Toute l’histoire de Jésus à travers la peinture, d’Hector Obalk

Il n’a plus rien à prouver Hector Obalk! Les quatre parcours de « Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures » se jouent toute l’année à guichet fermé (et reprennent dés le 29 septembre).
Avec Toute l’histoire de Jésus à travers la peinture, il relève un nouveau défi. A la première du spectacle, il le reconnaissait lui-même, pour bien fluidifier sa matière entre analyses et intermèdes musicaux, il lui faut plus d’une cinquantaine de répétitions. Mais ne vous inquiétez pas, le passeur peut s’appuyer sur un scénario impeccablement écrit, et une fluidité subtile entre le récit de Jésus pour bien distinguer les 44 étapes, de l’annonciation à la dépose de la croix et leurs représentations à travers les siècles.
Comme d’habitude, son approche est personnelle, bon enfant, nourrie d’une érudition à la fois gourmande et accessible. Et toujours somptueusement illustré, grâce au mur d’images qu’il anime à volonté pour expliquer ou confronter un détail. Il sait être incisif comme modeste, percutant et accoucher d’un regard ou d’un détail de façon si spontanée qu’il semble le faire devant et pour vous. Grâce à lui, vous distinguerez les principales figures autour de Jésus, Marie, Anne, Joseph, Hérode et les Rois Mages…. Peu encore si Pilate est oublié, cela fait sans aucun doute partie du rodage.
Du grand art de la rhétorique pour parler d’art au plus grand nombre.

13h au Théâtre Le Rouge Gorge , 10 bis Pl. de l’Amirande,  Avignon

Le Radeau de la Méduse, d’ Alexandre Delimoges, par Anne Cangelosi

Dans le même registre, mais sans les moyens technologiques ni la musique sur scène d’Olback, Anne Cangelosi incarne une conférencière déjantée, qui dans une langue plutôt décomplexée, assume les gags et les pirouettes verbales pour mieux capter son audience et l’entrainer à percer les secrets de l’un des plus mythiques tableaux du Louvre. Avec conviction, elle sait nous plonger dans  les circonstances de sa conception et nous glisser le sens des messages que Géricault y a cache. La promesse est tenue et sa façon de transmettre est captivante!

1h30, Espace Roseau Teinturiers, Salle Nicolas GOGOL

Frère(s), de Clément Marchand, avec Jean-Baptiste Guinchard et Guillaume Tagnati

Le milieu de la restauration est rarement investie par le théâtre, sinon pour en révéler plutôt les ors et ravissements de la table. « Frère(s) » de Clément Marchand nous plonge une fois n’est pas coutume dans l’ « arrière » cuisine, cet espace clos plutôt masculin, plutôt brutal, avec ses exigences pour l’excellence, ses codes et ses rites pour se hisser dans une hiérarchie stricte, d’apprenti à chef. Rien n’est occulté de cette initiation individualiste qui met à mal les rythmes de vie, les amitiés, voir la santé mentale. Nous suivons le parcours de deux garçons Max et Emile. Leur personnalité et ambitions sont très différentes et servent de prisme grossissant aux exigences de la fabrique de la gastronomie. Pour le fils de « chef », la cuisine est une affaire de famille, le brevet est un sésame pour rentrer dans le groupe de son père. L’autre rentre en cuisine comme on se forme à un sport de combat, sa vie est tellement cabossée que progresser s’impose comme un enjeu de survie. Lequel des deux trouvera sa place à la conquête âpre dans ce monde plutôt violent, de stages en stages, dans les brigades de grands chefs?

Loin des fantasmes des crochets télévisuels ou des étoiles des guides spécialisés, la force du spectacle est de décrire, à travers ce double regard lié par une amitié improbable,  un monde professionnel âpre, sans cesse sous les feux de projecteurs, sans chercher, ni à l’aseptiser, ni à l’héroïser.  Est-ce sa réalité très masculine ? mais tout est puissant dans ce récit initiatique, grâce à l’incarnation très juste de Jean-Baptiste Guinchard et Guillaume Tagnati. Dans un décor épuré, quelques objets et un habile éclairage brossent aussi bien la cuisine d’une simple trattoria que celle d’un étoilé. Nos deux amis savent nous faire vivre et partager leurs affres, leurs efforts, mais aussi leurs rêves. Pour les réaliser, il faut être capable de tout sacrifier; la seule véritable morale de ce récit à la fois édifiant et taillé dans l’étoffe du vécu.
Après cette expérience théâtrale unique, vous saurez ce qu’exige une Etoile, fruit d’une vie dédiée à faire avancer la gastronomie.

12h, La Scala Provence, 3, rue Pourquery de Boisserin, Avignon

Ma vie de ténor … est un roman qui m’intéresse beaucoup, de Jean-François Novelli

Depuis son premier carnet de lecture à l’occasion de la création du spectacle en 2020, Ma Vie de Ténor, qu’il reprend, Jean-François Novelli prouve avec gourmandise qu’il n’est pas un ténor comme les autres. A partir d’une charge féroce de Berlioz, le comédien chanteur réussi un spectacle d’un réalisme corrosif et d’une drôlerie jouissive. Et loin d’être schizophrénique, celui qui a pris la vague du mouvement baroque pour mieux expérimenter tous les répertoires tient à partager sa passion pour la mélodie. Pour en lire plus

14h, Théâtre de la Porte Saint-Michel, 23 rue Saint-Michel, Avignon

Le Menteur, de Pierre Corneille, adaptation et la mise en scène de Marion Bierry

Les larrons hilarants de ce Menteur, de Pierre Corneille reprennent du service ! Après le Poche Montparnasse,  ils débarquent au Off avec leurs inventions scéniques, le mélange des genres, aussi irrésistibles que respectueuses de l’esprit jubilatoirement amoral de Corneille.  L’adaptation et la mise en scène de Marion Bierry est totalement décomplexée pour libérer toute la saveur drolatique.  Grâce à une troupe irrésistible de vivacité, la finesse théâtrale du XVIIe siècle regagne tous ses éclats comiques et renouvellera pour le meilleur vos souvenirs des alexandrins de l’auteur du Cid. Un magnifique éclat de rire (classique) va souffler sur le Off. Pour en lire plus

11h45, Théâtre du Girasole, 24 bis, rue Guillaume Puy, Avignon

Jean Zay, un homme complet, de et avec Xavier Béja

En cette année du 80ème anniversaire de la mort de Jean Zay (1904-1944), le comédien Xavier Béja brosse et incarne avec incandescence le visionnaire qu’était l’ancien ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du Front populaire. Ce seul-en-scène poignant s’inspire des « Souvenirs et solitude » écrit par Zay pendant son incarcération de quatre années à la prison de Riom, condamné à la déportation par le régime pétainiste. Appuyée par des vidées d’archives, la mise en scène immersive de Michel Cochet renforce le tragique d’un destin brisé pour ses idées, mais lumineux par l’humanisme d’une conscience exemplaire. Bouleversant. Et au combien d’actualités! Pour en lire plus

11h30, Episcène, 5 rue Ninon Vallin, Avignon, 84000 – info@episcene.be

Rimbaud, cavalcades ! par et avec Romain Puyuelo

Ce Rimbaud, cavalcades ! fût un véritable élan de fraîcheur « abracadamantesque » de l’année 2023. La reprise du seul-en-scène de et avec Romain Puyuelo offre une nouvelle chance de la découvrir en région à ceux qui veulent savourer cette véritable bouffée poétique. Elle relève le défi de faire vivre le mystère du poète aux semelles de vent en moins de 80 minutes ! C’est époustouflant d’intelligence poétique, d’impertinence littéraire et de pertinence scénique signée du co-auteur Nicolas Vallée. Cette réussite confirme que le Voyant reste parmi nous. C’est à nous de l’entendre et de le transmettre, comme le réussit magnifiquement « mine de rien » Romain Puyuelo,  comme il le dit dans son carnet de lecture. Pour en lire plus

17h, Théâtre de la Tâche d’encre d’Avignon, 1 rue de la Tarasque, 84000 Avignon, Tel.: +33 4.90.85.97.13 – la.tache.dencre@wanadoo.fr

Punk.e.s, de Rachel Arditi et Justine Heynemann, avec Charlotte Avias, Salomé Diénis Meulien, Camille Timmerman, Kim Verschueren

[And so rock ?] Créée en 2023 au Festival Off d’Avignon, Punk.e.s, comment nous ne sommes pas devenues célèbres, de Rachel Arditi et Justine Heynemann est une pièce musicale rock qui retrace l’épopée de poche du groupe The Slits (formé en 1976 et séparé en 1979). Les quatre amazones en furie (Ari Up, Paloma, et Tessa Polli, Viv Albertine) ont été les précurseures d’un féminisme radical, donnant naissance au mouvement Riot Grrrl ou la radicalité des Femen. Leur incarnation sur scène par Charlotte Avias, Salomé Diénis Meulien, Camille Timmerman, Kim Verschueren est jubilatoire. et réveillera les rues tranquilles d’Avignon! Pour en lire plus

20h55, La Scala Provence, 3, rue Pourquery de Boisserin, Avignon

Un Songe d’Ernest Cucchero, un thriller onirique, de et avec Mathieu Buscatto et Chloé Renaud

Si le portrait de Van Gogh ne trahissait pas le lieu où se déroule la première partie de la pièce de Mathieu Buscatto, l’ambiance rétro – femme fatale, machine à écrire, téléphone en bakélite, pile de livres, … – ressemble à ces thrillers noirs poisseux où les personnages oscillent entre réalité et onirique. Nous sommes pas loin de Chandler, sauf que l’intrigue est plus limpide.
Avec brio, Un Songe d’Ernest Cucchero se joue des  frontières émotionnelles propres aux rêves et aux désirs qu’ils engagent.  Ils peuvent aussi brouillent les ressorts de deux êtres que tout semble opposer ; un auteur de théâtre en quête d’inspiration, une étudiante fascinée par son œuvre au point d’en faire le sujet de son master, …

Dans un dispositif scénique minimaliste, la mise en scène de Carine Montag et  les dialogues serrés font la part belle aux deux protagonistes : Mathieu Buscatto surfent sur ses doutes mêlés d’intuitions avec un jeu intérieur suffisamment délicat pour ne pas perdre l’auditeur. Chloé Renaud est lumineuse sans lever toutes les interrogations sur ses motivations.  Avec un rythme soutenu, ils jouent au chat et à la souris, au sens propre et figuré pour attirer le spectateur dans une intrigue douce amer, sans prise de tête, loin des imbroglios hypnotiques du détective Marlowe and Friends.

13h20, Théâtre des Corps Saints, 76, Place des Corps Saints, 84000 Avignon

Pauline & Carton, de et avec Christine Murillo

10h, La Scala Provence, 3, rue Pourquery de Boisserin, Avignon

https://youtu.be/0GEGrzV2j6w