Auteur : Patricia de Figueiredo
Article publié le 9 mars 2023

Si les paysages aux reflets changeants de Madère du Carnet d’horizons de Jean de Faultrier ont éveillé votre curiosité, Patricia de Figueiredo qui en revient, vous encourage à découvrir la perle de l’Atlantique, à condition de ne craindre ni les routes sinueuses, ni être sujet au vertige. Si vous êtes amoureux d’une nature sauvage, battue par les vents, et amateur de ce vin ‘mutée’ local, alors l’ île devient envoutante, entre éden et hédonisme. Quelques infos pratiques pour réussir son séjour et son passage en cave.  

Funchal , sa capitale vaut bien deux jours de découvertes.

Le complexe Porto Mare est l’endroit idéal pour se reposer après les visites Photo Patricia de Figueiredo

Commencez par la voir de haut, prenez-le téléphérique qui vous conduira au Monte Palace Tropical Garden, vaste jardin où s’épanouissent faune et flore tropicales

Au centre, le Monte Palace qui fut un hôtel de 1897 à 1947. Certes vous ne serez pas les seuls à avoir eu cette idée, les passagers des paquebots vous rejoindront mais les sept hectares du domaine vous permettent de visiter au calme et de se sentir dans un véritable jardin d’Eden.  Ça descend raide jusqu’à la buvette où vous avez le droit à un verre de Madère. Les moins courageux pourront remonter avec des nouvelles tractions.

Enchainez sur l’autre jardin, moins fréquenté, le botanique à quelques pas de là accessible par un autre téléphérique tout aussi impressionnant. Sur place, des fleurs en multitudes, élevées, bichonnées presque.

L’intérieur baroque de Sé Catedral, la première cathédrale portugaise d’outre-mer. Photo Patricia de Figueiredo

Pour descendre on peut reprendre le téléphérique ou s’offrir le frisson des luges conduites par des hommes.

Retour à Funchal pour visiter le marché Mercado dos Lavradores. Profusion de fruits qui poussent sur l’île : bananes, manques, citrons, goyaves… de poissons et d’épices.

Prenez le temps d’ admirer l’intérieur de Sé Catedral, la première cathédrale portugaise d’outre-mer. Le bâtiment qui fut consacrée en 1517 cache sous un extérieur austère, une multitude de parures, dorures et sculptures.

Puis remontons en direction du Museu Quitas das Cruzes, ancienne maison de maître elle abrite une belle collection d’arts décoratifs.

A quelques pas de là, il serait dommage de ne pas visiter la Casa-Museu Frederico de Freitas. L’ancienne maison d’un avocat du XXe siècle témoigne d’un passé riche et élégant et possède notamment une belle collection d’azulejos.

Le restaurant Sol Poente ( en jaune ) offre une vue à couper le souffle et une cuisine de la mer Photo Patricia de Figueiredo

Logeant la côte sud, il serait dommage de ne pas pousser jusqu’à Porta do sol, une jolie station balnéaire avec sa plage de galets. Perché sur un piton rocheux dominant l’océan, l’ Estalagem do sol  est un hôtel intimiste et un restaurant de qualité, il se découvre par un ascenseur : vue et ambiance garanties

Autre possibilité pour le déjeuner, toujours à Porta do sol, le Sol Poente, une carte de poissons et salades bien réalisés, face à l’océan.

Enfin, il ne faut pas manquer le nord de l’île, de Sâo Vicente à Porto Muniz. Dans cette dernière localité assez fréquentée pour ses piscines naturelles et artificielles, le restaurant Cachalote avec sa salle panoramique remplit très bien son office.

A la découverte des subtilités du Madère

La cave de la maison Henriques & Henriques réserve de jolies saveurs Photo Patricia de Figueiredo

Si la fête du Madère a lieu fin aout et début septembre, le vignoble qui couvre 500 hectares culminant à 1818 mètres avec le Pico do Arieiro se découvre toute l’année.

À Funchal, Blandys combine ateliers de dégustation et visite de caves. Moins fréquenté, on peut lui préférer à la maison Henriques & Henriques qui depuis 1850 œuvre à fabriquer des Madères, possède aussi les plus grands vignobles de l’île. La maison est située à Câmara de lobos, charmant petit port de pêche où Churchill avait ses habitudes.

Partir à la découverte d’un vin unique

La dégustation s’effectue :

• soit, sur des monocépages (donnant des colheitas, l’année de la vendange est mentionnée sur l’étiquette, et ces vins doivent au minimum vieillir 5 ans en fût de chêne, 7 pour le Sercial, et frasqueiras, avec la mention de l’année de vendange sont composés à 100% du cépage indiqué sur l’étiquette de 20 ans ou plus en futs de chêne),
• soit, assemblés en « blends » (3, 5, 10, 15, 20, 30 et 40 ans et plus).

Il faut lire les informations sur la bouteille pour comprendre la variété des vins de Madères Photo Patricia de Figueiredo

Le DOP Madeira, ce vin local dit muté (« fortified wine », pour les anglais qui en étaient friands pour leurs voyages maritimes) se développe sur des cépages rouges, le tinta négra, le plus courant, utilisé notamment pour la cuisine.

La subtilité se concentre sur les cépages blancs dont Il faut distinguer quatre variétés :

• le Sercial (sec), planté le plus en altitude, jusqu’à 800m, par sa couleur claire et légère et son caractère très parfumé il est apprécié en apéritif,
• le Verdelho (demi-sec), Planté entre 100 et 400 m, sa couleur dorée et ses donnent ses arômes si caractéristiques de fruits tropicaux le rende très identifiable,
• le Boal (demi-doux),  sa suavité d’une couleur doré foncé accompagne les viandes comme les rôtis et en digestif pour se marier avec des desserts,
• le Malvasia (malvoisie doux), le plus ancien de l’île et très précoce,, corsé et d’une couleur rouge qui sublime son intensité esthétique et gustative..

A cette diversité, s’ajoute le Terrantez : un vin demi-sec, parmi les plus rares de Madère.

Le processus du vieillissement du vin de madère a été trouvé fortuitement,  des tonneaux avaient été laissés au soleil sur les bateaux, la chaleur avaient rendus les vins bien meilleurs. Depuis, une fois les raisins vinifiés, la fermentation est stoppée par ajout d’alcool neutre pour arriver entre 17 et 18 degrés alcooliques.

• Le vieillissement s’effectue naturellement tradition nommée « canteiros » dans des barriques en étages, naturellement chauds, au minimum quatre ans et parfois jusqu’à plus de cent.  Tous les vins vintage (Frasqueira), sont élaborés de cette manière.
• Sinon, le processus de « L’estufagem » en cuves métalliques « estufas » chauffe le vin par serpentins, entre 45 et 50°C environ, pendant trois ou quatre mois. Le refroidissement s’étale sur la même période. La mise en bouteille est à partir du 31 Octobre, 2 années après la récolte.

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