Une icône librement révélée par le music-hall 

Pour donner toutes ses dimensions à cette Colette, à la vie aussi trépidante que ses idées dans un siècle étouffant dans le patriarcat bourgeois, il faut une large scène pour déployer tous les moyens audiovisuels qui réactualisent le music-hall et cette figure littéraire ! … Ce « Music-hall Colette », de et avec Cléo Sénia fait la part belle à la jeunesse de la rebelle. Enfin presque, puisque le personnage de Claudine répond à l’icône grande fan de chats par écrans interposés. Et balaye toute la poussière qui colle encore à la statue de l’écrivaine.

Music-hall Colette, de et avec Cléo Sénia et Alexandre Zambeaux balaie d’ un vent frais l’icone littéraire  (Tristan Bernard) Photo Julien Piffaut

Disons-le tout de suite, Cléo Sénia est éblouissante dans son incarnation de Colette, gonflée, énergique et véritable caméléon, belle voix et corps sculptural, …  Sa nomination pour la catégorie « Révélation féminine aux Molières 2024 » est largement justifiée.

Tous les ressorts du music hall pour révéler la jeunesse de Colette dans Music-hall Colette, de Cléo Sénia et Alexandre Zambeaux (Tristan Bernard) Photo Julien Piffaut

Bourrée de trouvailles jubilatoires

La mise en scène de Léna Bréban multiplie les trouvailles réussies, autant scéniques que visuelles, grâce notamment à la scénographie de Marie Hervé : les projections de films d’actualité avec le commentaire off du « fantôme » de l’auteure, les déshabillages en clair-obscur, le jeu avec le manteau de la mère, …
Beaucoup d’idées qui font mouches et qui brossent les traits et les contours d’une personnalité animée d’une irrésistible soif de libertés. Le récit courre sur toute la vie de l’auteure: de son enfance dans la maison de à ses obsèques. Le texte de Cléo Sénia et Alexandre Zambeaux est rythmé  par des scènes fortes sans temps mort, centrée sur une personnalité qui s’éclaire dans les contextes de chaque époque.

Toutes les ambivalences d’une artiste

Avec subtilité, le texte passe en revue les contradictions de Colette, femme libre en amour, elle n’hésite pas à choquer les bourgeois en s’affichant nue sur scène ou en ayant des relations saphiques ou avec le fils de son deuxième mari Jouvenel, de 16 ans son cadet. Pour autant, elle se déclare contre mais le vote des femmes et s’élève contre les suffragettes.

 Cléo Sénia se donne à fond dans Music-hall Colette en tournée en France Photo Julien Piffaut

En chantant

Comme « Colette L’indomptable » de Gaël Lepingle, autre modernisation de l’icone littéraire, quelques chansons apportent une note de charmes, telle une ponctuation. Elles sont joliment troussées par Hervé Devolder (vous souvenez-vous de sa très drôle comédie musicale La crème de Normandie). Le spectacle fait se lever le public à la fin de la représentation au Tristan Bernard, bonne nouvelle cette réussite jubilatoire se poursuit en tournée en France jusqu’en mai 2025 et revenir souhaitons -le à Paris pour la saison 25-26.
A suivre donc.

Patricia de Figueiredo