Transbordeuses, de Marjorie Gosset (Hartpon)

Quand on évoque les femmes au sein des mouvements sociaux en France bien souvent revient la grève des sardinières de Douarnenez en 1924. Pourtant, si celle-ci a eu un retentissement national, l’histoire oublie un peu trop vite les Transbordeuses de Cerbère en 1906.

Première grève connue, décidée et conduite par des femmes, cette action en initiera d’autres par la suite. (…) Marjorie Gosset est allée à la rencontre de ce souvenir, de cette mémoire des Pyrénées-Orientales. Elle nous livre son regard à travers un très bel ouvrage, Transbordeuses, paru aux éditions Hartpon. (…)

À la croisée entre le reportage et le parcours personnel et intime, les images de Marjorie Gosset sont à la fois un témoignage, un hommage à ces grévistes qui se sont battues pour lutter contre les abus patronaux, mais aussi un regard plus intérieur. Lire plus sur le site 5 Rue du

Mister K, de Sylvie Meunier (l’Atelier EXB)

Qui est cet étrange Mister K qui fuit ainsi au creux de la nuit ? Que ou qui cherche-t-il, évite-t-il ? C’est ce que nous nous demandons en lisant le livre de la plasticienne Sylvie Meunier. Celle-ci a choisi de construire un récit fictif, proche du roman-photo et du film noir, en utilisant des photographies vernaculaires. Mister K, publié par l’Atelier EXB, mêle texte et images en noir et blanc pour construire l’histoire de cet homme, qui traverse les USA durant huit mois au volant de sa voiture, fuyant, égrenant des souvenirs énigmatiques, se cherchant. (…)

Il faut d’abord retenir de ce livre le travail conjoint autour de l’image et du récit. Les deux s’accordent parfaitement, sans que l’un empiète sur l’autre, pour former un roman photographique d’une grande qualité. Le polar que nous propose Sylvie Meunier emprunte aux codes des films noirs, du road-trip tels qu’on peut les lire dans une certaine littérature américaine. Lire plus sur le site 5 Rue du

A Summer of a Thousand Years, de Martin Bogren (L’Axolotl)

Ce petit livre tiré à 350 exemplaires édité par L’Axolotl offre un voyage délicat et plein de magie dans une histoire aussi intime qu’universelle : celle de l’amour. (…)

Justement le récit qui nous est conté ici nous concerne toutes et tous. Martin Bogren choisit de présenter sa version d’une histoire d’amour, peut-être sa vision. Celle d’un espace plein, lumineux, quiet. D’abord par cette blancheur qui traverse les images les unes après les autres. Ce sont des souvenirs, ceux qu’il vécut, ceux que nous avons pu vivre que nous pourrions vivre. Ils sont fait de tout et rien, de fragments du quotidien, de marches, de nature pourtant, ils contiennent tout. Blancheur solaire des premiers moments, blancheur virginale débarrassée des scories du désaccord ou de la mésentente. Il ne reste que la quintessence : un amour absolu. (…)

On se sent bien après avoir refermé les pages, comme si une clé nous avait été donnée, une proposition nous avait été faîte.

À nous d’en saisir le sens et les possibilités, à nous de faire durer les étés qui viendront au-delà des mille ans. Lire plus sur le site 5 Rue du

Hivernies, de Patrick Bogner (éditions L’Atelier Contemporain – coll. Photographie aux contemporains)

Accompagnées d’une préface du philosophe Daniel Payot, qui conduit aussi une interview de Patrick Bogner en fin d’ouvrage édité par L’Atelier Contemporain, les images réalisées dans le Grand Nord sont de l’ordre de la démesure, de l’inouï, d’une forme d’Absolu. (…)

Les paysages d’Hivernies nous retenons d’abord le noir et le blanc. Impression tenace que les photographies n’en seraient pas, mais plutôt des œuvres graphiques, peintes par un calligraphe, chinois peut-être. Rappelant le sumi-e, cette peinture qui se caractérise par l’usage du lavis à l’encre noire, la prédominance du paysage comme sujet et la proximité avec la philosophie du bouddhisme zen, les images apparaissent comme une succession de tableaux où le regard se perd face à l’immensité. La délicatesse des photographies, la finesse de chacune d’elles, offre un voyage au sein de l’immensité, une forme de cheminement méditatif. Lire plus sur le site 5 Rue du

Chaos Calme, d’Anne-Sophie Costenoble (Arnaud Bizalion éditeur)

Au-delà de la beauté de l’oxymore, porte avec ces deux mots toute la synthèse du travail photographique réalisé par l’auteure. Le livre est le fruit d’une résidence sur le territoire marseillais entre 2019 et 2022, initiée par William Guidarini. Le livre édité par Arnaud Bizalion est accompagné de deux textes de grande qualité de Philippe Pujol et Marc Mawet.

« Toi, tu n’es pas d’ici ! »

Non, elle n’est pas d’ici Anne-Sophie Costenoble quand elle débarque au quartier de La Cayolle. C’est une cité, un de ces espaces en déshérence coincé entre le parc national des Calanques et Marseille, délaissé et dangereusement réputé. Pourtant, elle en fait le lieu de sa recherche photographique. Il y a à voir, à connaître, à rencontrer dans ce petit monde.

Ce qu’il y a à découvrir d’ailleurs est bien éloigné des clichés de genre fait de scooters brûlés, de narcotrafiquants et de policiers de la BAC. (…) Il n’y a pas que des films à grand spectacle qui encensent les policiers cow-boys. Il n’y a pas que des règlements de compte à la Kalachnikov. Lire plus sur le site 5, Rue du.

Auteur de l'article

Frédéric Martin

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