Culture

Les Extatiques, Le Collectif Interstices réenchante un volume résiduel de Paris La Défense

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 1er février 2024

Connaissez-vous la « cathédrale engloutie » de Paris La Défense ? Vous n’en verrez rien en surface. Et pour cause, puisque c’est l’un des « volumes architecturaux résiduels » désaffectés de sa construction en mille feuilles. Des trésors peuvent s’y cacher de façon permanente comme ‘Le monstre’ de Raymond Moretti, ou temporaire quand il est investi par le Collectif Interstices sous l’impulsion de Nicolas Obadia « jardinier de projets urbains », pour trois semaines jusqu’au 25 février 2024. La plongée dans cette grotte urbaine réserve d’immenses surprises et dépaysements au sens propres des termes. Bienvenu dans les entrailles réenchantées du plus grand quartier d’affaires d’Europe pour une expérience d’art urbain underground éphémère et immersive mais surtout fascinante !

Une plongée connue des initiés de l’exploration urbaine

On n’y rentre pas comme dans un moulin, cette « cathédrale engloutie » se mérite, un lieu à la fois mythique et méconnu que les initiés du Paris Face Cachée. Les chemins dans les entrailles de la Paris Défense sont balisés, strictement encadrés. Il faut même signer une décharge de responsabilité à la réservation et accepter de suivre à la lettre les consignes des médiateurs – avec leurs lampes frontales – qui vous entrainent dans ces espaces insoupçonnées …

Rendez-vous au centre du parvis de Paris La Défense.

Un premier escaler vous emmène sous la dalle. Un second au cœur d’un espace déjà largement approprié par les Streets artists. Dernière consigne au petit groupe (maximum 20 d’où la prolongation de l’évènement au 25 février), bien se couvrir, bien la température est inférieure qu’en plein air. Et bien suivre le guide.

Deux sas de « décompression »

Un long couloir bariolé de graffitis est interrompu par une sculpture féérique tout en papier blanc d’une grâce infinie que chaque visiteur traverse comme un premier sas de métamorphose.

Tine, Grandeur nature, Les extatiques, collectif interstices, Paris La Défense Photo OOlgan

Quelques mètres suivants, percé dans le mur, un deuxième franchissement vous permet de rentrer quasi courbée dans cette « cathédrale engloutie ». Et vous n’en croirez pas vos yeux, une fois habitués à la pénombre. Bienvenue dans Les Extatiques, parcours d’œuvres et d’installations imaginés par le collectif Interstices d’artistes issu de l’exploration Interstices.

Entrée dans la Cathédrale engloutie Les extatiques de Paris La Défense Photo OOlgan

La démarche artistique du Collectif Interstices vise à présenter des espaces abandonnés, cachés ou difficile d’accès, créés par l’activité humaine puis délaissés. sous un angle esthétique créant l’émotion et invitant à la réflexion sur notre mode de vie contemporain.
Son credo : «Explorer c’est découvrir, révéler et exposer c’est conscientiser».

vu du parcours Les extatiques du collectif interstices , vides architecturaux de La Défense Photo OOlgan

Se laisser prendre et surprendre entre ombre et lumière

Comment ne pas se faire happer par cette immensité aux niches si fertiles ? En suivant le guide avec son parapluie transparent lumineux, l’immense espace s’anime au fur et à mesure. que le médiateur vous éclaire. Comme dans une grotte pariétale, une œuvre prend sens, une installation donne du sens  telle ou telle œuvre. Et le regard est souvent pantois devant la beauté des photos, la densité des fresques ou l’imagination des installations monumentales, qui associent projections, œuvres numériques et cinétiques qui jouent avec les volumes et les espaces pour mieux nous faire changer de monde et de regard sur notre monde.

vue des Extatiques du collectif interstices, Paris La Défense Photo OOlgan

Vers le « Monstre »

On ressort par le même chemin pour aller découvrir l’œuvre cachée de la Défense, ce « Monstre » qui a pris corps et volume dans l’atelier souterrain de Raymond Moretti. Né à Nice en 1931, c’est dans les années 70 qu’il s’installe dans la capitale dans un atelier dans le quartier des Halles comme beaucoup d’artistes à l’époque puis migre vers La Défense. Son nouvel atelier investit l’un des volumes sous dalles du quartier. Où il poursuivra le développement d’une œuvre monumentale jusqu’à sa mort le 3 juin 2005 : « Le Monstre » a dépassé progressivement l’artiste au fil des décennies, pour devenir une vision testamentaire sur le lieu qui l’a enfanté, fusionnant art et architecture, critique de la société du spectacle et de l’accumulation.

Le Monstre, de Raymond Moretti La Défense Photo OOlgan

Une fois à l’air libre du Parvis, le visiteur n’oublie pas la vitalité de ce monde parallèle qui interpelle et nourrit tous ses sens. Avec le sentiment d’avoir vécu une expérience à la fois bien réelle et un peu imaginaire

Olivier Olgan

Réservation possible à partir du 8 février pour la semaine du 18 au 25 février

Accès

Entrée à coté du Restaurant IT Trattoria Place du Bassin Agam 86 Esplanade du Général de Gaulle 92400 Courbevoie M° Grand Arche – Sortie 5 Calder – Miró

Deux types de visites :

  • Les visites de 1h30 – 17€ de 11h à 19h du vendredi 2 au dimanche 18 février
  • Les visites de 45 minutes – 11€ à 12h15 et 13h, Du lundi 5 au vendredi 9 février et du lundi 12 au vendredi 16 février

Rozetta, Djim.A.Djim, Vortex vorace, 2023 Les extatiques, collectif interstices, Paris La Défense Photo OOlgan

En savoir plus sur

  • le Collectif Interstices
  • Paris Face Cachée, propose de vivre depuis plus de 10 ans des moments uniques dans des endroits atypiques de Paris et sa région. Avec des visites originales conçues spécialement pour l’événement, le public devient un passe-muraille invité à infiltrer des lieux confidentiels ou habituellement interdits

La médiation des extatiques, collectif interstices Paris La Défense Photo OOlgan

Partager

Articles similaires

Le Carnet de lecture de Laetitia Le Guay-Brancovan, auteure et musicologue

Voir l'article

Le carnet de lecture de Mathieu Herzog, chef & Léo Doumène, directeur de Appassionato.

Voir l'article

Le carnet de lecture de Florentine Mulsant, compositrice

Voir l'article

Le carnet de lecture d’Hanna Salzenstein, violoncelliste, E il Violoncello suonò (Mirare)

Voir l'article