Culture

Les Botaniques au diapason du 30e Festival des Jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 8 septembre 2022

Il se passe toujours de belles choses au Domaine de Chaumont-sur-Loire. A la rentrée, le Festival des Jardins, concentré annuel « d’utopies vertes » jusqu’au 6 novembre 22 se décline en deux évènements :  les Botaniques les 17 et 18 septembre permet de découvrir les producteurs et acquérir les plantes des créateurs du Festival. Quand fleurir est un art, consacré à l’art floral du 7 au 11 octobre. Deux fêtes d’une nature magnifiée, entre le végétal et le jardin, entre le patrimoine horticole et la création paysagère. Sans oublier les rencontres artistiques.

Le Château de Chaumont sur Loire vu du Festival des Jardins Photo OOlgan

Le 35e Festival des Jardins rêve le jardin l’idéal

Avec le thème anniversaire du « jardin idéal« , le Festival des Jardins interroge la finalité du jardin – après 30 éditions (et 900 jardins crées) – revendiquant une dynamique résolument positive et d’avenir de cet art à part entière. « Le jardin idéal ne peut-il pas rassembler toutes nos attentes et toutes nos exigences philosophiques, esthétiques, écologiques, gustatives ? Chantal Colleu-Dumond Directrice du Domaine et du Festival des Jardins interpelle à la fois concepteurs et visiteurs. Être à la fois beau, bon, bio, réparateur, réconfortant, novateur, économe en eau et en énergie, mais surtout exalter l’harmonie et le goût, générer le bien-être et le bonheur ? Rassembler toutes ces propriétés, est-ce possible ou illusoire ? Réaliste ou contradictoire ? Tel a été le défi lancé aux concepteurs des jardins de l’édition 2022 qui devaient proposer des projets tentant de faire la synthèse de toutes ces qualités et offrir un concentré, une synthèse de ce que l’homme et le vivant peuvent créer ensemble pour générer un monde meilleur. »

Une déambulation riche en découvertes

Pour le visiteur, le résultat est une véritable fête de sens et d’une nature idéalisé. Le parcours lui permet de se perdre, d’avancer au hasard des couleurs et des alcôves jardinées. Et les surprises sont permanentes.

Le jury de cette 30é édition rassemblé par Chantal Colleu-Dumond a retenu vingt-quatre « jardins idéaux » présentés jusqu’au 6 novembre 2022 parmi lesquels ont été choisi les lauréats des cinq prix du Festival :

Le Cocon végétal . Prix de la Création du 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Prix de la Création
Le Cocon végétal conçu par Gaël Lefebvre et Marvin Maude, étudiants à l’ISIa Gembloux en Belgique est épargné par l’intervention de l’homme, c’est un espace de nature préservée, comme la chrysalide du papillon. Ce cocon, tendu de fils blancs sur une structure métallique en forme de dôme, donne naissance à un espace forestier de type primaire : une forêt vierge y symbolise la résilience de la nature face à l’activité humaine. Un monde reste à inventer, où la cohabitation est possible.

Le Jardin de la réciprocité, Prix Design et Idées novatrices du 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Prix Design et Idées novatrices
Le Jardin de la réciprocité
, présenté par une équipe américaine composée des architectes-paysagistes Stéphanie Lin, Jason Shinoda et Elisa Read rappelle que « l’homme ne peut exister sans elle. Le lien entre la nature et l’homme est un rapport de dépendance mutuelle. Il doit être reconsidéré pour rééquilibrer le cycle de la vie sur Terre. L’homme se fond ici dans la nature. Il n’est plus question pour lui d’être le centre du monde. Où finit l’être humain ? Où commence la nature ? Dans le même paysage. »

Prix Palette et harmonie végétale, ex-aequo.

Ma Maison est un jardin Prix Palette et harmonie végétale du 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Ma Maison est un jardin des jardiniers paysagistes français Sylvère Fournier, Jérémie Boissière, Cédric Eygrier et Allan Bontoux , où se mêlent l’intérieur et l’extérieur au cœur d’une maison contemporaine et végétale. « Le blanc domine et accroche la lumière sous le toit du ciel. Le parcours permet d’arpenter l’une après l’autre les pièces de vie de cette utopie. Cette transposition de la maison au jardin ramène l’homme à la terre. Elle lui offre une chance de vivre sa vie et ses rêves en symbiose avec la nature. »

Le jardin de Thélème. Prix Palette et harmonie végétale du 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Le jardin de Thélème des architectes François Massin Castan et Edouard Moulin, et Lucien Pigeard de Gurbert, illustrateur et architecte se revendique de l’utopie humaniste de François Rabelais située dans  l’Abbaye de Thélème : “ s’ouvre par l’injonction du héros, “Fais ce que voudras”, lisible sur le mur de tuffeau qui matérialise l’entrée. Franchir le seuil revient à pénétrer dans le monde des idées. Les arches du cloître sont traversées par le paysage et envahies par la végétation. Les plantes médicinales y évoquent le carré des simples, cher aux abbayes médiévales. Les moines, humbles par vocation, élaboraient avec soin de petites parcelles d’herbes savamment choisies, pour leurs vertus thérapeutiques autant que culinaires. »

Le Jardin des Nymphes, Prix Jardin transposable du 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Prix Jardin transposable.
Le Jardin des Nymphes des paysagistes concepteurs français Ambroise Jeanvoine et Johan Picorit est « celui d’un paradis perdu, d’un autrefois peuplé d’insectes, volant et sautant par dizaines, lié à l’enfance. Lieu d’expérimentation, d’émerveillement et de curiosité, il est aussi un espace d’expression où donner libre cours à l’imagination et construire des cabanes folles. Le jardin idéal est un jardin co-conçu par l’homme et par la faune, un jardin évolutif et riche valorisant la biodiversité. La faune, qu’elle soit grande ou microscopique, peut y trouver refuge et s’y épanouir. Les nymphes ne sont-elles pas, à la fois, des divinités mythologiques attachées aux montagnes, aux eaux et aux forêts, et des insectes en cours de métamorphose opérant leur mue ? »

Prix Spécial du jury

De la nature de Ricardo Walker Campos, Carlotta Montefoschi, Niccolo Cau et Giulia Tasselli donne vie à une fresque italienne aux portes de Rome, dans le nymphée souterrain de la Villa Livia. « La perspective repose sur des éléments scéniques propres au théâtre. Une palissade en osier délimite le premier plan tandis qu’une balustrade en marbre lui répond au second plan. Derrière le riche rideau végétal, l’arrière-plan se referme sur la toile du ciel. »

Singulars a eu de son coté trois coups de cœur.

Le Vallon des brumes de Patrick Blanc, 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Le Vallon des brumes de Patrick Blanc. L’inventeur des murs végétalisés sur feutre nous invite à plonger dans un autre monde végétal, parcours qui vous emmène dans un univers végétal somptueux.

Bleu songe de Pauline Larivière, 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Bleu songe de Pauline Larivière, paysagiste concepteur et fleuriste événementiel, Marine Lecardeur paysagiste concepteur et illustratrice. « Dans cet espace clos sur lui-même, l’eau est une idée qui peut tout. Ainsi son absence n’empêche-t-elle pas d’évoquer avec force les grands paysages de lacs. Un claustra en bois brûlé doit d’abord être franchi pour accéder à une promenade méditative et cathartique. Il marque l’entrée dans un univers qui contraste avec le tumulte et l’agitation de notre monde. »

Grenade, 35e Festival des Jardins Domaine de Chaumont-sur-Loire, Photo OOlgan

Grenade, de Aymeric Dufour, paysagiste concepteur et Thibaut Flavigny, architecte met en avant un procédé ancien d’irrigation naturelle autorégulée : l’oya. « Ce système de jarre en terre cuite enterrée, peu onéreux, permet une économie d’eau de 50 à 70% par rapport à un arrosage standard. Créant la liaison entre ciel et terre, ces objets deviennent les initiateurs d’un cercle écologique vertueux, auquel l’homme prend part. »

Les botaniques les 17 et 18 septembre

Passerelle naturelle entre le végétal et le jardin, entre le patrimoine horticole et la création paysagère, entre amateurs et professionnels, cette Fête des Plantes permet de retrouver les plantes phares utilisées par les jardins du Festival International sur les stands de nombreux exposants.

Quand Fleurir est un Art, du 7 au 11 octobre 33

Ce Festival consacré à l’art floral présente les créations de grands artistes décorateurs du végétal, français et étrangers. Des installations florales contemporaines, spectaculaires et poétiques, respectant l’esprit des lieux, métamorphosent des salles du Château et permet aux artistes floraux d’aujourd’hui de mettre leur savoir-faire et leur créativité au service d’un savoir-vivre exceptionnel, associant l’art et le végétal au nom de la beauté.

#Olivier Olgan

Informations pratiques Sur le Festival des Jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire

Domaine de Chaumont-sur-Loire, Établissement public de coopération culturelle
41150 Chaumont-sur-Loire – Tel. : 02 54 20 99 22 – contact@domaine-chaumont.fr
Ouvert tous les jours de l’année, des 10h00, y compris les jours féries (sauf le 1er janvier et le 25 décembre).

A lire : Chantal Colleu-Dumond, Festival international des Jardins, 30 ans, Domaine de Chaumont, 55€

Chaine Youtubeentretien avec les paysagistes de la 30e édition sur le Jardin idéal

Hôtel Les Hauts de Loire (Onzai) Photo OOLgan

Pour dormir et se restaurerHôtel Les Hauts de Loire. 79 rue Gilbert Navard,  41150 Onzai
Tél.: +33 (0)2 54 20 72 57 – Réservaion @hautsdeloire.fr

Magnifique établissement Relais & Châteaux à une dizaine de kilomètres du Domaine de Chaumont, noyé dans la forêt, disposant d’un spa et d’une piscine. La gastronomie assumée ‘néoclassique’ du chef Dominique Pépin œuvre depuis Octobre 2020 à stimuler nos papilles. La halte idéale pour savourer sur deux jours les richesses de la programmation art et nature du Domaine.

Sélection de producteurs présents aux Botaniques

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