Culture

Théâtre en novembre : Fric-Frac, La ménagerie de verre, La machine de Turing

Auteur : Lanade
Article publié le 16 novembre 2018 à 8 h 11 min – Mis à jour le 16 novembre 2018 à 8 h 52 min

La sélection de Lanade vous entraîne dans les années 30, celles du Paname interlope avec Fric-Frac d’Édouard Bourdet, celles de l’Amérique tumultueuse de La ménagerie de verre vue par Tennessee Williams, ou encore celles secrètes de la 2nd guerre mondiale avec La machine de Turing, de Benoit Soles qui en changea le cours…

Fric-Frac, d’Édouard Bourdet (Théâtre de Paris)

Julie Depardieu, Michel Fau, Régis Laspalès, Emeline Bayart et Georges Bécot © DR

Et si vous assistiez en direct à un fric-frac, un « cassement » ; en bref, à un cambriolage ? C’est ce à quoi les comédiens nous convient dans cette pièce d’Édouard Bourdet, mise en scène par le talentueux Michel Fau (voir). Dans de magnifiques décors signés Bernard Fau et Citronelle Dufay, Loulou, une délurée de Ménilmontant, cherche de l’oseille. Pour ce faire, elle met la main sur un cave, une poire, un naïf, qui doit la mener directement à la bijouterie de son patron, Monsieur Mercadier. Mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévues, et Loulou perd le contrôle de la situation…
Les comédiens, que ce soit Julie Depardieu en Loulou, Michel Fau en bras cassé, Régis Laspalès en cave ou encore Emeline Bayart en Berthe Mercadier, sont impériaux. Ils n’arrivent néanmoins pas totalement à nous faire oublier que l’histoire est un peu datée. Heureusement, son vocabulaire gouailleur nous transporte dans le Paname des petites frappes de 1930. Un voyage frais et dépaysant !

La ménagerie de verre, de Tennessee Williams (Théâtre de Poche)

Cristiana Reali et Félix Beaupérin. Photo © Pascal Gely

Cristiana Reali remonte avec succès sur les planches dans un rôle pour le moins ambivalent : celui d’une mère aimante et dévouée, mais aussi nostalgique et complètement névrosée. Dans le Saint-Louis des années 30, la vie est compliquée lorsque le père a disparu. Amanda tente donc de sauver sa famille du naufrage. Elle pousse son fils Tom au travail, et essaie d’entraîner sa fille malade Laura (incarnée par Ophélia Kolb) dans les bras de Jim (Félix Beaupérin), un employé de l’entrepôt. Mais son autoritarisme et son égoïsme détruiront peu à peu chacun de ses enfants et feront voler en éclats le fragile équilibre familial.
La mise en scène épurée de Charlotte Rondelez et le jeu au cordeau des comédiens rendent parfaitement hommage à ce texte quasi-autobiographique de Tennessee Williams. Une pièce forte et émouvante, qui se déroule dans une ambiance sépia et intimiste. Et nous renvoie au poids de nos choix.

La machine de Turing, de Benoît Solès (Théâtre Michel)

Benoît Solès et Amaury de Crayencour. Photo © Fabienne Rappeneau

Après le cinéma (Imitation Game, de Morten Tyldum), la fascinante histoire d’Alan Turing, inventeur de la cybernétique moderne est portée sur les planches par Tristan Petitgirard, le metteur en scène de Rupture à domicile ou encore du Sacrifice du cheval. Un peu en-deçà du film, la pièce réussit néanmoins à faire toucher du doigt la complexité de la vie d’un génie en marge de ses contemporains. Ce dernier est recruté dans le plus grand secret durant la guerre de 39-45 pour casser le code de l’Enigma, redoutable machine allemande cryptant tous les messages secrets du Reich. Quelques années plus tard, le vainqueur d’Enigma va porter plainte pour un banal cambriolage auprès d’un commissaire de police, incarné avec justesse par Amaury de Crayencour. Un acte qui le conduira… au tribunal et scellé sa mort sociale !
Si cette pièce retrace parfaitement le destin tragique d’Alan Turing, on regrettera néanmoins que l’auteur, Benoît Solès, qui joue également le rôle de Turing, ait consacré une place trop importante à la thématique de l’homosexualité martyrisée, somme toute assez classique. Il aurait été plus intéressant d’approfondir davantage le fonctionnement intellectuel de cet inventeur visionnaire de l’intelligence artificielle et des premiers ordinateurs.

Informations pratiques

-Fric-Frac, Théâtre de Paris
15 rue Blanche 75009 Paris
Tél. : 01 48 74 25 37
Du mardi au dimanche, jusqu’au 31 décembre 2018

-La ménagerie de verre, Théâtre de Poche-Montparnasse

-Fric-Frac, Théâtre de Paris
15 rue Blanche 75009 Paris
Tél. : 01 48 74 25 37
Du mardi au dimanche, jusqu’au 31 décembre 2018

-La ménagerie de verre, Théâtre de Poche-Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse 75006 Paris
Tél. : 01 45 44 50 21
Du mardi au dimanche, jusqu’au 13 janvier 2019

-La machine de Turing, Théâtre Michel
38 rue des Mathurins 75008 Paris
Tél. : 01 42 65 35 02
Du mardi au dimanche, jusqu’au 31 mars 2019

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