Gastronomie
Cap sur la Conchyliculture: les métiers et trésors d’une filière fraicheur
Auteur : Ghyslaine de Raymeront
Article publié le 6 avril 2024
Vénériculteur, cérastoculteur, mytiliculteur, ostréiculteur,… Connaissez-vous vraiment la filière conchylicole et ses trésors gastronomiques ? Elle est animée par des producteurs passionnés, répartis dans 7 régions de France. Les huîtres, moules, coques et palourdes sont appréciées pour leur goût et bienfaits nutritionnels. Elles se dégustent toute l’année pour le plus grand plaisir des gourmets ! Mais c’est quoi et c’est orchestré en France par qui, la conchyliculture ? Philippe Le Gal, Président du Comité National de la Conchyliculture (CNC) s’est confié à Ghyslaine de Raymeront sur des métiers qui réveillent vos papilles.
Cap sur les coquillages, c’est quoi la Conchyliculture ?
La conchyliculture se caractérise par l’élevage et la production de coquillages comme les palourdes (vénériculture), les coques (cérastroculture) sur le littoral français, mais aussi les huitres et les moules bien sûr.
L’ostréiculture fait référence à l’élevage des huîtres. Il faut compter 3 à 4 ans d’élevage avant que ces perles de la mer n’arrivent dans les assiettes des consommateurs. Il y a deux types d’huîtres :
- Les huîtres creuses, les plus répandues dans les eaux côtières et les plus consommées.
- Et, les huîtres plates considérées aujourd’hui comme les plus rares, elle, contrairement à l’huître creuse, préfère les eaux plus profondes.
Vous avez également la Mytiliculture : L’élevage des moules consiste au captage de naissains dans leur milieu naturel puis à leur élevage dans un milieu pour assurer leur croissance et leur engraissement selon des modes de production différents tels que l’élevage sur bouchots, sur cordes, sur parcs à plat. La moule est un bivalve, une classe de mollusques d’eau douce et d’eau de mer.
Des producteurs passionnés et une filière face à des enjeux pluriels
La filière française de la conchyliculture, c’est 20.000 personnes sur le pont en permanence. C’est aussi un savoir-faire reconnu et un gage de qualité supérieure aux yeux des consommateurs en France et hors de nos frontières.
C’est pourquoi le CNC est aujourd’hui résolument tourné vers l’avenir avec pour fil conducteur : la préservation de l’environnement.
Le CNC se bat pour conserver sa place de 1er pays européen producteur d’huîtres et deuxième de moules. Les obstacles sont de taille, la qualité des eaux qui se dégrade avec le réchauffement climatique, la diminution de l’espace conchylicole d’années en années sur le littoral, l’inflation, les coûts pour les producteurs, la situation sanitaire en Chine qui impacte les exportations. Mais aussi aujourd’hui, le développement de la conchyliculture offshore grâce à l’éolien en mer et la diversification de la production notamment par le biais de l’algoculture.
L’huitre rime aussi avec sourires et bonne humeur, Le métier d’écailler, un art véritable
Vous vous êtes tous essayé à ouvrir des huitres ! c’est un coup de main à prendre… Tous les ans à lieu la finale du Championnat national des Écaillers, une vingtaine d’écaillers français en compétition seront évalués selon des critères de rapidité, de technique et de qualité en ouverture ainsi que d’esthétique du plateau de fruits de mer.
Les bienfaits nutritionnels des huitres et des coquillages, que du bonheur !
Pour 100 g (avec la coquille), les moules contiennent, 20 g de protéines et 3 g de lipides et de glucides. La palourde est l’un des coquillages les plus énergétiques. Elle est particulièrement riche en fer (14 mg aux 100 g) et en vitamines B12 (25 mg pour 100 g). La coque, particulièrement riche en phosphore fer et zinc, aide à combattre la fatigue et renforce les performances intellectuelles et physiques ainsi que les défenses immunitaires. Pour 100 g, elle contient, 130 mg de calcium, 68 mg de magnésium et 26 mg de fer.
Les huitres, un régal pour les papilles et l’organisme sont sans apport calorique, 70 calories pour 100g et les huîtres contiennent :
- des vitamines (A, D, B1, B2, B3, B5, B6, B12, C),
- du fer et du magnésium pour lutter contre la fatigue et le manque de concentration,
- du potassium pour le bon fonctionnement cardiaque,
- du cuivre et du manganèse, qui, associés au fer, contribuent à la régénération sanguine,
- du calcium pour les os et le bon fonctionnement des cellules,
- du sélénium pour ralentir le vieillissement des tissus artériels,
- des protéines de haute qualité et Oméga 3,
- du phosphore, du sodium et du fluor ainsi que de l’iode !
Une filière bien gouvernée par le CNC
Le CNC a pour mission première d’assurer la représentation de tous les éleveurs, transformateurs et distributeurs de coquillages et de défendre leurs intérêts généraux. Pour ce faire, le Conseil du CNC se compose de 58 membres titulaires tous producteurs, transformateurs, poissonniers ou restaurateurs. Il s’occupe tout au long de l’année, protection du littoral, défense de la qualité des eaux ; normes sanitaires ; législation sociale et fiscale des conchyliculteurs ; recherche scientifique et technique ; promotion des produits conchylicoles ; enseignement et formation ; information de l’interprofession.
Et contrecarrer les idées reçues!
En parallèle du CNC, la profession s’organise en 7 comités régionaux de la Conchyliculture (CRC) représentant les intérêts généraux des professionnels de la conchyliculture sur leur territoire respectif. Avec le projet RECYCONCH pour l’environnement visant à préserver le milieu marin, associé à la Coopération Maritime, le CNC va tenter de réduire la pollution plastique marine en lien avec les engins conchylicoles usagés.
« Grâce à sa très faible empreinte carbone et à la fourniture de nombreux et précieux services écosystémiques, la filière regorge de ressources et d’initiatives locales pour s’inscrire dans une économie circulaire.
En définitive, quelle filière alimentaire permet, en plus de respecter l’environnement, de participer activement à l’accroissement de la souveraineté alimentaire française en fournissant une alimentation protéinée, durable et de haute valeur nutritionnelle, 100% naturelle, tout en diminuant la pression agricole et l’utilisation d’eau à terre ?
La filière conchylicole ! Et croyez-moi, elle est promise à un bel avenir ! »
Philippe Le Gal, Président du Comité National de la Conchyliculture.
Pour aller plus loin sur la Conchyliculture
Tout savoir sur les coquillages : le site du Comité National de la Conchyliculture (CNC) : Depuis son origine au début du XXème siècle sous le nom de Syndicat Général de l’Ostréiculture et des Cultures Marines, le CNC n’a cessé d’évoluer. Créé dans sa forme actuelle en 1991, le CNC a toujours gardé sa vocation première : être un lieu de concertation de tous les acteurs de la filière conchylicole.
Aujourd’hui, il a à cœur d’informer sur sa mission et pour la première fois, il dispose d’un stand en nom propre au Salon International de l’Agriculture à Paris de cette année et il est fier d’organiser la finale du Championnat de France des Écaillers. Placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, le CNC est l’interlocuteur privilégié et obligatoire des pouvoirs publics pour toute réglementation relative à la conchyliculture.
Conseil pratique sur l’ouverture :
Vous pouvez ouvrir vos huîtres facilement en les mettant 1-2 minutes dans un panier vapeur. Il suffira de les ouvrir complètement au couteau.
Recette d’huîtres à la crème et huile de truffe :
- 20 huîtres (ici numéro 4)
- 30 cl de crème liquide
- 2 échalotes
- 2 petits verres de vin blanc sec
- 2 c. à s. de ciboulette ciselée (+ un peu pour le dressage)
- 2 c. à s d’huile de truffe
- Carpaccio de truffes (facultatif)
- Sel, poivre 5 baies
Préparation : 10 min – Cuisson : 15 min
- Préchauffer le four à 180°C. Ouvrir les huîtres et récupérer leur eau dans une casserole, puis les déposer dans un plat allant au four. Réserver au frais.
- Pour préparer la sauce, ciseler la ciboulette et les échalotes, puis verser dans la casserole contenant l’eau des huîtres. Ajouter le vin blanc, poivrer et faire chauffer à feu doux pendant 5 minutes. Ajouter ensuite l’huile de truffes et poursuivre la cuisson pendant 5 minutes. Pour la sauce, il est possible de n’utiliser qu’une bonne huile à la truffe sans le carpaccio, les huîtres seront toutes aussi délicieuses.
- Cuisson des huîtres et dressage : enfourner les huîtres pendant 2 minutes pour les raidir. Les sortir du four et les déposer sur un plat de service. Verser un peu de crème dans chaque coquille, y ajouter quelques lamelles de truffes, de la ciboulette fraîche et un tour de moulin à poivre 5 baies.
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