NILS-UDO, Photographies et Peintures (Galerie Pierre-Alain Challier)
Catalogue NILS-UDO, Art in Nature. Musée d’art et d’histoire de Saint-Lô. (disponible à la Gallerie PA Challier)
« Je ne suis pas un land artist. Moi, je réorganise la nature » Après le musée de Saint Lô auquel elle avait prêté quelques œuvres, la Galerie Pierre-Alain Challier expose jusqu’au 26 novembre un magnifique condensé du travail de NILS-UDO, qui développe une œuvre « autour de la Nature, invitant le regardeur à se distancer du réel ». Tableaux et clichés en grand format se répondent, et proposent une immersion fascinante dans cette ambition d’abolir la frontière entre l’art et la vie.
C’est tout ce qui s’offre à la préhension des cinq sens de l’homme,
qui participe à la conception de mon travail.
NILS-UDO
Composer avec la nature
« Avec mon travail dans et avec la nature, j’abolis la frontière entre l’art et la vie. » NILS-UDO a abandonné dans les années 70 la peinture pour composer avec la nature. Son œuvre passe de Ia représentation à Ia présentation. La formule Natur-Kunst-Natur traduit parfaitement son engagement : l’art part de Ia nature et y revient. L’art est une phase transitoire entre deux étapes naturelles.
Ses mises en scène délicates et participatives avec leur environnement l’ont rendu internationalement reconnu Une délicate poésie se libère des photographies qui en captent la fugace présence seulement lorsqu’elle atteint la perfection. A la différence de ses confrères ‘land artist’, qui créent dans la nature, NILS-UDO revendique de se laisser entrainer par celle-ci : « J’arrive toujours sans la moindre idée préconçue : mon travail consiste à réagir ».
Je ne suis pas sculpteur.
Je ne réorganise pas la nature au moyen d’objets ou d’artefacts.
Mon unique sujet est la nature, et le résultat, l’œuvre d’art, est la nature même.
Mon œuvre permet seulement à la nature de se représenter elle-même.
Elle est un prétexte pour ouvrir nos yeux et nos cœurs à la réalité de la nature.
Une célébration de la nature
Sa façon de réenchanter la nature, souvent par quelques ajouts – même si ses interventions impliquent un immense savoir-faire invisible, maitrise du temps, des ressources naturelles et de la lumière. La grâce du cliché constitue la marque de fabrique de ses photographies ; déclenchant la surprise, l’attention et l’immersion du regardeur. L’ artiste arpenteur ne présente pas seulement un aspect esthétique ou décoratif de la nature, mais il l’utilise comme force créatrice. C’est la nature qui agit et fait l’œuvre. Udo en fait surgir l’énergie vitale, celle qu’il a ressenti et qui l’a inspiré.
Malgré ses interventions dans la nature, rien n’est irréversible, la nature avec le temps peut reprendre ses droits. Il nous invite à une célébration de la nature, il nous met face à nous-même et nous fait prendre conscience de notre fragilité. Il nous y immerge pour mieux la voir vivre et se l’approprier respectueusement.
Le geste transcende le moment, suggérant un lien ancestral et magnifique avec l’artiste
qui ouvre pour nous une porte vers l’origine
et nous invite à apercevoir quelque chose que nous voyons si rarement.
John K. Grande dans le catalogue du Musée de Saint Lô
Une mise en scène de nature, capturée avec la précaution d’une scène de crime
« L’arrangement est un geste non destructeur » Dés que son regard a repéré le potentiel d’une « scène de nature » NILS-UDO cherche à limiter son intervention comme un inspecteur veille à respecter une scène de crime : il puise et utilise les matériaux présents sur place (des branches aux pétales, de reflet de l’eau au givre) pour réaliser des compositions fragiles et éphémères (à quelques exceptions d’interventions dans des jardins comme au Domaine de Chaumont sur Loire ») : « Même si je travaille parallèlement à la nature, et n’interviens qu’avec la plus grande prudence, une contradiction essentielle demeure. […] Mon travail fait du tort à ce qu’il touche : la virginité de la nature. »
L’intervention de l’artiste est une sorte d’allitération.
Elle ajoute une touche humaine à un élément préexistant.
Ici, les structures géologiques et biologiques se mêlent naturellement.
L’intervention fait corps avec le lieu, tout en nous interrogeant sur la place de la nature au sein de la condition humaine.
Une question que nous nous posons bien rarement.
John K. Grand
La peinture, variations-miroirs autour de la nature
Depuis 2004, NILS-UDO a repris la peinture maintenant à l’huile, pour se réapproprier la nature et la restituer sous un autre medium. Ses préoccupations d’artiste sont alors celles d’un peintre. Si les photographies capturent la beauté de ses installations naturelles, ses tableaux se teintent d’onirisme colorée, aux gestes précis et fluides. Autant ses mises en scènes en pleine nature exigent un contrôle maximum des aléas, autant il assume de laisser la peinture prendre le dessus et le guider : “Je pars de la nature, mais j’arrive à l’abstrait, à la composition qui ne reproduit pas, aux couleurs qui ne sont plus celles d’objets réels, qui sont des couleurs tout court.”
Les peintures de NILS-UDO pour leur part, se veulent des variations autour de la nature qui, simplement, existe.
Leurs nuances chromatiques capturent le flux des éléments et des environnements dans des microcosmes qui sont le monde naturel avec lequel Nils-Udo travaille.
John K. Grande
On ne peut comprendre ma peinture qu’en la mettant en miroir avec mes œuvres dans la nature.
Une expérience vécue au sein de la nature mène soit à une installation dans cette nature, soit à une peinture dans mon atelier.
Le point de départ et le thème de ces deux disciplines sont exactement les mêmes. Ces deux disciplines sont les deux faces d’une même médaille. NILS-UDO
De même que mon œuvre dans la nature est un travail dans l’espace, de même la peinture est-elle un travail sur une surface. Une surface recouverte de couleurs et de formes, selon un certain ordre. Et ces quelques mots, « dans un certain ordre », suffisent déjà à décrire tout l’immense et inépuisable potentiel de la peinture. NILS-UDO
Le vocabulaire de la nature. Couleurs et formes. Combinaisons de formes et de couleurs. Il m’arrive souvent d’être à ce point exalté par une expérience vécue au sein de la nature que mon cœur bat la chamade. Comme en écoutant une grande musique. Nuances de bleu, nuances de vert – infinies. Magie de la couleur. Et c’est bien de cela qu’il s’agit, quand mon cœur bat je vis, la plus grande expérience qu’il me soit donné de vivre. NILS-UDO
Laisser vous entrainer le temps d’une plongée à la Galerie Pierre-Alain Challier dans l’univers magique de NILS-UDO,
vous ne regarderez plus la nature de la même façon, tant vous rechercherez ses interventions magiques !
#Olivier Olgan
En savoir plus
- Le site de NILS-UDO
- A lire : NILS-UDO : L’art dans la nature, Flammarion, 2002 160 p. 50€