Lifestyle
The world of Bansky : exposition permanente au Musée Banksy Paris
Auteur : Baptiste Le Guay
Article publié le 21 juin 2023
Grâce aux reproductions monumentales des pochoirs qui ont marquées sa carrière, The world of Bansky recrée l’univers du graffeur mythique dont la signature est reconnaissable en un clin d’œil. Toujours habité de son message drôle et corrosif, le parcours immersif du Musée Bansky ambitionne de rendre le street-art accessible à travers l’un de ses artistes emblématiques. L’ exposition permanente n’oublie pas de montrer la critique acerbe du graffeur sur le conformisme et notre société consumériste.
Un espace immersif
En plein cœur du 9e arrondissement de Paris se niche depuis 2019 le Musée Bansky retraçant les œuvres, et la carrière du street artiste le plus célèbre du monde : Banksy. Le graffeur britannique cultive jalousement son anonymat et la facétie de ses interventions. A l’inverse, la signature de son travail essentiellement en pochoir est l’une des plus identifiables.
La parcours immersif inscrit les moments forts de l’évolution de l’artiste qui prône depuis ses débuts un style subversif, détournant les symboles de la pop culture avec une critique acerbe du capitalisme et de notre société de consommation.
Nous avons fait cette exposition pour rendre le street-art accessible, le vulgariser
Hasis Vardar, le directeur du musée Bansky.
Banksy, un homme recherché dans New-York
L’artiste anglais débute ses œuvres murales à Los Angeles en 2002. Il peint à la Nouvelle-Orléans en 2008, trois ans après le passage de l’Ouragan Katrina, puis à San Francisco en 2010. C’est cependant à New-York qu’il fera son apparition la plus remarquée, notamment par le maire de la ville de l’époque, le milliardaire Michael Bloomberg. Après ses déclarations, le New-York Post titre « Attrapez Bansky ! La NYPD (police new-yorkaise) traque l’artiste ».
Un terrain de jeu fertile pour le graffeur, qui aime les thèmes du pays de l’oncle Sam et joue ironiquement avec ses codes et ceux de la pop culture américaine.
Un anglais à la conquête de Paris
S’il avait fait une apparition “incognito” en France en 2015 pour exprimer son soutien aux migrants de la « jungle » de Calais, Bansky aura attendu pour investir la capitale française avec de nouvelles œuvres murales. Au total, l’artiste réalise 9 œuvres à Paris dont la porte du Bataclan en hommages aux victimes des attentats du 13 novembre.
Le mur de Bethleem
A partir de 2002, Israël construit une barrière hermétique provisoire le long d’une ligne qui sépare le pays de Gaza et la Cisjordanie. Si la séparation est matérialisée par une clôture équipée de barbelés sur près de 500km, certains secteurs comme Qalqilya, Bethléem et Jérusalem voient la construction d’un mur bétonné sur 8 mètres de haut.
Pour beaucoup, ce mur est un symbole de fermeture et n’invite manifestement pas à la liberté, il sera néanmoins un lieu de créativité pour Banksy et une source d’inspiration qu’il n’aurait sûrement trouvé nulle part ailleurs.
Home is where the heart is
C’est dans son Angleterre natale que Banksy sera la plus prolifique où plus de 80 % de ses œuvres son réalisées dans son pays. Notamment Londres et Bristol, ville dont il est apparemment originaire.
Sa première grande peinture murale baptisée The Mild Mild West représente un ours en peluche jetant un cocktail Molotov sur trois policiers antiémeutes. Une œuvre contenant les thématiques qui ont suivies Banksy tout au long de sa carrière, à savoir l’anticonformisme, l’anticapitalisme et des revendications ‘rebelles’ concernant les institutions et le mode de pensée dominant. Des images qu’il traite avec un certain décalage en se moquant des normes et des préjugés véhiculés par la société.
Morons, Le marché de l’art tourné en dérision
Banksy se moque fréquemment du marché de l’art, poussant au ridicule la spéculation qui règne dans ce milieu où seule une élite privilégiée peut se permettre d’acheter des œuvres de grands artistes.
Avec Morons, il croque une vente aux enchères pour un tableau, avec écrit dessus « I can’t believe your morons actually buy this shit » (Je ne peux pas croire que ces idiots achètent vraiment cette merde). Un message radical cherchant à ridiculiser les acheteurs et les férus d’art, en dénonçant les sommes d’argents colossales qui circulent, souvent déconnectées du coût de la vie.
Pied de nez
En 2019, Banksy avait de nouveau fait un pied de nez au marché de l’art en vendant une toile 21,8 million d’euros alors qu’elle s’autodétruisait ! Il s’invite lui-même à la 58ème édition de la Biennale de Venise : « Bien qu’il s’agisse de l’événement le plus important et le plus prestigieux du monde, je ne sais pour quelle raison je n’y ai jamais été invité » déclare-t-il sur son compte Instagram.
Jamais où il est attendu
Avec Venise in oil , l’artiste compose et assemble une série de tableaux sur des chevalets tel un puzzle, représentant un paquebot de touristes sur le canal de Venise au milieu des gondoles. Les tableaux sont faits à la peinture à l’huile comme à l’époque de la Renaissance, et font référence à l’huile qui pollue les eaux traversées par ces navires gigantesques.
Une vidéo accompagne ses tableaux et montre un vendeur qui cherche à les vendre, assit à côté de l’installation en attendant les premiers acheteurs. Faute d’autorisation, le vendeur se fait finalement déloger par les carabiniers de Venise, une nouvelle touche ironique signé Banksy.
Hommage à un artiste aussi mystérieux que passionnant.
Bien que les œuvres soient toutes des reproductions, les « originaux » de Banksy sont inscrits sur les murs où il a exercé, principe du street art, elles sont fidèles à sa technique de pochoir et à son message. Ouvert depuis 2019, le musée Bansky Paris n’a pas été attaqué par l’artiste, accord tacite à ce qu’il utilise ses images. La boutique du musée s’engage apparemment à verser ses bénéfices à une association de migrants, bien qu’il n’affiche pas de pourcentage exactement.
Est-ce un message à opportunité commerciale ? Sans doute.
Malgré ses ambiguïtés, l’exposition permanente est attrayante pour sa mise en lumière de l’ensemble d’une œuvre certes omniprésente mais fragmentée, et la force des valeurs humanistes qui la motive à l’encontre du discours dominant de la société de consommation. Avec tous les paradoxes induits de sa récupération. L’éternel lutte du port de fer contre le pot de peinture !
# Baptiste Le Guay
Pour en savoir plus sur le Musée Bansky
Musée Bansky, 44 rue du faubourg Montmartre, Paris 9e.
Ouvert du lundi au vendredi de 12h à 21h, ouvert le samedi entre 10h et 21h, et le dimanche de 10h à 19h.
Texte
Partager