De Sexe, mensonges et vidéo à The Insider

Steven Soderbergh avait obtenu dès son premier film à l’âge de 26 ans la Palme d’or au Festival de Cannes en 1989. Sexe, mensonges et vidéo contenait déjà en substance ce qui innerve The Insider sa dernière réalisation sortie sur nos écrans le 12 mars dernier.

Dans un écrin hitchcockien d’une grande élégance, il parvient non pas à renouveler le genre mais bien à nous épater avec un film d’espionnage et de couples à la psychologie retors.

Manipuler, un métier qui ronge les couples les plus solides

Piégés au milieu d’un groupe de six personnes qui sont plus ou moins en relations conjuguales dont le métier est de mentir et de manipuler, nous sommes soumis à une tension palpable de bout en bout de ces 93 minutes, entre les coilègues, entre les couples.

The Insider (Black bag), de Steven Soderbergh interroge les liens entre les collègues et dans es couples constitués photo Universal Pictures

Au centre d’une interprétation hors pair Michael Fassbender doute de la sincérité de ses amis et des raisons de l’absence professionnel de sa femme. S’il était plus jeune aurait certainement pu incarner un James Bond de haut vol), brille par sa présence magnétique. Cat Blanchett à son habitude irradie de son aura glacée et brûlante à la fois, telle une de ces actrices hollywoodiennes d’un âge d’or révolu.

The Insider (Black bag), de Steven Soderbergh resplendit de la grâce glaciale de Cate Blanchett photo Universal Pictures

Le casting du prochain James Bond

Suite à la prise de contrôle du géant Amazon sur la franchise de l’agent secret le plus célèbre du monde, le casting pourrait passer pour un appel du pied d’une de ces déclinaisons redoutées par les fans purs et durs des aventures de 007. En effet nous y retrouvons Naomie Harris, qui depuis Skyfall  incarne la légendaire Moneypenny ainsi que la révélation de la série Netflix La Chronique des Bridgerton, Regé-Jean Page. De notoriété publique sur la liste des candidats à la reprise du rôle délaissé par Daniel Craig.

The Insider (Black bag), de Steven Soderbergh multiplie les manipultations que Michael Fassbender cherchent à dénouer photo Universal Pictures

L’essence et le trop plein de sens du doute

L’intelligence de la mise en scène sur fond d’une cinématographie à l’image particulièrement soignée nous entraîne tour à tour dans une danse ambivalente prise entre le doute insufflé et l’évidence insinuée. Le remarquable scénario de David Koepp (Disclosure le prochain Spielberg) tire partie d’une intrigue savamment étudiée mais surtout de dialogues ciselés.

Les soubresauts géopolitiques actuels servent aussi de faire valoir à une histoire qui encore une fois aurait toute latitude à intégrer un épisode de James Bond

Quitte à n’en être qu’une simple péripétie. Dans la mesure où l’impérissable franchise persévérerait  dans sa volonté de gagner en vigueur et véracité.

The Insider (Black bag), de Steven Soderbergh, Michael Fassbender s’appuie sur Naomie Harris photo Universal Pictures

L’importance de la BO signé David Holmes

N’omettons pas l’apport musical de David Holmes, l’un des compositeurs attitrés de Soderbergh avec Cliff Martinez, fidèle d’entre les fidèles depuis Hors d’atteinte (Out of sight), considéré comme la renaissance artistique du réalisateur de Traffic. David Holmes pouvant incarner la caution pop de la filmographie de Soderbergh (Ocean’s Eleven, Twelve et Thirteen jusqu’à Piégée, Logan Lucky ou encore The Laundromat) et à ce titre également DJ de son état mentionnons son album Come Get It I Got It sur lequel une oreille attentive aurait pu découvrir dès 2002 la perle Sugarman du non moins précieux Sixto Rodriguez.

Motus et bouche cousue

The Insider (Black bag): quand Michael Fassbender doute de sa femme Cate Blanchett photo Universal Pictures

Bien plus que le titre français The Insider (sic), mollement traduisible par l’initié, le titre original Black Bag, expression signifiant “ce dont je ne suis pas en mesure de parler”, un genre de motus et bouche cousue, à plusieurs reprises employées par les protagonistes, nous donne la teneur profonde du propos.

Un jeu de dupes qui n’en serait pas un, puisque le spectateur n’arrive pas à identifier avant le tomber de rideau  les victimes des coupables

Nous parlons de ce que nous savons sans en parler, tout en disant que ce que nous savons ne peut être partagé. En réalité nous ne sommes pas en train d’en parler, mais incapable de le dissimuler. Un décomposé équivoque des relations d’un couple trahit aussi les manières de réaliser un bon film.

Auteur de l'article

Calisto Dobson

See author's posts

avec Michael Fassbender, Cate Blanchett, Regé-Jean Page, Naomie Harris, Pierce Brosnan, Tom Burke, Marisa Abela. (93 mn)