Culture
Le trio Portron Portron Lopez signe un nouvel opus Ice Cream Soufi (PL Records)
Auteur : Calisto Dobson
Article publié le 25 mai 2022
[And so Rock ?] Deux frangins bretteurs de six cordes, Marceau Portron et Valentin Portron et Olivier Kelchtermans un batteur agité comme il se doit, forment depuis 2011 le trio Portron Portron Lopez. Leur dernier opus, Ice Cream Soufi, distille pour Calisto Dobson un brin de blues psychédélique débraillé aux entournures moyen-orientales.
Des prestations virevoltantes en public
Je ne les ai pas vus naître mais presque. C’était un vendredi soir de juin 2015 dans un jardin d’une maison de Montreuil après un enterrement. Une soirée arty organisée par un trublion anticonformiste qui avait invité leur producteur.
En plein air, ces petits gars qui sont grands, 1m90 à vue au garrot, sans doute plus, jouaient fort une transe débraillée de blues punk psychédélique qui ne disait pas son nom. Ferraillant la six cordes en frangins accompagnés d’un seul batteur fou comme il se doit. Ce fût je dois dire une découverte enthousiasmante. Qui m’amena à plusieurs de leurs prestations virevoltantes en public.
Aujourd’hui, après “Uh !”, “Moi Aussi J’ai Des Amis Qui Font Du Bruit” et “De Colère Et D’Envie”, leur nouvel album studio s’intitule “Ice Cream Soufi”.
Un sens aigu de l’autodérision
Les Portron Portron Lopez forment un trio, Portron pour le duo de frères Marceau et Valentin et Lopez pour leur agitateur de baguettes, parti depuis et remplacé par Olivier Kelchtermans, dont ils ont par décence gardé le patronyme.
Largement instrumentale, leur musique repose en grande partie sur le duetto échevelé et complice des deux grands zigues à la fraternité parfaitement synchrone. Lorsqu’ils poussent la chansonnette, ce sont des vagissements qui émergent d’une logorrhée toute primitive. Les Portron Portron Lopez sont à l’os et pratiquent volontiers l’autodérision.
Leur malaxage de blues orienté va puiser ses racines à la source de la transe originelle. Gosses joueurs et rieurs insouciants sur scène, leur générosité n’égale que leur gravité lorsqu’il s’agit d’évoquer sans rien en dire notre désarroi contemporain.
Pour les influences, nous pourrions citer des réminiscences du Captain Beefheart panachées d’une tendance outrock croisées avec la spontanéité de ceux qui n’ont que l’envie de jouer sans arrière pensée. Ils croisent leur fer souvent incandescent dans une brise légère des bords du Mississippi voire du fin fond des dunes sahariennes.
Sans aucun doute biberonnée au psychédélisme primaire, leur musique échappe aux clichés en inventant des airs tribaux qui poussent à la frénésie. Un air de blues touareg magnifié de relents électriques postpunk.
À mon sens, sans équivalent par ici ils émergent sans aucune forfanterie de l’ombre d’un underground français qui s’en fout, ils redonnent de la dignité à l’intégrité d’un certain esprit du rock.
Post Scriptum : Il serait judicieux de la part d’un festival comme le BBmix boulonnais de les programmer.