Culture

Les pierres de Denise Milan cristallisent le mystère du monde pour mieux nous réconcilier avec lui

Auteur : Marc Pottier, Art Curator basé à Rio de Janeiro
Article publié le 7 novembre 2022

[Découvrir les artistes d’aujourd’hui] La Terre et ses mythes servent d’inspiration à Denise Milan, artiste polymathe visionnaire, qui aime explorer les ‘écritures’ des pierres et des cristaux pour les transcrire en créations infinies. Sculpteuse ? elle ne transforme pas les matières mais les assemble, laissant libre cours à une intuition géniale. Poète ? son œuvre visuelle s’accompagne souvent de vers vertigineux. Visionnaire, elle élargit et croise ses connaissances avec toutes les disciplines artistiques et scientifiques pour cristalliser son geste créatif et nous réconcilier avec une Terre que nous méconnaissons. Son installation visible à la Biennale du Mercosul à Porto Alegre (Brésil) jusqu’au 20 novembre permet de mesurer l’incandescence de cette mémoire à l’œuvre.  

Je voyage dans mon imagination et vois la Terre sous tous les angles possibles de toutes les époques qu’elle contient.
Je le vois d’en haut et de l’intérieur, car je me vois comme un pèlerin voyageant dans ses souterrains.

Denise Milan

Denise Milan 33e Biennale de São Paulo Photo Thomas Susemihl

Une vision holistique des savoirs et des temps

Quelle est la palette créatrice de Denise Milan ? les énigmes de la Terre et ses interactions avec l’Univers. Quitte à se transformer elle-même en sphinge en nous prenant pour Œdipe ! Plus poétiquement, la surface terrestre avec ses entrailles, ses eaux et sa biosphère tout comme aussi la cosmogonie reliant la Terre aux planètes telluriques.

Marquée par les travaux du géologue brésilien Fernando Flávio Marques de Almeida (1916-2013), l’artiste explore autant les « viscères » du monde que leurs correspondances avec l’Univers. Cette vision holistique la rapproche de nombreux artistes et scientifiques. A commencer par l’archéologue américaine Anna Curtenius Roosevelt(1946-), spécialiste de l’interaction homme-environnement, qui a participé aux fouilles de la grotte de la roche peinte, Caverna da Pedra Pintada près de Monte Alegre dans la partie nord de l’Amazonie, révélant un art rupestre datant d’environ de 11 200 ans av. J.-C. Denise cite aussi l’archéologue brésilienne Denise Schaan (1963-2018) spécialiste des cultures précolombiennes qui a, entre-autre, étudiée les géoglyphes, ces grands  dessins mystérieux et inexpliqués à même le sol dont les plus célèbres sont les ‘Lignes de Nazca’ au Pérou.

Denise Milan 33e Biennale de São Paulo Photo Thomas Susemihl

Une polymathe infatigable

Denise Milan Opera das Pedras Photo Lucas Mandacaru

Denise Milan, née à São Paulo en 1954 mais marquée par ses origines libanaises, repousse « les murs » de l’infernale mégalopole où elle continue de vivre et travailler avec une œuvre polymorphe qui embrassent tous les savoirs, science, technologie, anthropologie, philosophie, littérature, poésie et musique.  Balayant toute catégorie, ses installations fusionnent performances, art urbain et vidéo, opéra et sculptures qu’elle pointe ou relie sur ses engagements citoyens pour la planète.  Cette militante assumée s’est retrouvée à la COP 22 à Marrakech. Elle poursuit ses ouvertures dans un programme éducationnel qu’elle a créé pour les plus jeunes tel que “Espetáculo da Terra” (le spectacle de la Terre) inspiré par son opéra ‘Ópera das Pedras’. Des ateliers (Art, Science, Histoire, Poésie, Théâtre, Musique) se terminent par un spectacle de rue. Toute la production est réalisée et conçue collectivement à l’aide de matériaux recyclés pour créer un spectacle-procession auquel participent chaque fois un millier d’enfants des communautés de São Paulo.

Touche à tout, curieuse de toutes les nouvelles technologies, cette expérimentatrice et inventeuse cherche à composer par tous les moyens un art généreux, au sein duquel tous les ‘sons’ du monde seraient accueillis. Parmi ses influences intellectuelles, le minimaliste américain John Cage (1912-1992) tient une place de choix.

Denise Milan Opera das Pedras Photo Lucas Mandacaru

Sacraliser le potentiel qui émane de la matière

Son art urbain dont elle est une fervente protagoniste se confond à une pratique sociale qui vise à transformer la vie des enfants des communautés défavorisées. Des performances musicales accompagnent ses recherches, en travaillant sur « l’invisible » de l’œuvre et sacralisent ainsi le potentiel qui émane de la matière.  C’est en 1981, quand elle s’installe à New York, qu’elle a élargi ses connaissances de la performance et du théâtre expérimental avec des artistes et metteurs en scène d’avant-garde, tels que Richard Schechner (1934-), l’un des théoriciens du théâtre contemporain et directeur du Performing Garage ou encore Bob Wilson (1941-) et surtout Lee Breuer (1937-2021), légende du théâtre américain et fondateur avec Philip Glass (1937-) de la compagnie de théâtre expérimental  « Mabou Mines« ,  qu’elle a invité à diriger son opéra.

Denise Milan, Último encontro, Opera das Pedras Photo Denise Milan

La pierre comme origine et renaissance du monde 

Denise Milan, madona no ovo fala organiza exercito, Opera das Pedras Photo Denise Milan

Son « Ópera das Pedras» (opéra des pierres) présenté au Sesc Ipiranga de São Paulo en mai 2010, est un appel prophétique, une chanson poétique qui traite de l’imagerie de la pierre, montrant la Terre comme sujet de la vie elle-même. La pierre, assumée comme origine et renaissance du monde, est le protagoniste de cette épopée dans laquelle le drame humain est ainsi représenté métaphoriquement.
Du magma au quartz, l’histoire raconte le drame du cristal en perpétuelle transformation. Le cristal comme perfection de la nature, sert de miroir et reflète les désirs de l’Homme. Cet opéra est un chant de renouveau dans lequel la voix de la pierre se fait entendre mettant en scène le passage, peut-être possible, du chaos à l’ordre. La Terre, épuisée et dévastée par la cupidité humaine, cède la place à la Terre renouvelée par l’amour.

Denise Milan Opera das Pedras Photo Lucas Mandacaru

Sans polarité il n’y a pas d’évolution

Denise Milan, Opera das Pedras Photo Denise Milan

Le regard de Denise Milan est voisin de celui de l’artiste romantique William Blake (1757-1827). L’ « Ópera das Pedras » aurait pu être un manuscrit enluminé du XVIIe siècle comme « Le mariage du ciel et de l’enfer« . C’est un opéra de chambre qui mêle la musique d’aujourd’hui à l’âme de la Renaissance.
Les pierres, représentent chaque homme, chaque femme, chaque artiste en pèlerinage pour trouver le Graal, source de toute créativité. » précise son ami Lee Breuer. Pour Blake comme pour Denise, tout demeure dans la polarité. Sans cette dernière il n’y a pas d’évolution.
Attraction et répulsion, concentration et dispersion, tension et flexibilité, amour et haine, sont nécessaires à l’existence de l’homme. Les deux artistes vous invitent à une expérience, à la recherche de la source de la créativité.

Des pierres mythiques qui abritent toute l’humanité

« Ópera das Pedras » s’inspire de l’allégorie de la caverne de la République de Platon exposant en termes métaphoriques les conditions d’accession de l’homme à la connaissance du Bien ainsi que sa transmission. Il fait aussi appel au mythe sur les Indiens brésiliens Ikolen Gavião, de Rondônia. Pour ces derniers, l’humanité était cachée sous un gros rocher. Entendant des voix venant de la pierre, ils ont alors décidé d’appeler tous les oiseaux à bec dur pour l’aider à percer des trous dans la pierre. Denise précise : « tout comme dans mon travail des valeurs humaines sont attribuées au quartz. La pierre de quartz, minéral commun et universel, est présente dans 70% de la croûte terrestre de notre planète. »

Denise Milan Espetáculo da Terra Tratada Photo Julieta Bacchin

J’ai vu une parabole moderne dans les histoires de ces pierres mythiques
qui abritent toute l’humanité mortelle
et coïncident avec la pierre bleue du cosmos, la Terre en renouvellement.

Révéler des possibilités insoupçonnées

Denise Milan fait partie de ses artistes qui sait s’inventer son propre espace de liberté. C’est sans doute la raison pour laquelle elle se sent proche de sa congénère américaine Laurie Anderson (1947-). Loin de tout formalisme, elles savent développer un art ludique de collages et de juxtapositions sonores et visuelles dont les composantes d’apparence hétérogène trouvent un lien à travers la logique secrète d’une émotion poétique. Leurs performances associant différents médias démontrent que, sans appartenir aux milieux musicaux, elles se révèlent riches de possibilités insoupçonnées.

Denise Milan, mão de deus, Garden of Light, Photo Jay Colton

Source des signes ouverts de la Terre

L’œuvre sculpturale de Denise Milan est essentielle et l’indispensable complément de ses spectacles, performances, écritures…pour elle qui pense son propre corps comme un cristal, un corps translucide, à travers lequel la lumière peut traverser (trans, suggère la transformation le translucide mais aussi fait appel philosophiquement à la lucidité). Les petites figures humaines qu’elle introduit dans ses compositions, c’est nous, face à l’immensité de l’univers.  La Pierre n’est pas qu’une métaphore mais le cœur physique de son travail en de grands assemblages où elle ne transforme pas les formes, compte tenu de la perfection de l’aspect naturel des pierres sélectionnées. A partir de 1988, la pierre, le cristal, devient son axe de création, source des signes ouverts de la Terre, des vibrations moléculaires. Les différents états de la matière en éternelle mutation sont capables de nous informer sur l’ordre de l’univers.

Denise Milan, Garden of Light. Photo Jay Colton

La pierre oracle

Denise Milan, Opera das Pedras Photo Lucas Mandacaru

Souvent Denise cherche des roches à forme humaine afin de rapprocher l’univers minéral du notre, manière pour elle de montrer que nous faisons partie intégrante de la Création et sommes donc un des éléments de la Terre. C’est ainsi que dans son opéra, elle a présenté une améthyste vieille de 130 millions d’années qui ressemblait à une madone qu’elle a nommé Agrégora, un personnage qui porte le principe féminin de la création et qui agrège tout, comme le cristal qui agrège les molécules et forme un réseau cristallin. Cette Madone vient des terres brésiliennes. Elle nous relie à nos origines. En tant que quartz, elle cherche l’immortalité et affronte le basalte, une pierre mortelle. Agrégora est née comme une solution au drame de la matière et brise la condamnation d’être une femme emprisonnée dans le silence. Elle cesse d’être une pierre muette. L’interdit cesse, et elle se transforme en une pierre qui parle, révèle l’oracle, déchiffre l’énigme de la pierre. Agrégora est la voix des différentes voix. Rappelant que le principe féminin de la création est présent en chaque homme tout comme en chaque femme.

Denise Milan 33e Biennale de São Paulo Photo Thomas Susemihl

Une osmose entre mythes, fiction et réel

Avec le cristal comme fil conducteur métaphorique qui superpose les temps, son œuvre multiplie les va et viens permanent entre mythes, fiction et réel et se transforme pour nous amener à plus de lucidité. Denise Milan est aussi poète, ne l’oublions pas.  « Le mythe se situe au plus profond de l’être. Lorsqu’elle est évoquée, elle se laisse révéler et fait surgir une magie qui appartient à l’humanité. Il y a une coïncidence entre le Jardin de Lumière (1998) … la ville de l’Apocalypse et plus précisément le mythe médiéval d’« Ïlha Braçile », un mythe dont le nom coïncide avec la Terre du Brésil, Terra Brasilis, un lieu dont les relations sont harmonieuses et limpides. Dans ce continent imaginaire qui peut parfois se présenter ici et maintenant, les contradictions cessent d’exister et lorsque nous ne sommes pas d’accord avec nos résistances, nous pouvons atteindre notre être. L’être est cristallin. L’île de cristaux est une métaphore de l’être. Parfois elle se cache, parfois elle se laisse découvrir. Pour y accéder, il faut partir à la recherche. Le point de départ est en nous. » nous lance comme défi Denise Milan.

Denise Milan, Outras, Garden of Light, Photo Jay Colton

J’ai donné aux pierres la langue qui m’a été enlevée

D’où peut bien venir une telle fertilité imaginative ? Denise lève une partie du voile en nous confiant : « Mon imaginaire a été tracé depuis l’Orient dans cette terre brésilienne. Mais la langue arabe m’a parlé, m’a raconté toutes ses liturgies, ses merveilles, ses fantaisies. Coulant de ma poitrine comme les triomphes de générations de conquérants qui se sont succédé sur ces terres. Phéniciens, Perses, Byzantins, Grecs, Romains parmi tant d’autres. Et moi au milieu de ce colossal savoir qui m’a formé. J’ai plané sur ces deux terres. » 

Deux continents apparemment éloignés et dans mon âme juxtaposée
J’ai donné aux pierres la langue qui m’a été enlevée.

Denise Milan, TrincAr, 15-09-22, no Margs, 13e Bienal do Mercosul, Porto Alegre Photo Mateus Bruxel

Une métaphore de l’existence  

Contrairement à son immense installation ‘forêt humaine’ inédite composée de cristaux et d’améthystes posées à même le sol et en pleine lumière de la 33ème biennale de São Paulo en 2018, « TrincAr », œuvre imaginée pour la 13ème biennale du Mercosul de cette année, ne se laisse découvrir que dans la pénombre. Le public doit s’approcher d’une large fissure qui parait comme une grande cicatrice horizontale de quatorze mètres de long sur un mur noir pour y découvrir dans la lumière de son creux une installation composée d’une gigantesque quantité d’améthystes (quartz violet), de nombreuses projections cristallines de gypse, ainsi que des sphères de verre translucides.

En lien avec ces précédentes œuvres, dans une pensée qui renouvelle toujours ses concepts dans une démarche ellipsoïdale propre à l’artiste, l’installation porte sur la genèse des pierres et des roches formées dans les bulles du magma terrestre. TrincAr signifie fissure mais les deux dernières lettres en portugais signifient « air ». Cette longue ouverture raconte le « drame de la matière » dans ses « bulles », en rappelant que nous ne pouvons pas vivre sans air si la vie doit continuer. La fissure rend visible l’alchimie qui indique la voie de la survie. Cette cicatrice est la métaphore du dépassement, basée sur l’auto-régénération de la matière.

Denise Milan, TrincAr, 15-09-22, no Margs, 13e Bienal do Mercosul, Porto Alegre Photo Mateus Bruxel

Nous faisons partie du plus grand événement de la création

« La Terre raconte toujours ses histoires. À ses débuts, les continents formaient un bloc unique appelé Pangée, il y a 220 millions d’années. Le supercontinent a commencé à se fissurer et à se séparer et il y a 130 millions d’années, grâce à la dynamique des plaques tectoniques, le Brésil, l’Afrique et l’Inde sont devenus les continents que nous connaissons aujourd’hui. Puis une grande lave volcanique a éclaté dans la région du sud du Brésil, dans l’actuel Rio Grande do Sul, notre état le plus au sud, et le magma a donné naissance aux améthystes présentes dans cette installation. » souligne Denise Milan en indiquant ce « pourquoi être ici, avec eux, est un hommage à l’époque des grandes transformations de la Terre – sa façon unique d’adaptation et sa propre façon de guérir. »

Denise Milan, TrincAr, 15-09-22, no Margs, 13e Bienal do Mercosul, Porto Alegre Photo Mateus Bruxel

Relier les grandes transformations de la Terre à nos propres blessures,
c’est prendre conscience que nous faisons partie du plus grand événement de la création
qui nous unit à un objectif commun de survie
.

Denise Milan 33e Biennale de São Paulo Photo Thomas Susemihl

La cristallisation d’une mémoire historique, humaine.

 

« Le poète est plus celui qui inspire que celui qui est inspiré » la vision du poète de Paul Éluard (1895-1952) correspond au rôle que porte Denise. A l’évidence, même si les oracles de cette visionnaire inspirée sont parfois énigmatiques, toute la complexité bienveillante de son œuvre, dont la Terre et les Pierres ne sont qu’une magnifique « cristallisation » au sens propre et figuré, vise à nous (re)connecter à l’univers. Ce qu’écrit Maurice Blanchot  (1907-2003) dans ses chroniques des Débats sur William Blake le dit mieux : « Pour Blake, les choses réelles que nous voyons doivent faire place à des choses imaginaires qui seules en manifestent la vraie nature. ».

Regard à compléter avec ce que le philosophe Martin Heidegger (1889-1976) écrivait sur l’artiste allemand Joseph Beuys (1921-1986), autre mentor de Denise, qui comme elle fusionne l’art et la vie à un point ultime d’incandescence : « Celui qui, par sa création, manifeste le mystère du monde à défaut de pouvoir le montrer. Par la matière minérale et la matière animale, il tend à retrouver l’essence de la vie et de son émergence. Il est en quête d’une mémoire historique, humaine … »
Laissez-vous donc inspirer par Denise Milan !

#Marc Pottier

Pour suivre Denise Milan

Le site de Denise Milan

Sur la Biennale du Mercosul à Porto Alegre, Brésil

Œuvres permanentes (sélection)

Pedrafagia?, poème de Denise Milan

Petrafagia?

Degustem a pedra,
petisquem seus segredos,
desvendem seus ingredientes,
provem suas entranhas,
mastiguem suas origens…

Prontos para transferir esses saberes da vida?
Deixem de ser quem foram
para se tornar quem serão.

Perante a impermanência,
novos acordos:
orgânico vira inorgânico
um ciclo findo, outro recomeça.

Desaparecer ou evoluir?

O que não se reinventa
vira pó, perece.

Para sobreviver a matéria flui…

…renascemos.

 

TrincAr, poème de Denise Milan

TrincAr

Uma fenda se abriu…
Cra cra cra cra cra cra cracareia
Urro, me contorço, grito
rrrrrrrrrrrrrrrrr

Sem ar,
agitada, desorientada, desequilibrada
insisto

Transformação
Dança metafísica
moléculas rodopiam
átomos da matéria se unem
com ares de esperança,
início da cura

Com bolhas de superação,
a cicatriz é anunciada

Reconquisto o ar
A vida continua
Volto,
Matéria a respirar

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