Notre-Dame, Reine de Douleur, Reine de Victoire, de Sylvain Tesson (Poche Montparnasse)
Que dit de nous la fascination de l’ incendie Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019 ?
La douleur, la tristesse et la sidération, les émotions vives , impensables qui s’emparèrent du cœur des parisiens et du entier fit de cet événement une incommensurable communion mondiale.
« Qu’est-ce qui est parti en fumée ce soir-là ? Nos illusions ? Nos arrogances ? Rien qu’une structure de bois et de plomb ? » se demande Sylvain Tesson
pour reprendre le mot de Paul Valéry : « Que serions-nous sans le secours de ce qui n’existe pas ? »
Une vaillante homélie à la gloire de Notre Dame
Ce que racontent les mots enflammés de Sylvain Tesson dans le spectacle intime Notre Dame Reine de Douleur, Reine de Victoire, est une vaillante homélie à la gloire de ce monument indissociable de la ville de Paris.
Prenant comme point de départ le calvaire vécu par la grande dame lors de cette funeste fin de journée du 15 avril et d’une bonne partie de la nuit du 16 avril 2019, l’écrivain voyageur déploie toute sa verve en brassant dans un même geste: Histoire, mythologie, mémoire collective, héroïsme, don de soi et pratique ancestrale d’un savoir-faire artisanal dont l’excellence universelle dépasse la notion même d’art.
Une lyrisme à fleur de pierre
En une bonne heure, chaque comédien en alternance (Samuel Labarthe, François Marthouret, Claude Aufaure et Christophe Barbier) s’adonne à une lecture passionnée du texte de l’auteur de La Panthère des Neiges. Il détaille en quatre chapitres une approche à fleur de pierre de la nature intrinsèque de Notre Dame de Paris. Abordant son sujet par son élévation prodigieuse et la majesté de sa présence, qui dans sa jeunesse fût un appel impérieux à l’escalader, Sylvain Tesson lui témoigne sa dévotion.
« Il y a plus de trente ans, j’étais un escaladeur de cathédrales. Je rejoignais parfois les membres d’un cercle d’acrobates qui me surnomaient ironiquement le prince des chats. À terre, je me trouvais maladroit et indiscipliné. Sur les corniches, je devenais précis et soucieux de ne pas rompre le bel équilibre. (…)
Les cathédrales escaladent le ciel. Nous escaladions les cathédrales. Vues d’en haut, elles ressemblent à la carcasse d’un coléoptère monstrueux pris dans la toile d’araignée de la ville. »
Évoquant la sanctification de son histoire magnifiée par Victor Hugo, en soulignant la compréhension mystique de son bâti par Viollet Le Duc l’architecte qui remit la cathédrale au centre de la capitale, il parvient à nous transmettre au sens noble du terme ce que peut représenter un attachement collectif.
La volonté collective d’une renaissance
Quant au chemin de douleur de son incendie qui illumina l’héroïsme de nos femmes et hommes du feu et sa résurrection, il souligne la portée de la volonté d’une renaissance. Celle d’une humanité illustrée par les mains de maîtres d’œuvre ouvrageant leur savoir-faire ancestral au cœur de l’édifice, procréant l’excellence au service d’un bien commun qui comble tous les abîmes.
Il rappelle que tout est possible lorsque est prôné la paix sur terre aux hommes et aux femmes de bonne volonté.
À ce titre, l’anecdote frappante de l’intervention d’un pompier de première classe, qui avait lu Notre Dame de Paris, alors que tout semble perdu, propose de s’attaquer en priorité au beffroi tel que le conseille Victor Hugo dans son chef-d’œuvre. Ce qui s’avérera décisif. Par la parole entendue d’un de ses plus simples sauveteurs, Notre Dame fût sauvée.
Notre Dame nef de la foi. On a refait le monde.
Les textes sont extraits de Notre-Dame de Paris, Ô reine de Douleur, Ô Reine de Victoire (éditions de l’Équateur) mais aussi sa Préface de Sauver ou périr, Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris de Sébastien Spitzer et des extrait du Livre d’Art de Laurence Bost, Les gardiens du geste.
jusqu’au 1er février 2025, du mardi au samedi à 21h, Théâtre de Poche-Montparnasse