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Paris Loves Vinyl #9e édition 6 novembre (Espace Reuilly)
Auteur : Baptiste Le Guay
Article publié le 3 novembre 2022
Amoureux du « digging » et nostalgiques des pochettes de microsillon, la 9e édition du Paris Loves Vinyl, référence des Conventions de vinyles en France, se tient le dimanche 6 novembre à l’espace Reuilly. Denis Dantas, son créateur revient pour Singulars sur son parcours de fondu de toutes les musiques qui les apprécient mieux quand elles se valorisent en un bel objet, qui peut s’acheter et revendre.
Piqué jeune par l’aiguille du 45 tour.
Denis Dantas raconte sa première approche avec l’objet « mon père m’offre mes deux premiers disques en 1984 avec Thriller de Michael Jackson et Purple Rain de Prince ». A l’époque, le vinyle est toujours inscrit dans la culture populaire, il est possible d’en trouver dans les supermarchés, loin de l’objet convoité qu’il est devenu aujourd’hui.
Une culture musicale nourrie de Hip Hop
Par affinité, Denis Dantas construit sa culture musicale avec le Hip-Hop en suivant les prémisses du rap français à partir de 1987-88. Il écoute l’émission de radio sur Nova où il y avait les NTM et Assassin. « J’enregistrais ça sur des cassettes qui duraient entre 60 et 90 minutes, donc je devais changer la face toutes les 30 ou 45 minutes. Je me dépêchais de changer de côté pour en louper le moins possible » se rappelle Denis. A l’époque, Dee Nasty est le pionnier qui ramène les morceaux de Hip-Hop américains en France, une effervescence parfaitement illustrée dans Le monde de demain (Arte).
Il y a une transmission de la passion de l’objet
qui est intéressante
Denis Dantas
Un passage à Londres et à la Black Music
Par la suite, Denis bascule sur le Reggae et Ragga, notamment en achetant ses vinyles chez Blue Moon, un disquaire parisien situé à St Michel. « Il y avait des arrivages de 45’ tours en provenance de Jamaïque » se souvient l’intéressé.
Par la suite, il découvre les samples (l’instrumental soit la musique sur laquelle les rappeurs chantent) de tous les morceaux originaux du Hip-Hop avec le Jazz, la Soul et la Funk.
1994, départ à Londres.
C’est en Angleterre qu’il va construire pendant quatre ans une grande partie de sa culture musicale. Denis se souvient de cette folie où « les rues regorgeaient de magasins de disque. Dans le quartier de Soho seulement, il y avait déjà entre 30 et 40 boutiques ».
Denis passe tout son temps libre chez les disquaires, découvrant un maximum de disques provenant de la Black Music (Soul, Funk,Jazz). En parallèle, il sort dans les soirées Hip-Hop londoniennes, notamment les ‘Soul Kitchen’ à Piccadilly.
Un soir, il se « retrouve nez à nez avec Notorious Big. Il venait de sortir son premier Maxi (format musical entre le single et l’album), il n’était pas trop connu malgré ces quatre gardes du corps et n’avait pas encore de succès auprès des filles comme ça aurait pu être le cas ensuite ». Le rappeur de Brooklyn explose quelques mois après en devenant une super star, et une légende avec sa mort prématurée.
Une addiction aux compilations musicales
« C’était un accélérateur de culture car elles regroupent les meilleurs tracks des meilleurs albums ». Grâce à ces compils et à sa passion dévorante de vouloir en découvrir toujours davantage, Denis va élargir sa palette musicale. Il tombe notamment sur des disques de Deep Funk, particulièrement ceux de Manchester.
Sur un marché à Camden Town, Denis rencontre Nicolas Magneron, le patron du label Soul Patrol à Paris, un des premiers à faire des compils pointues de Deep Funk. Les mixes produits par Soul Patrol permettent de « doubler, tripler ou quadrupler la valeur des disques dont ils diffusaient les morceaux » explique Denis.
Un retour en France et au mix
Avec une très belle collection Hip-Hop, Denis revient à Paris en 1998 : « j’avais du rap français et du rap US, essentiellement des maxis car j’avais besoin des instrumentales et des acapelas pour mixer ». Il mixe dans des bars branchés du 8ème arrondissement avec Kay One, qui gravitait autour des graffeurs de NTM. Denis devient un DJ résident dans un bar où il joue entre trois à cinq fois par semaine.
Dans le vinyl, il y a toujours eu cette culture du trading
où nous nous échangeons des disques entre nous.
Vivre de sa passion
Au début des années 2000, Denis décide de lâcher son métier dans l’immobilier pour se consacrer totalement à vivre du vinyl : « C’est venu naturellement donc j’ai commencé à vendre des vinyles, et louer du matériel sono pour les DJ’s » déclare le fondateur du Paris Loves Vinyle.
Régulièrement Denis se rend à l’étranger pour « digger » (fouiner dans les bacs des disquaires), à l’affût des perles rares et de genres musicaux qu’il connaît peu. A l’époque de ses voyages, un autre digger de vinyles parisien, Paulo de Super Fly Records fait un malheur dans les boutiques brésiliennes. « C’était le loup blanc à Rio de Janeiro, les magasins lui réservaient pas mal de choses. J’étais obligé d’aller à Sao Paulo car il aspirait tout à Rio » dévoile Denis.
« J’ai fait des allers-retours au Brésil pendant une dizaine d’années, je descendais à Sao Paulo en car pour passer trois jours non-stop dans les shops, essentiellement au Disco 7 ».
Comme au Japon, les boutiques de la ville sont en galerie ou dans des immeubles, réparties sur des étages. « Comme un bon gringo, je suis arrivé avec ma liste de disques, et je suis finalement reparti avec que des disques qui n’étaient pas marqués dessus » confie Denis avec humour.
Quand il revient à Paris, il rembourse ses voyages en revendant ses disques achetés sur place, qu’il prend parfois en plusieurs exemplaires.
La création de Paris Loves Vinyl
Lorsque Denis va à des conventions de disques à Paris (Voltaire, Austerlitz, Champerret), il trouve de plus en plus l’ambiance vieillotte voire carrément pesante. C’est ainsi qu’il décide de créer un rendez-vous bisannuel Paris Loves Vinyl en 2017. « Je voulais passer des années 80 au 3.0 directement, avec un nouveau format axé sur les jeunes et des vendeurs dynamiques » explique le fondateur de l’événement.
De #1 à #9 Paris Loves Vinyl
Depuis la première édition, PLV a doublé son volume de vinyle en passant de 50 à 100 000 vinyles. Au programme de la 9e édition, 70 vendeurs spécialisés dans tous types de musique (house music, hip-hop, rock, reggae, etc…). Il y aura aussi 8 DJ’s présents pour ambiancer les visiteurs toute la journée.
Ce format nouvelle génération rassemble « un noyau dur de diggers (personnes qui cherchent les perles rares) mais aussi une clientèle beaucoup plus jeune. Nous avons aussi une clientèle féminine de plus en plus importante qui doit représenter 30% des participants ».
En parallèle des conventions bisannuelles, Denis lance un autre événement le « Paris Vinyl Sale » au Bastille Design Center (dernière édition le 25 septembre 2022). Le concept de déstockage est simple, tous les disques sont à moins de 10 euros, ce qui attire un public plus large, à l’affût des bonnes affaires. La semaine suivante, Paris Loves Vinyl ira du côté des Pays-Bas à Dembauch, pour « la plus grosse convention de disque du monde ».
Le vinyl plus fort que la crise
La pandémie du Covid 19 a empêché ces événements de se produire entre 2020 et 2021. Selon Denis, la conjoncture économique et sociétale met également « un frein sur la consommation des produits de loisirs comme le disque ». D’autant plus que depuis 2015, le retour à la mode du vinyle a participé à l’explosion de ses prix.
Malgré cela, Denis rassure : « Il y a une transmission de la passion de l’objet qui est intéressante ».
Et si ce n’était pas le secret de de retour aux sources, la plus belle chose du vinyle : faire découvrir aux autres ce que l’on aime en lui donnant un bel objet !
#Baptiste Le Guay
Pour en savoir plus
sur les évènements Paris Loves Vinyl
#9 Dimanche 6 novembre 2022, de 10 à 18h, Espace Reuilly, 21 rue Henard Paris 12 – Réserver sa place
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