordant le sujet. Il projette de planter 50 000 arbres, et vante déjà ses 25 ruches (les sentinelles du terroir), et ses 30 moutons en éco-pâturage dont les fumures enrichissent la terre. Sans oublier le nouveau chai d’assemblage et d’embouteillage, enterré, dont la température est régulée grâce à la géothermie.

La sobriété des étiquettes des Brouilly du Chateau de la Chaize cache l’excellence des vins, tous bio, il faut cependant distinguer les capsules rouges d’entrée de gamme, des capsules bleues pour les cuvées des lieux-dits. Photo Thierry Dussard

Vers un beaujolais de garde

Cet état d’esprit vertueux est au service du terroir de Brouilly et de ses vins. Ceux-ci se montrent à la hauteur des moyens mis en œuvre, et de la rigueur avec laquelle les principes de l’agriculture régénératrice sont appliqués. La dégustation livre ainsi d’agréables sensations de cerise noire, dès les bouteilles d’entrée de gamme, autour de 16 euros (capsule rouge). De délicieux arômes de griotte apparaissent avec les lieux-dits (capsule bleue), inférieurs à 35 euros.
De nombreuses cuvées, vinifiées et élevées à part, permettent un jour d’espérer un beaujolais de garde dans cette appellation hier si décriée. Notamment, la parcelle de Brulhié, qui passe pour être « la Côte-Rôtie du Beaujolais », assure Boris Gruy. Sans attendre, il faut profiter de cet exceptionnel rapport qualité-prix du Château de La Chaize, qui ne devrait pas durer.

#Thierry Dussard

Pour suivre les cuvées du Château de la Chaize

Château de la Chaize, 500 route de La Chaize – 69460 Odenas
Tel : +33 (0)4.74.03.41.05 

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