Un voyage sonore singulier 

Il suffit d’entendre quelques secondes de ses Gymnopédies et Gnossiennes de Satie, pour se laisser emporter dans un autre univers sonore. Bien sûr, ceux qui tiennent au confort de leurs habitudes hausseront les épaules et passeront leur chemin. C’est dommage tant les complices associés travaillent le son pour nous plonger sur d’autres routes sonores, au fil des rencontres, des lectures et des envies. Bien au-delà des frontières classiques de l’Occident.

Lancée dans un projet trés personnel, Fanny Stefanelli persiste et signe à croire au mélange des genres, comme elle l’a pratiqué depuis 10 ans au sein du SpiriTango Quartet.  Créé avec l’accordéoniste Thomas Chedal, la formation bouscule les lignes avec leur envie de tango nuevo d’ Astor Piazzola mélée à cette approche très chambriste de son travail.
D’où l’utilisation de l’accordéon plutôt que du bandonéon.

« Le bandonéon a un timbre qui prend aux tripes, c’est vrai, mais il n’a qu’un son. Alors que l’accordéon offre plein de timbres différents, ce qui rend le champ des possibles très ouvert pour nous »
Fanny Stefanelli

Sortir des cadres

Le résultat offre des versions plutôt décoiffantes de « tango de concert » même si à l’occasion des danseurs viennent les rejoindre.  Surtout c’est un état d’esprit. Un désir irrépréssible de ne pas se laisser enfermer, dans aucune étiquette, dans aucun chemin balisé, … même s’il faut prendre le risque de se retrouver seule sur le chemin.

Piazzolla disait : le tango, c’est la rage. Mais c’est bien ça, la rage de vivre, qui peut s’associer à des choses très douloureuses mais aussi des envolées magnifiques. Et l’interpréter, c’est sentir cette rage en soi ! 

C’est cette même « rage » qui nourrit cet « Esprit folk »

L’ambition revendiquée est de redonner ses marques de noblesse au violon électrique : l’utiliser pour apporter une palette sonore plus riche telle une registration d’accordéon ou d’orgue.
Pour cela, la soliste au violon acoustique espagnole du XVIIIème siècle a fait appel au luthier Sacrilegious Designs qui lui a réalisé spécialement pour cet album un violon électrique, une pièce unique à la volute boisée en tête de Bouddha. A elle, de faire résonner les deux instruments au fil de ses émotions et des partitions, fusionnant les univers sonores avec ses cordes.

Broder ou ne pas broder

Cette forme de liberté, de créativité nourrit et dynamise cet « Esprit folk ». Elle constitue une provocation pour certains conservateurs, mais un manifeste d’esprits libres pour ceux qui savent lâcher prise et se laisser surprendre.

« Ici, sur la base de ce qui est écrit, on peut apporter non pas de l’improvisation (plutôt l’apanage du jazz), mais ce que j’appelle de l’ornementation »

Transcender les frontières et les répertoires

Transformer l’interprétation et l’univers de pièces archi célèbres du répertoire classiques :  les Danses roumaines de Bartok, les Mélodies hébraïques de Ravel, « La fille aux cheveux de lin » de Debussy, une Danse espagnole de Granados pour rendre hommage à ses origines tout en y associant des créations d’univers très différents : « Impressions Tango » de Graciane Finzi,   « Yop ! » et « Pagamania !» de Régis Campo, sans oublier « Sur la voie du Shambhala » de son mari et partenaire Matthieu Stefanelli.

L’émulation d’une vraie osmose

On ne change pas une méthode qui gagne. En invitant des musiciens au fil des rencontres ou des projets, le collectif s’enrichit les uns avec les autres et la complicité transpire. Avec Vassilena Serafimova, Lisa Strauss, Gabriel Bianco, Renaud Gabriel, son « Esprit Folk » prend toute sa dimension de saveurs sonores au fil de chemins buissonniers inédits.  L’énergie qu’elle y puise profondément, le travail des instruments pour y trouver et partager une puissance musicale… ouvrent le champs (le chant aussi) à une musique très rythmique et empreinte de liberté, qu’il faut certes apprivoiser, mais vos oreilles ne le regretteront pas !

Le carnet de lecture de Fanny Stefanelli

 » Va, vis et Deviens » du réalisateur Radhu Mihaileanu.

Un film qui m’a touchée en plein cœur.

Durant l’opération Moïse en 1984, un enfant éthiopien doit quitter sa mère et partir dans une famille israélienne en se faisant passer pour un autre. La séparation de l’enfant avec sa mère, devenir quelqu’un qu’il n’est pas, la solitude de cet enfant m’a bouleversée…

Petit clin d’œil musical avec un instrument que j’affectionne tout particulièrement : le « duduk », une flûte arménienne qui résonnera d’ailleurs le 14 mai au Bal Blomet …

« La dame Blanche » de Sébastien Azzopardi et Sacha Donino

pour sa mise en scène très originale . Nous sommes d’ailleurs plongés dans le spectacle et l’ambiance avant même qu’il ne commence durant le placement des spectateurs…
L’intrigue pouvant paraître banale, une histoire de revenant et pourtant la dramaturgie était assez exceptionnelle.

Coup de cœur littéraire :

Si je remonte dans mes souvenirs avec un livre qui traverse le temps et que j’ai le plaisir de faire découvrir aujourd’hui à à ma fille de 7 ans, c’est « Le petit prince » de Saint-Exupery !

Ce que j’aime dans ce livre ce sont les différents degrés de lecture selon les âges… Il me rappelle mon papa qui, très souvent me citait des phrases bien célèbres qui ont bercé mon enfance.

« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante ».

Et si je devais citer un livre lu récemment ce serait « Jonathan Livingston le goéland » de Richard Bach (encore un aviateur). C’est encore un chemin initiatique sur l’apprentisage du vol d’un oiseau, l’émancipation, la liberté, l’accomplissement personnel par l’amour !

Coup de cœur Danse :

Il est vrai que j’adore danser et que je ne me débrouille plutôt pas trop mal à ce qu’il paraît ! Au-delà de ma pratique du tango que j’ai énormément joué au sein du Spiritango Quartet et que j’ai eu la chance de danser parfois, j’ai fait des années de danse « Modern Jazz »

si il y a bien une danse qui me fascine tout particulièrement et que je compte bien apprendre un jour, c’est le « flamenco »,

car il me rappelle mes origines espagnoles et des souvenirs en Andalousie dont « Granada » qui est aussi un coup de cœur pour moi.

Coup de cœur musicaux  :

J’écoute beaucoup de styles différents

mais si je dois en citer quatre, disons Jean-Sébastien Bach qui me suit depuis mon enfance car il me recentre dans mes moments de fragilité.

Paco De Lucia pour le flamenco qui éveille mes sens,

Stevie Wonder pour me lever le matin et vouloir croquer la vie à pleine dents

et enfin « Escualo » d’Astor Piazzolla qui signifie « Le Requin », un animal fascinant…

Une personnalité coup de cœur :

Je vais vous citer deux personnes. L’une décédée et l’autre vivante mais qui ont je pense des similitudes dans leur quête de sagesse et d’amour des autres !

Gandhi et Thierry Marx (un chef etoilé) !

Gandhi pour sa lutte contre le colonialisme de façon pacifiste. Je me retrouve dans son message de « non-violence » car je déteste moi-même le conflit de toute sorte et je lutte en permanence pour conserver une harmonie collective.

Thierry Marx est une personne que je rêve de rencontrer ! Si vous pouviez d’ailleurs lui faire passer le message !! Vous m’entendrez souvent parler de lui car il m’inspire par son parcours exemplaire, son management et sa philosophie.

« Il nous pousse à « lâcher la main du passé et regarder devant soi ». Selon lui, personne n’est fait pour l’échec, si nous sommes Rigoureux, Engagés, Réguliers et créatifs alors nous serons des « Hommes » et des « Femmes » « LIBRES » !

Auteur de l'article

Olivier Olgan

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