Culture

Les éditons Diane de Selliers, à l’affut de nouvelles pépites de l’art ou du verbe

Auteur : Marc Pottier, Art Curator basé à Rio de Janeiro
Article publié le 19 juin 2023

Avec un livre par an, le défi fou des éditions Diane de Selliers à rebours d’une production de masse incarne depuis plus de trente ans une double mission : proposer les grands textes de l’humanité, en regard des plus grands artistes, tout en ciselant de véritables objets-livres d’art qui transcendent le temps. Sa fondatrice associe un savoir-faire « haute couture » de l’édition avec un esprit de recherches pour se recentrer sur l’essentiel, la transmission d’un savoir. Convaincue que chaque livre – frotté au patrimoine mondial de l’écrit, des Métamorphoses d’Ovide, au Rãmãyana, du Don Quichotte de Cervantès à la Genèse de la Genèse  – peut nous « augmenter » humainement, sa biographie Et ainsi le désir me mène, parue en 2020 en est le témoignage. L’aventure continue.  A paraitre en octobre 2023, le 31ème titre : les Poésies d’Emily Dickinson illustrées par la peinture moderniste américaine. Du sublime en perspective.

 

Il faut que le texte me paraisse essentiel, fondateur au regard d’une civilisation, révélateur d’une époque, d’une nouvelle façon d’aborder le monde ou l’écriture, qu’il apporte véritablement quelque chose de nouveau.
Diane de Selliers

Le catalogue, le plus prodigieux … et le plus dense

L’Énéide de Virgile illustrée par les fresques et les mosaïques antiques, traduction de Marc Chouet, préface de Philippe Heuzé, « La Collection », 2009, « La Petite Collection », 2013, 504 pages.

Son catalogue est l’un des plus prodigieux en termes de patrimoine éditorial, plongeant dans l’histoire de l’humanité en revisitant ses grands textes fondateurs qui relient nos racines humanistes à notre modernité, … Et le plus dense, 30 titres depuis sa création en 1993 !  Sans frontière, ni œillère, chaque ouvrage annuel, illustré magistralement avec les œuvres des plus grands artistes de toutes époques et de tous pays, nous invite à se frotter au patrimoine de l’écrit mondial : de La Divine Comédie à La Genèse de la Genèse, d’Orient, Mille ans de poésie et de peintre au Décaméron de Boccace…. La réalisation de chaque « objet-livre d’art » emmène cette grande aventurière à transcender tous les obstacles, à l’image de Fitzcarrado qui voulu créer une maison d’ Opéra en Amazonie. Ces rêves qui dépassent l’entendement habitent Diane pour réaliser des livres uniques.

Le meilleur sur le fond et la forme

Avec un enthousiasme capable de relever tous les défis, Diane de Selliers, femme au chic décontracté mène depuis 30 ans un travail d’édition où elle exige toujours plus. Si sa Collection apparait sous forme de luxueux coffrets, derrière cette sagesse apparente se cache une élaboration « viscontienne » faisant fi des dépenses dans une orchestration magistrale réunissant tous les corps de métiers. Chaque ouvrage exige le meilleur sur le fond et la forme. Elle et ses équipes deviennent détectives à la recherche des origines des textes et de la reconstitution d’œuvres démantelées. Pour atteindre l’objectif,  les voyages ne sont pas comptés et on les retrouve aux quatre coins du monde, Inde, Europe, USA, Canada, Australie, Singapour, Qatar, Inde, Pakistan, Iran et Irak…

L’Iliade et l’Odyssée d’Homère illustrées par Mimmo Paladino, traduction de Paul Mazon pour l’Iliade et de Victor Bérard pour l’Odyssée, préface de Dieter Koepplin, « La Collection », 2001, « La Petite Collection », 2011, 652 pages.

Unique, réinventer le métier d’éditeur d’art

A chaque fois, les éditions Diane de Selliers s’adaptent aux us et coutumes locaux dans les musées, les collections… où ils tiennent à tenir en main tous les originaux dont les reproductions feront ensuite partie des précieux ouvrages. Ils sont aussi restaurateurs d’images n’hésitant pas à rechercher les couleurs originales cachées. Les meilleurs traducteurs sont réunis. Les mises en pages vous pointent du doigt la quintessence des œuvres. Pour cela Diane sait donner le temps au temps. Chaque livre avec cette savante construction, met parfois des années avant de naitre. Par cette exigence, Diane a réinventé le métier d’éditeur d’art en lui offrant tous les possibles, entre aventure éditoriale ou conservatrice d’un musée sans mur ?

L’Épopée de Gilgamesh illustrée par l’art mésopotamien. Photographies de Jean-Christophe Ballot, traduction d’Abed Azrié, direction scientifique de l’iconographie et introduction d’Ariane Thomas, introduction de Gabriel Bauret, « La Collection », 2022, 280 pages.

Tout doit éclater de vie, de saveur, de désir

« Ne prends jamais « non » pour une réponse ! » affirme-t-elle. « Aller toujours de l’avant, le plus loin possible, chaque obstacle peut être contourné, j’aime les défis et la quête de l’excellence ! prête à prendre tous les risques ». Difficile de résister à cette éditrice belge de nationalité, française d’adoption et italienne de cœur, qui a fait partie de l’équipe belge de ski, dont une des devises est « ce que vous faites doit éclater de vie, de saveur, de désir ».

Cette séduisante personnalité atypique aime à se faire plaisir pour mieux faire plaisir à ses lecteurs. Elle se définit comme une chercheuse, une rassembleuse, une femme de création, une femme de passion. Pour elle, la vie est un tout et, lors de ses pérégrinations, il n’est pas rare de la retrouver avec un de ses quatre enfants qui sont aussi plongés dans le réacteur créatif.

« Le désir me mène, la passion me guide »

L’art sait façonner une certaine forme de beauté,
Complétant la vie de manière imperceptible,
Combinant les impressions,
Combinant les jours…

Une des fresques antiques utilisées pour illustrer L’Énéide de Virgile « La Collection », 2009, « La Petite Collection », 2013, 504 pages.

Ce poème de Constantin Cavafy, traduits par Marguerite Yourcenar, apparait en épigraphe du livre ‘Et ainsi le désir me mène’ ouvrage publié en 2020 comme un autoportrait nous plongeant dans ses aventures. Magnifique mot que celui de ‘désir’. Il est son moteur, l’expression d’un appétit de vie que rien n’a semblé rassasier le long de 30 ans d’éditions exigeantes qui furent fêtés l’année dernière. Désir ? ou Passion débordante pour la connaissance ? Ses épopées de savoir étourdissantes ne connaissant aucun frein comme celle des dix années passées à réaliser l’édition en sept volumes du Rãmãyana réunissant plus de 30 personnes qui ont participé aux recherches iconographiques…

C’est la passion qui me guide, je suis toujours à l’affut de nouvelles pépites de l’art ou du verbe, et dans chaque texte que je lis, dans chaque œuvre d’art que je croise, je m’interroge : comment développer, partager, donner un nouvel élan à ces œuvres ?
Diane de Selliers

Illustration de Pat Andrea pour Alice au Pays des Merveilles et De l’autre côté du Miroir de Lewis Carroll « La Collection », 2006, « La Petite Collection », 2015, 376 pages.

Luxe, le terme vient de lux, la lumière ou luxus, la débauche, l’excès, le faste.

Les livres de sa Collection sont luxueux,  mais elle tient à rappeler les conditions exigeantes de production : « à condition de ne pas perdre de vue que ce terme vient de lux, la lumière, la lumière qui révèle ce qui est caché, oublié, dispersé. Qui fait apparaitre les correspondances, propose un nouveau regard, abolit les frontières. Qui fait dialoguer les cultures, les époques. La lumière sur la beauté du monde. Luxus, la débauche, l’excès, le faste. Débauche de temps, excès d’images, faste des civilisations. Mais aussi courage, exigence, rigueur, prise permanente de risques, et le désir de partager ce luxe-là ». Ses livres ne sont pas intimidants mais jubilatoires. Ils reflètent la fantastique énergie qui les conduit jusqu’à leur publication, comme un grand cadeau pour l’humanité et la spiritualité. Sa Petite Collection qui reprend ses premiers ouvrages épuisés dans d’autres conditions de production relaie et démocratise la démarche de diffusion de savoir

Garder sa liberté pour les rencontres et des projets futurs imprévus  

Illustration de Gérard Garouste pour Don Quichotte de Cervantès « La Collection », « La Petite Collection », 2012, 688 pages.

Un planning tiré au cordeau, les éditions travaillent sur les prochains titres déjà définis pour les six prochaines années, Diane croit aussi en sa bonne étoile. Toujours en éveil, elle se donne la liberté de pouvoir saisir les rencontres ou la chance qui lui sourient sur son chemin. Elles pourraient donner lieu à un nouveau projet, en est-elle persuadée. Elle a bien raison d’y croire. On peut citer sa rencontre avec Paule Amblard, historienne spécialiste de la symbolique chrétienne médiévale, rencontrée par hasard dans le train, qui devint l’auteure de l’Apocalypse, les visions de Saint-Jean à partir de la gigantesque tapisserie du Château d’Angers. En rendant son texte dans les sept mois impartis (peu de temps n’est pas coutume), elle a sauvé in extremis l’édition de 2010. C’est cette formidable concentration de talents qui fait aussi la magie de cette collection unique.

Il existe des coïncidences, ou plutôt des concordances, des évidences, des opportunités qu’il ne faut pas manquer. Autant de signes, autant d’indices distillés dans l’atmosphère, les mots, la pensée, les rencontres. Il suffit d’être attentif, disponible, curieux, de ne pas avoir d’idées préconçues, alors on peut tout imaginer, tout réaliser.
Diane de Selliers

Le déclencheur, « L’Amour et la Folie », La Fontaine

Fables de Jean de La Fontaine illustrées par Jean-Baptiste Oudry, préface d’Étienne Wolff, « La Collection », 1992, « La Petite Collection », 2008, 640 pages.

Retour aux sources.  Née en Belgique en 1955, arrivée à Paris à 25 ans à la suite d’études de journalisme, Diane de Selliers crée sa première maison d’édition en 1981 avec Le guide des sports à Paris et Le Paris des tout-petits, tout en travaillant pour les éditions Hatier comme éditeur pour des livres illustrés, puis pour les éditions Duculot, l’éditeur belge du « Grevisse de la langue française » et des célèbres albums pour enfants « Ernest et Célestine ».
C’est lorsque qu’elle découvre dans une librairie place St Jean à Bruxelles une édition du XVIIIe siècle des Fables de La Fontaine illustrée par Jean-Baptiste Oudry, le célèbre peintre animalier de Louis XV avec des gravures réhaussées à la gouache et à l’aquarelle pour le Dauphin et autres rares privilégiés.  Avec ce chef-d’œuvre inaccessible, elle décide de prendre une nouvelle voie et de lancer sa maison d’édition éponyme en 1992 en vendant les droits du Guide des sports à Paris et du Paris des tous petits. De toute façon le projet était trop ambitieux pour d’autres. Premier succès d’un pari réussi et d’une longue vie éditoriale : 7 500 exemplaires sont écoulés et aujourd’hui accessible dans La petite collection, ce sont plus de 25 000 exemplaires publiés.

Des livres intemporels

Diane de Selliers ne vit pas que dans les livres. Au contraire, ils sont l’occasion de véritables traques de part le monde pour trouver les illustrations les plus précises. ici en Irak Photo DR

À travers les 30 créations de la Collection réalisés jusqu’à aujourd’hui, Diane de Selliers revendique une « bibliothèque idéale » édifiée grâce à un travail d’exigence unique pour un dialogue fructueux entre littérature, spiritualité et art allant de l’Orient à l’Occident.

Ce qui me guide depuis 30 ans :  publier un seul livre par an pour être véritablement au cœur de chaque livre, soigner chaque étape de la production, de la mise en valeur de l’œuvre et du partage de l’ouvrage avec mes lecteurs, et offrir des livres intemporels. 

Plus que La Fontaine, Dante marque les vrais débuts de la Collection.

La Divine Comédie de Dante illustrée par Botticelli, traduction et préface de Jacqueline Risset, introduction, postface et commentaires des œuvres de Peter Dreyer, 1996, « La Petite Collection », 2008, 506 pages.

« Il a été mon guide depuis que je l’ai découvert en voulant publier La Divine Comédie avec les dessins que Botticelli a réalisé pour une édition commandée par Lorenzo di Pier Francesco de Medici (cousin de Laurent le Magnifique) ». Les Illustrations inconnues du public car préservées partiellement au Cabinet des Dessins et Estampes de Berlin, dans un musée à Berlin Est et à la Bibliothèque apostolique vaticane méritaient d’être publiées. « Je l’ai lue plusieurs fois. . C’est avec ce poème que j’ai commencé à pourvoir aborder et apprécier les textes fondateurs de l’humanité…C’est La Divine Comédie qui m’a permis de réaliser que tous les défis et toutes les audaces étaient permis. »

Comme tous les grands textes, La Divine Comédie demande plusieurs lectures pour pénétrer petit à petit sa poésie et son sens. Et chaque lecture est plus exaltante.

Une part de sérendipité, de hasards heureux 

Diane a failli appeler sa collection « La sérendipité au service de la pensée créatrice, du jaillissement heureux des correspondance entre la littérature et la peinture ». Un hasard heureux un émerveillement, de ceux-là mêmes qui jalonnèrent le périple des Princes de Serendip, héros d’un conte Persan du XIV° siècle de Amir Khosrow Dehlevi. Les éditions de Diane sont jalonnées de hasards heureux.

Le ‘Re’ dans l’édition, « Relire, relier, ré-enchanter les textes »

Les Triomphes de Pétrarque illustrés par le vitrail de l’Aube au XVIe siècle, traduction, notes et introduction de Jean-Yves Masson, introduction et commentaires de Paule Amblard, introduction, commentaires et glossaire de Flavie Vincent-Petit, « La Collection », 2018, 336 pages.

« Le métier d’éditeur, tel que nous le pratiquons aux éditions Diane de Selliers, trouve sa raison d’être dans une démarche très singulière. Un retour aux sources, et une ouverture vers une nouvelle lecture. Un dialogue « ekphrastique » [figure de style bien connue depuis l’Antiquité, peut s’entendre au sens strict (narration descriptive d’une œuvre d’art) ou plus large mettre une « ébauche » forme de « suggestion visuelle ») s’instaure qui ne craint aucun écart temporel ni spatial : chaque ouvrage a sa vie propre et son originalité intrinsèque. Il s’agit à chaque fois d’une création originale et engageante, une création qui relie et relie le passé en offrant une nouvelle interprétation des textes par le biais des images, qui redonnent un sens nouveau, une orientation nouvelle à la lecture, et une compréhension plus large des illustrations : peintures, vitraux, tapisseries, photos. »

Il s’agit de représenter l’œuvre, de la restituer sous une autre forme, de la redécouvrir, souvent de la réinterpréter, de se la réapproprier, de la ré-enchanter.
Diane de Selliers

 Des illustrations des grands maitres classiques aux contemporains

Si les grands artistes mondiaux de tous temps sont mis à contribution, Diane intègre aussi l’art moderne et contemporain. Certains artistes d’aujourd’hui lui sont aussi apparus comme des évidences. Georgia O’Keeffe, Giacomo Balla, Louise Bourgeois, Henri Matisse, Georges Braque, Simon Hantaï, Robert Delaunay, Yves Klein et tant d’autres apparaissent dans plusieurs des éditions. Les contes de Perrault furent illustrés par l’art brut. La première collaboration avec un artiste fut avec Gérard Garouste pour Don Quichotte. L’artiste a fait œuvre d’exégète, creusant dans les profondeurs du texte de Cervantes pour en faire jaillir sa propre interprétation.

L’Iliade et l’Odyssée d’Homère illustrées par Mimmo Paladino, traduction de Paul Mazon pour l’Iliade et de Victor Bérard pour l’Odyssée, préface de Dieter Koepplin, « La Collection », 2001, « La Petite Collection », 2011, 652 pages.

On peut aussi citer L’Iliade et l’Odyssée d’Homère avec Mimmo Paladino, artiste italien pétri des cultures étrusque, égyptienne, grecque, romaine, byzantine et chrétienne. Mimmo fit partie de la trans-avant-garde italienne, courant qui expérimentait un retour aux formes traditionnelles et puisaient leur inspiration dans l’histoire, la littérature, les grands mythes. Il fut ainsi idéal pour embrasser en 200 œuvres la guerre de Troie et le périple d’Ulysse.
Pat Andrea participa à Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll, avec une évidence entre ses figures féminines qui peuplent son univers et Alice. S’il aura mis quatre ans à trouver son inspiration, il réussit parfaitement à exprimer la tendresse, l’enfance, avec les rêves et les peurs, les élans, les retenues, hésitations, émerveillements face à la conscience de l’adulte en devenir qui juge, ordonne et conseille. Une Alice multiple protéiforme en perpétuelle mutation….

Alice au Pays des Merveilles et De l’autre côté du Miroir de Lewis Carroll illustrés par Pat Andrea, édition bilingue, traduction d’Henri Parisot, préface de Marc Lambron, « La Collection », 2006, « La Petite Collection », 2015, 376 pages.

Des désirs sans fin

Avec cette générosité et cet appétit qui semble n’être jamais satisfait, Diane travaille sur des projets qui ne verront peut-être jamais le jour.  Cela fait partie des risques et d’une qualité finale qui n’est jamais négociable. Ses rêves promettent de nombreuses futures surprises pour ses lecteurs. Le Songe de Poliphile de Francesco Colonna, le Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases, La Jérusalem délivrée du Tasse, Le Prince de Machiavel, les Trois Monothéismes dans la traduction d’André Chouraqui… sont dans le collimateur tout comme l’envie d’éditer un ouvrage sur l’Egypte, explorer les mythologies javanaise et nordique, dénicher un récit sur le métissage en Amérique du Sud, l’extermination des Indiens, les grandes découvertes maritimes….

Les larmes de Pénélope, illustrée par Mimmo Paladino, L’Iliade et l’Odyssée d’Homère « La Collection », 2001, « La Petite Collection », 2011, 652 pages.

Des Passerelles qui relient les civilisations

Les aventures éditoriales de Diane sont une manière « de découvrir le monde, de le comprendre, de m’émerveiller des valeurs qui fondent notre humanité commune ; de souligner les passerelles qui relient toutes les civilisations, de relever les désirs, les peurs, les aspirations, les émotions qui nous sont communes où que nous vivions, quelle que soit l’époque que nous abordons. Les textes fondateurs nous apprennent tant sur nous et ils sont des guides pour avancer dans la vie. »

A une époque où les frontières de l’art contemporain fusionnent et les mariages pluridisciplinaires foisonnent, Diane de Selliers est à sa manière unique une grande artiste et son atelier s’appuie et puise dans l’histoire du monde. A (re)visiter !

#Marc Pottier

Pour suivre Diane de Selliers

Les éditions Diane de Selliers, 19, rue Bonaparte, 75006 Paris – Tél. +33 (0)1 42 68 09 00 – contact@dianedeselliers.com

La Collection se construit en « coups de cœur raisonnés »: « Je suis attentive à tout ce qui m’entoure, et je fonctionne par coups de cœur raisonnés. Quand un texte m’interpelle, je réfléchis à comment je pourrais le mettre en valeur par l’image. Quand le mariage me paraît faire sens et beauté, je commence les recherches. Parfois, en cours de travail, je me rends compte que ce n’est pas le mariage parfait et je renonce au projet…
Et il faut que la façon de l’illustrer fasse également sens : ou de l’illustration directe du récit ou de l’épopée, images souvent dispersées dans le monde (comme Le Dit du Genji ou le Râmâyana) que je réunis dans mon livre ; ou des œuvres plus subjectives qui dialoguent et interpellent (comme Les Fleurs du Mal de Baudelaire et bien d’autres ; ou une commande à un artiste contemporain… »

Don Quichotte de Cervantès illustré par Gérard Garouste, traductions de César Oudin et François de Rosset revues par Jean Cassou, préface de Laurent Busine, « La Collection », « La Petite Collection », 2012, 688 pages.

La petite collection : Si la plupart du temps, ce sont les textes qui sont à l’origine des livres, dans certains cas, la peinture ou un artiste conduit au texte. Ce fut le cas avec la Peinture symboliste et décadente illustrée par Les Fleurs du mal, de Baudelaire dont l’anniversaire des 150 ans de la première édition approchait alors et qui sortit en 2005.  Le livre fut épuisé en quelques mois. C’est cette année qu’est venue l’idée de pérenniser chaque ouvrage, de les rééditer à l’identique, dans un format plus petit, avec une couverture souple, sans coffret à un prix attractif. Ce furent les débuts de la « petite collection ». « Tous les livres épuisés renaissent aujourd’hui dans cette collection avec une mise en page reprise et adaptée, pas question de tourner le dos à l’exigence de qualité ! »
Cette collection s’ajoute à celle des textes (seuls) que Diane alimente irrégulièrement en fonction de ce qui lui paraît important, comme avec le titre qui lui tient le plus à cœur : Le Cantique des Cantiques en sept versions : hébreu, grec, latin et quatre traductions françaises.

L’Institut Diane de Selliers : Son objectif est de rendre accessible à un public plus large la recherche et l’histoire de l’art, à travers des banques de données et la consultation sur place, des rencontres, des conférences ou des visites privées dans le cadre d’une convention de partenariat avec les Éditions Diane de Selliers. « Notre travail de recherche hors du commun avec un investissement temps énorme n’étaient pas suffisamment partagés. Toutes les images rassemblées et non publiées restaient dans des cartons, trésors considérables pour les étudiants et les chercheurs, c’est ainsi qu’est né le fonds de dotation, qui finance la recherche et les traductions ouvrant ainsi de nouveaux champs d’exploration et de connaissances. » Devenir mécène pour soutenir uen aventure éditoriale unique 

Sa biographie

Et ainsi le désir me mène, biographie publiée en 2020 (304 pages, 24,00€) Diane de Selliers se confie sur sa passion du livre et de la lecture. Celle qui revendique  « d’être devenue ce que les livres ont fait de moi » revient sur son parcours et la création de sa maison d’édition en 1992 dont le pari fou de ne publier qu’un seul livre par an défia le monde de l’édition.
À travers les 29 créations de la Collection, elle invite à découvrir une bibliothèque idéale de l’humaniste – grâce à un travail d’orfèvre unique, de la conception à l’impression – qui fait dialoguer la littérature, la spiritualité et l’art, de l’Orient à l’Occident.

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