Lifestyle
Le Zanatany, la marque au Lémurien s’engage à développer Madagascar
Auteur : Anne-Sophie Barreau
Article publié le 28 octobre 2024
(Pour un design éthique) Redonner au pays qui l’a vu naître : c’est l’ ambition du projet de design éthique Le Zanatany qu’Ivan Rakotomalala développe depuis près d’un an. Facile à identifier tant son Lémurien porte le symbole de Madagascar, la marque de vêtements éthiques ne cesse d’engranger de nouveaux clients séduits par son concept philanthropique. Et pour cause : 50% des bénéfices servent à financer des projets en matière d’éducation et de santé sur la « grande île ». Son créateur dévoile pour Anne-Sophie Barreau la portée de son engagement pour Madagascar.
Enfant du pays
Quelle est l’histoire de la marque des vêtements éthiques Le Zanatany ?
Ivan Rakotomalala. Originaire de Madagascar, je suis arrivé en France à l’âge de quatre ans. En grandissant, j’ai pris conscience de la chance que j’ai eue, grâce à mes parents, de bénéficier d’une éducation de qualité. Parallèlement, j’ai découvert mon pays, l’un des plus pauvres au monde. Quand j’y suis retourné une fois adulte, cela a été un véritable choc, je me suis rendu compte de l’immensité des besoins tous secteurs confondus, et je me suis senti redevable vis-à-vis de Madagascar.
Avec Le Zanatany, la marque de vêtements que j’ai créée il y a un an, je traduis cette volonté en actes : 50% des bénéfices sont destinés à des projets visant à améliorer l’accès à la santé et à l’éducation pour tous.
Venez-vous du monde de la mode ?
J’ai travaillé plus de vingt ans dans l’industrie et je n’avais aucun lien avec la confection, j’ai donc complètement changé de vie. Pour ce qui est du déclic, tout est arrivé un peu par hasard : je suis un passionné de photo, et j’ai créé un logo de lémurien, animal emblématique de Madagascar, pour signer mes photos.
Au fur et à mesure, il m’a semblé que ce logo pourrait être un atout pour un projet futur autour de Madagascar.
Je le voyais bien notamment sur une casquette. J’ai donc commencé à faire des prototypes puis j’ai enchaîné avec des pulls col cheminée. Le Zanatany était né.
Lémurien
En voyant ce lémurien, on ne peut pas ne pas penser au crocodile de Lacoste
Au début de l’aventure, j’ai pris mon bâton de pèlerin, j’ai cherché des entreprises prêtes à m’accompagner en tant que jeune créateur. Je suis également allé à Madagascar avec l’idée de produire sur l’île, ce qui, hélas, n’est pas encore possible. Stratégiquement, le développement de la marque se fait pour le moment entre l’Europe et l’Asie.
La première collection, pour hommes et femmes, est sortie en décembre 2023. Une clientèle désireuse d’acquérir des vêtements qui ont du sens découvre aujourd’hui Le Zanatany.
Aujourd’hui, quand on voit ce logo, on sait tout de suite que l’on parle de Madagascar.
Quelles sont les matières que vous privilégiez ?
J’utilise différents types de coton. Tous sont certifiés. Je voulais un gage de qualité. De même, je voulais une approche responsable vis-à-vis de la filière de production pour limiter au maximum les quantités utilisées et l’empreinte carbone.
Je voudrais à cet égard pointer un paradoxe. Les consommateurs, aujourd’hui, font beaucoup plus attention qu’avant à ce qu’ils achètent, c’est heureux. Or, quand on est une marque inconnue, on nous interroge sur tout – sur l’origine des vêtements, des matériaux…- contrairement aux marques connues auxquelles on ne pose jamais ce genre de questions.
Comment qualifieriez-vous le style Zanatany ?
Il est intemporel. Par ailleurs, les vêtements peuvent être portés en toutes occasions. Je me suis fait accompagner par les stylistes de « Mon défilé » pour transcrire ce que j’avais en tête, créer des prototypes, puis lancer la production.
Pour ce qui est des couleurs, les influences viennent toutes de l’île de Madagascar.
Le litchi par exemple, a inspiré tous nos vêtements de couleur rose. Le bleu marine fait référence au Coua, oiseau emblématique de Madagascar.
Enfin, les plages de Nocibé, avec cette couleur de l’océan qui varie entre le vert et le turquoise, ont aussi inspiré une ligne de vêtements. J’essaye au maximum de m’inspirer de la biodiversité de Madagascar, j’ai déjà d’autres idées pour les collections à venir….
Le logo parle de lui-même, non seulement le lémurien mais aussi la signature – Zanatany signifie « enfant du pays » -, sans compter qu’un petit drapeau de Madagascar est cousu sur le côté gauche des vêtements.
Une école du centre de la « grande île »
Quels sont les projets d’éducation que vous allez soutenir ?
Avant toute chose, nous souhaitons mener des projets de A à Z. Je pars à Madagascar en novembre pour filmer une série de documentaires dans une région située sur les hauts plateaux, à cinq heures de route à l’ouest de Tananarive, la Sakay, et plus précisément dans le village éponyme où nous souhaitons mener des projets en matière d’éducation. Le choix de ce village ne doit rien au hasard. Mon grand-père avait en effet une propriété à proximité.
Aider en priorité des projets en matière d’éducation était une évidence. La première fois que je suis retourné sur place, un matin, j’ai vu passer des enfants qui partaient aux champs avec des zébus. Mon premier réflexe a été de penser qu’ils accompagnaient leur père. Mais la matinée est passée et ils étaient toujours là. J’ai réalisé qu’ils n’allaient tout bonnement pas à l’école.
J’ai voulu en savoir plus. En discutant avec la directrice de l’école, j’ai appris que sur 580 places disponibles, 380 seulement étaient pourvues. 200 enfants environ n’étaient pas inscrits parce que les parents n’en avaient pas les moyens. Or, ce qui m’a permis de réussir dans ma première vie professionnelle, c’est l’éducation, je suis diplômé en génie des matériaux. Je veux que ces enfants aussi aient leur chance. L’école manque notamment de salles, il n’y en a que trois ou quatre, cela donne une idée du nombre d’enfants par classes…Le village, plus globalement, manque de tout, il y a un seul puits pour l’eau, il n’y a pas d’électricité…. Par le passé, il m’est arrivé d’acheter à titre personnel des fournitures scolaires, ou d’aider des enfants qui ne pouvaient pas aller à l’école.
Avec Le Zanatany, j’ai désormais l’opportunité d’en faire beaucoup plus.
Education et santé, les deux vont de pair
Madagascar, encore une fois, est un des pays les plus pauvres au monde. Quand on va à l’hôpital, la condition sine qua non pour être soigné, c’est d’apporter soi-même les médicaments. Comment faire quand le salaire moyen est de 20/25 euros ? Le choc émotionnel que j’évoquais plus tôt avaient deux facettes : d’un côté, la fierté de retourner dans cette île où je suis né, de l’autre, l’immense tristesse de voir dans quel état se trouvait le pays.
Mon vœu avec Le Zanatany est de faire croître une communauté de consommateurs engagés autour du développement de Madagascar.
Propos recueillis par Anne-Sophie Barreau le 15 octobre 2024
Pour soutenir Le Zanatany
Le site Le Zanatany, Boutique en ligne de vêtements éthiques pour femme et homme
le blog pour suivre les projets de santé et d’éducation – facebook – instagram
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