Culture

28e Festival de Pâques de Deauville, concentré de rencontres et stimulateur de curiosités

Auteur : Olivier Olgan
Article publié le 11 avril 2024

Toujours pépinière active pour épanouir de nouvelles générations et incubateur prolixe pour permettre projets et lancement de carrière, le Festival de Pâques de Deauville peaufine son éthique du collectif, celle de favoriser la transmission, celle d’explorer des répertoires rares. A la clé, pour Olivier Olgan de jeunes musiciens soutenus pour faire prospérer leur vocation, la construction de la curiosité de cohorte de mélomanes actifs. Gabriel Durlat, pianiste et chef qui était du concert d’ouverture du 6 avril et Gabrielle Lafait, altiste du Quatuor Hanson, qui participe au concert de clôture du 27 avril 2024 témoignent de ce concentré de rencontres, stimulateur de curiosités.

La réussite d’un écosystème vertueux sur près de 30 ans

Année après année, le Festival de Pâques de Deauville tient l’exigence de son « éthique musical du collectif » définie il y a presque 30 ans par les musiciens fondateurs réunis par le jeune Renaud Capuçon et Yves Petit de Voize en 1997; celle d’ un creuset de partages et de transmission entre générations de musiciens, mais d’ouvrir la curiosité d’un public de « mélomanes actifs ».

L’écosystème vertueux – grâce au soutien indéfectible de la ville, de son maire Philippe Augier et du Groupe Barrère – repose sur une double dynamique : mettre le pied à l’étrier à de jeunes artistes cooptées pour jouer, cadrés sur scène par de jeunes « anciens« , investir des formats et des répertoires pour des programmes inédits comme en témoigne encore celui de l’édition 2028 que seule la résidence collective permet de préparer et jouer sur scène. L’unique structure équivalente et passionnante est le Festival de Salon de Provence (ex L’Empéri) animé par la bande Éric Le Sage, Emmanuel Pahud et Paul Meyer qui a fêtée en 2023 leur 30e anniversaire.

 

À Deauville, chaque génération coopte toujours la suivante, dans le même désir de partage, de complicité et d’évolution musicale que. C’est ainsi que cette année, une dizaine de jeunes chambristes rejoindront leurs vingt jeunes collègues et amis déjà présents depuis 2021 à Deauville pour un cycle de travail programmé jusqu’au trentième anniversaire du festival en 2026.
Pour nombre de ces jeunes musiciens, Musique à Deauville offre l’opportunité tant attendue de jouer, souvent pour la première fois en public, la majorité des œuvres programmées.
Yves Petit de Voize, Directeur artistique du Festival de Pâques de Deauville

L’éthique du collectif, avec sérieux et constance

Il s’est construit à la fois une pépinière où quatre générations de musiciens se côtoient – voir se découvrent – pour partager ensemble des répertoires, et un incubateur de programmes et d’ensembles (du Cercle de l’Harmonie, puis Le Concert de la Loge qui révélèrent entre autre les talents de chef de Jérémie Rhorer et Julien Chauvin) que seul une telle dynamique est capable de couver.
Pour les férus de « réalisations », les dizaines révélations qui après un compagnonnage à Deauville, ont su trouver leur voie, leur répertoire ou leur formation se déclinent désormais en enregistrements sur B.Records

Pour étayer notre reconnaissance et notre admiration pour la réussite de cette « éthique collective », nous avons été conforter par deux musiciens,  Gabriel Durlat, pianiste et futur chef d’orchestre qui fut du concert d’ouverture du 6 avril et Gabrielle Lafait, altiste du Quatuor Hanson, au concert de clôture du 27 avril.

Que représente pour le début de votre carrière votre cooptation au Festival de Pâques de Deauville ?

Gabriel Durlat : Être coopté par ses pairs pour participer au Festival de Pâques de Deauville est en premier lieu un signe de grande confiance. C’est par ce système que des générations de chambristes français se sont constituées et succédées. Appartenir à la nouvelle génération de musiciens deauvillais est un honneur et aussi une chance : celle de se construire et d’évoluer comme musicien aux côtés de collègues passionnants et de bénéficier de l’expérience des aînés qui nous ont précédés.

Gabrielle Lafait : Nous avons eu la chance d’être invités dès les débuts du quatuor au festival de Deauville. C’est pour nous un partenariat précieux qui nous a permis de jouer régulièrement dans un des plus prestigieux festivals de France, et de partager la scène avec les plus grands musiciens de notre génération. Ces rencontres ont été souvent décisives et ont conduit à des projets plus ambitieux et porteurs comme des enregistrements discographiques.

Le travail collectif en résidence sur presque trois semaines est -il l’occasion de travailler de nouvelles œuvres, lesquelles et ce qui vous concerne ?

Gabriel Durlat : La particularité du Festival de Deauville est également l’éclectisme de sa programmation. Les programmes mêlent œuvres majeures du répertoire (le quintette « la Truite » de Schubert, le trio pour clarinette de Brahms…) avec d’autres pièces moins connues mais tout aussi extraordinaires. Je pense par exemple à « Ich ruf zu dir » ultime œuvre d’Olivier Greif qui constituera sans nul doute un moment important du festival.

Gabrielle Lafait : Pour le prochain festival de Pâques à Deauville, nous aurons le plaisir d’enregistrer en formation d’orchestre de chambre pour le label B Records, des œuvres de Schoenberg, Mahler et Reger, sous la baguette de Pierre Dumousseau et aux côtés du Quintette Ouranos et de Lorraine Campet. Le fait de pouvoir travailler et enregistrer dans un tel cadre permet une immersion totale dans le projet, qui est une vraie chance dans le cadre d’un projet discographique.

Quels types de projets pensez -vous y concrétiser

Gabriel Durlat : Je suis très heureux de pouvoir exprimer différentes facettes de ma personnalité au sein du Festival. Ainsi, je passerai du piano à la direction lors du dernier week-end comme assistant de Pierre Dumoussaud dans un magnifique programme qui fera l’objet d’un enregistrement live pour le label B.Records.

Gabrielle Lafait : Pour nous le festival a toujours été un lieu de rencontres, et de ces rencontres naissent de nouvelles idées de projets, de collaborations. Nous avons toujours pu échanger avec l’équipe du festival sur nos envies de répertoire, et également s’inspirer des thématiques que le festival pouvait envisager. Ces discussions sont des vrais espaces d’émulation artistique, et nous savons déjà que le projet discographique auquel nous allons participer en 2024 aura une suite et qu’un deuxième volet est en préparation !

La curiosité en partage

Si les valeurs ajoutées du collectif ne sont plus à démontrer, reste tout de même que les audaces en matière de répertoire – désormais enregistrées sur B.Records – ont crée aussi un public de « mélomanes actifs » qui se délectent de ses programmes toujours surprenants et audacieux.

Bonne nouvelle, le Festival de Pâque se démultiplie en Aout …
Et le Festival Nadia et Lili Boulanger de Trouville nourrit la flamme du 31 mai au 2 juin 2024 sous la direction artistique d’Astrig Siranossian !

Olivier Olgan

texte

En savoir plus sur le 28e Festival de Pâques de Deauville

Le site du Festival de Pâques de Deauville

La programmation jusqu’au 26 avril 2024, puis radio B•concerts et sur B.Records

Samedi 6 avril, 20h Franz Schubert, Quintette pour piano et cordes en la majeur D. 667 « La Truite », Olivier Greif, Ich ruf zu Dir pour piano, clarinette et quatuor à cordes (1999), Sergueï Prokofiev, Ouverture sur des thèmes juifs pour piano, clarinette et quatuor à cordes op. 34, par Raphaël Sévère, clarinette, Emmanuel Coppey, Vassily Chmykov, violon Lise Berthaud, alto, Maxime Quennesson violoncelle, Yann Dubost, contrebasse, Arthur Hinnewinkel et Gabriel Durliat piano

Dimanche 7 avril, 16h30,  Max Reger, Sonate pour clarinette et piano n° 3 op. 107, Franz Schrecker, Der Wind pour violon, clarinette, cor, violoncelle et piano, Johannes Brahms, Trio pour clarinette, violoncelle et piano en la mineur op. 114, Liebeslieder Walzer pour piano à quatre mains op. 52, par Raphaël Sévère, clarinette, Manuel Escauriaza, Martinez Peñuela, cor Emmanuel Coppey, violon, Maxime Quennesson, violoncelle, Arthur Hinnewinkel et Gabriel Durliat piano

Vendredi 12 avril, 20h Sonates en trio et en quatuor pour flûte, violon, viole de gambe et clavecin de Telemann et de Bach, par Gabrielle Rubio flûte, Julien Chauvin violon, Atsushi Sakai, viole de , Justin Taylor, clavecin

13 avril, 20h Joseph Haydn, Quatuor à cordes en ré majeur op. 76 n° 5 Hob.III :79, Gabriel Fauré, Quintette pour piano et cordes n° 1 en ré mineur op. 89, Ludwig van Beethoven (1770-1827) Quatuor à cordes n° 14 en do dièse mineur op. 131, par le Quatuor Arod et Kojiro Okada, piano

14 avril, 16h30,   Anton Webern, Langsamer Satz pour quatuor à cordes (1905), Wolfgang Amadeus Mozart, Concerto pour piano et quatuor à cordes n° 13 K. 415, Johannes Brahms, Quatuor à cordes n° 2 en la mineur op. 51 n° 2, par Quatuor Hermès et Ismaël Margain piano

Vendredi 19 avril, 20h, Franz Schubert Quintette pour deux violons, alto et deux violoncelles en do majeur op. 163 D. 956,  Antonín Dvořák (1841-1904) Quatuor pour piano et cordes op. 87 , par Pierre Fouchenneret, violon, Caroline Sypniewski, violoncelle, Théo Fouchenneret, piano et le Trio Arnold

20 avril 20h, Igor Stravinski (1882-1971) Divertimento pour violon et piano (1932) Béla Bartók (1881-1945) Contrastes pour clarinette, violon et piano Sz 111 Claude Debussy (1862-1918) Petite suite pour piano à quatre mains (1886-1889) Maurice Ravel (1875-1937) Trio pour violon, piano et violoncelle en la mineur (1914)  Joë Christophe clarinette Mi-Sa Yang violon Stéphanie Huang violoncelle Adam Laloum piano

27 avril, 20H, Arnold Schönberg (1874-1951) Kammersinfonie n° 1 op. 9 Gustav Mahler (1860-1911) Kindertotenlieder op. 25.2 (arr. Eberhard Kloke)  Max Reger, Suite romantique op. 129 (arr. Schönberg/Kolisch), par Aude Extrémo mezzo-soprano, le Quatuor Hanson, l’Ensemble Ouranoset, L’Atelier de musique, dirigé par Pierre Dumoussaud qui associe deux générations de chambristes deauvillais à un projet musical original et ambitieux, au concert et au disque.

L’ actu du Quatuor Hanson : Un disque Schumann : la sortie est prévue le 24 mai chez Harmonia Mundi, au répertoire : les 3 quatuors de Schumann et le quintette avec piano avec Adam Laloum ! Le concert de sortie sera le 10 juin au Théâtre des Bouffes du Nord.

https://youtu.be/ZWi8KWGs3j8?list=TLPQMTEwNDIwMjSzxVZ9zNa_1Qù

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