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Sébastien Tiessen, le réenchanteur de livres et maitre artisan de reliure
Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 1 février 2019 , revu le 8 décembre 2023
Contrairement aux idées reçues, le terme reliure ne désigne pas simplement la couverture,
mais l’assemblage des feuillets qui sont solidaires des plats cartonnés.
Sébastien Tiessen, Bourgogne Reliure, installé depuis 1885
Du ‘débrochage’ au ‘vernissage’ : des feuilles au livre d’art
Des dizaines d’opération sont nécessaires pour qu’un paquet de feuilles deviennent un livre. Les commandes vont du travail va de la reliure courante à des ‘demi-chagrin’ ou des ‘dos ornés’, de la réfection des ‘mors’, des ‘dos fendus’ ou des ‘coiffes’, de la restauration des papiers sans oublier les cartonnages ou les créations… Après chacune de ses prises en main, l’ouvrage se réenchante avec ses vapeurs sécrètes de colles, de vernis ou de cuir ou tout simplement une tenue fier qui transcende les étagères…
Dans ces temps difficiles pour un art qui ne fait rêver que les bibliophiles, des carnets, véritables livres d’heures sortent aussi de l’atelier de la rue de Bourgogne, installé depuis 1885.
Les étapes de l’art de la reliure
Démonter, coudre, couper, encoller, grequage, arrondissure, massicot, titrage sur balancier, cousoir, polices, fleurons et palettes, couture-ruban pour de la toile, ficelle pour du cuir… autant de termes et de verbes remontées de la nuit des temps, propres à définir la pratique de cet artisanat séculaire, qui participent d’un métier où la main, l’œil et l’amour de l’objet sont essentiels.
De l’objet de collection aux demandes plus étranges
Quand on lui demande quelle réalisation l’a le plus marquée, il répond sans hésiter la restauration d’une intégrale des œuvres de Molière dans une version originale.
Mais il faut aussi savoir répondre à des demandes plus intimes : « Une cliente désirait relier tous les carnets de dessins de ses enfants avec une reliure rose » se souvient l’artisan.
Le temps passé sur un livre peut varier de 2 heures pour une simple reliure en bon état d’un ouvrage contemporain à…. 500 heures pour des pièces uniques ! « Mais la moyenne se situe autour de 10 à 15 heures » tempère Sébastien.
SOS livre : une adresse d’histoires et de combats
Issu d’une famille de relieurs, Sébastien Tiessen a tout naturellement suivi les traces de son père et son grand-père qui exerçaient le métier à Nancy. Lui-même y est resté 20 ans.
Mais faute de clients suffisants pour que l’activité soit rentable, il décide en 2017 de monter à Paris. Il reprend, avec l’aide de soutien financier de Pascal Pluchard qui devient le propriétaire, Bourgogne Reliure l’un des plus anciens ateliers de reliure de Paris, datant de 1885.
Ainsi, l’ancienne boutique de Marie-Christine Lafont, rue de Bourgogne, à quelques pas de l’Assemblée nationale que connaissait bien les bibliophiles a retrouvé une nouvelle vie. De nombreux trésors bibliophiles aussi !
Découvrir Bourgogne Reliure
23 Rue de Bourgogne, Paris 75007.
Tél : +33 1 45 55 05 51 – sebastien.tiessen@bourgogne-reliure.fr
Quelques termes du métier de relieur
à la grecque : relier les ficelles logées dans des entailles appelées grecques ;
à nerfs : relier les ficelles des nerfs en saillie sur le dos du volume pour coudre les cahiers ;
ais : planche de bois servant de plat à endosser ou mettre en presse ;
arrondissure : action d’arrondir le dos d‘ un ouvrage ;
demi-reliure : le dos seul est en peau ;
dos brisé : la peau n’adhère pas aux cahier ;
jasper : peindre la tranche ou la couverture d’un livre en couleur de jaspe ;
lavrons : lis des feuilles qui ne se trouvent pas rognés ;
plats : en papier ou en toile ;
pleine : quand la reliure est tout entière couverte en peau ;
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