Mécaniques
Peugeot e-Legend = E comme épure et « Legend » d’ingénieurs
Auteur : Jean-Philippe Domecq
Article publié le 1 mars 2019 à 10 h 12 min – Mis à jour le 12 mars 2019 à 10 h 27 min
Un prototype de montre révolutionnaire circule ces temps-ci auprès d’investisseurs pour remettre en orbite le haut de gamme français sur le marché de l’horlogerie de luxe en expansion exponentielle. Il suffisait de se souvenir de l’invention d’un génial ingénieur du XIXème siècle, Onésiphore Pecqueur, remise au goût du jour…
Le Nombre d’or automobile
L’enthousiasme peut être logique comme une équation et résulter d’un nombre agissant comme un code secret. Le « nombre d’or » en l’occurrence, cette règle de composition quadrillée qui explique l’effet de certains chefs d’œuvre picturaux depuis la Renaissance, peut se retrouver dans l’industrie et le design. Et ce n’est pas réservé aux produits de luxe : en automobile par exemple, la Mini, dont on fête les soixante ans de naissance, fut aussi révolutionnaire qu’éternelle.
Avant sa commercialisation en 1959, les dirigeants de British Motor Company furent si déroutés par l’invention de ce génie d’ingénieur qu’était Alec Issigonis, qu’ils demandèrent son avis au grand couturier de la carrosserie automobile, Pinin Farina : « Ne changez rien, elle est parfaite », leur dit le grand Italien, ayant aussitôt compris que cette petite caisse alliant cube et courbes était d’une simplicité biblique. Elle sera copiée par tous les constructeurs, depuis la R jusqu’à la Golf. Il faut dire que Pinin Farina savait ce que c’était que…
… des lignes qui traversent le temps
C’est à lui que l’on doit ce style tout en angles que l’on retrouve dans les films d’Antonioni où le couple incarné par Monica Vitti et Marcello Mastroianni vit ses hauts et ses bas existentialistes derrière les vitres ensoleillées et géométriques des FIAT 1500 qui donneront le modèle des BMC Austin milieu de gamme et de la Peugeot 403.
A Peugeot justement Pinin Farina livra ce qui constitue sans doute, avec la Ferrari Testa Rossa ou l’Alfa Roméo Giulietta de 1954, son plus beau fleuron : le coupé Peugeot 504 qui, bien au-delà de sa période de commercialisation, de 1969 à 1983, arrêta les regards même les moins intéressés par les voitures. Or, cette voiture ne présentait aucun trait saillant, rien de spectaculaire, au contraire et le paradoxe n’est qu’apparent : on remarquait l’épure, la ligne de caisse coulait, fluide, d’un seul tenant pour dégager la répartition des volumes entre capot allongé mais point trop par rapport au coffre vers lequel le dessin de cabine s’arquait imperceptiblement en parallèle avec la ligne de caisse à laquelle il ramenait ainsi ; et l’angle d’inclinaison du pare-brise par rapport à celui de la lunette arrière plus incliné obéissait à une équation de coupe mimant l’élan général. Le tout vitré de manière aérienne. Eh bien, pour ses 120 ans d’existence, la marque au Lion vient d’avoir l’intelligence historique, esthétique et mécanique de satisfaire la faim que creusa cette voiture, en nous offrant, pour le XXIème siècle, un concept dont le Directeur Général de Peugeot, Jean-Philippe Imparato, donne la formule de synthèse :
« Un manifeste technologique »
Loin de se contenter du néorétro, qui a si bien réussi à BMW quand la marque allemande a racheté et relancé la Mini en 2001, les bureaux d’études de la marque française ont donné dans le rétro-futuriste au point que les mutations technologiques de la marque sont concentrées dans ce chef d’œuvre d’invention autant que de beauté. Beauté, car l’équipe de Nicolas Brissonneau a su magnifier la sensualité athlétique et la légèreté acérée du modèle de légende, reprenant même sa signature de poupe avec trois feux en forme de griffes. Elle a ébloui le public au Mondial qui, tout à ses flancs traités en trois strates, n’a pu voir que le gris métallisé était subtilement teinté de champagne et que, s’il passe en fonction de la lumière extérieure du chrome miroitant au bronze poli, c’est en vertu d’un procédé appliqué au flaconnage des grands parfumeurs. Et si on retrouve la même lunette arrière enchâssée que dans l’ancien coupé, elle est facétisée de sorte que, visible depuis l’extérieur, un écran diffuse un message d’accueil réservé au propriétaire lui indiquant le niveau de la batterie.
Plongée vers le futur en mode « Space Odyssey »
Le « e » de la e-Legend va pousser fort loin dans le futur la voiture électrique. Au point d’offrir pas moins de quatre modes de conduite : deux manuels (dont le « BOOST » qui promet…), et deux autonomes : – le « SOFT » pour le confort en projetant sur écrans les informations choisies de manière digitale pour réduire au minimum l’affichage devenue pléthorique avec les nouveaux modes de conduite ; – le « SHARP », permettant au conducteur de devenir passager : le volant s’escamote, les sièges s’inclinent et se tournent, et les accoudoirs se déploient pour proposer de multi-services en ce salon ; on pourra s’adonner à des jeux vidéos ou regarder un film, pendant que le conducteur commandera oralement, en dix-sept langues au choix, le tempo de conduite, sa playlist favorite ou les portes électrifiées. Le « mapping » permettra d’envoyer des messages de navigation au conducteur pendant que les autres occupants n’entendront que leur musique, et le « zoning » pourra isoler chacun dans sa bulle sonore sans gêne réciproque. Vous aurez même droit à un diffuseur de fragrances. Est-il nécessaire de préciser, après cela, que l’habitable vous plonge dans une ambiance de bleu turquoise veiné de bois de paldao bien propre à créer cette immersion chaleureuse et spatiale qui inspirerait à Stanley Kubrick une nouvelle « Odyssée de l’espace » version 2025 et non plus 2001. C’est en effet le délai qu’annonce Peugeot pour optimiser cette sobre bombe technologique. On voudrait créer de « l’ultra-désirable » qu’on ne s’y prendrait pas autrement. La pétition en est à 58 000 signatures ; signez, exigez du Lion de Sochaux qu’il nous offre cette sculpture mobile !
Informations techniques : motorisation, matériaux & IA
– Motorisation électrique prévue de 462 chevaux produisant 800 Nm de couple distribué aux 4 roues motrices. D’où un 0 à 100 km/h annoncé à 4 secondes… 220 km/h de vitesse maximale.
– Autonomie annoncée à 600 km en…
– Motorisation électrique prévue de 462 chevaux produisant 800 Nm de couple distribué aux 4 roues motrices. D’où un 0 à 100 km/h annoncé à 4 secondes… 220 km/h de vitesse maximale.
– Autonomie annoncée à 600 km en cycle WLTP, et recharge de batterie en mode rapide pour 500 km d’autonomie en 25 minutes.
– L’assistance vocale à conduite autonome est développée en partenariat avec le société SOUNDHOUND Inc, leader des technologies d’intelligence artificielle.
– La froide matière numérique est compensée par le velours de soie savamment mixé par un maillage technique de haute confection ; les parties hautes du cockpit et les entrées de porte boisées sont réalisées par le partenaire HERVET MANUFACTURIER.
– Dimensions en mm (elles ont toute leur importance pour comprendre d’où vient la beauté d’ensemble) : longueur : 4650, largeur : 1930, hauteur : 1370, empattement : 2690. Les passages de roues sont sculptés en négatif.
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