Voyages
Au plateau du Bénou, la nature est reine
Auteur : Robert Mauss
Article publié le 19 octobre 2021
Sauf des initiés de randos ou du Tour de France, c’est une vallée des Hautes Pyrénées ignorée. Si son nom venait à se propager, il faudra instaurer des barrages et des méthodes de réservation pour éviter que ce haut lieu de la transhumance des Blondes d’Aquitaine et des pottoks des Pyrénées soit trop fréquenté. Singulars vous le glisse à l’oreille, destination Bilhères, col de Marie-Blanque direction, plateau du Bedou.
Un paysage de cinéma
Pour l’instant le plateau du Bénou est réservé aux migrations estivales des Blondes d’Aquitaine et des petits chevaux des Pyrénées, pottoks et mérengais (ou Mérens). Comme d’autres se ruent au soleil de la Costa Brava, ces animaux broutent paisiblement l’herbe grasse des pâturages. Une habitude qui remonte à des siècles en arrière.
Déjà nos ancêtres de la Préhistoire ont érigé des cercles de pierres baptisés ‘’cromlechs’’. Ils ne manquaient pas de courage pour créer ces monuments faits de mégalithes dressés à la verticale. Et le marcheur qui fréquente le Bénou ne manque jamais l’occasion de les remercier quand il profite de ces cromlechs pour une pause méritée.
Aujourd’hui, la promenade est plus simple qu’au bon temps du temps jadis. Venus de Pau la bourgeoise à une quarantaine de kilomètres par la Nationale 134, le promeneur bifurque à Bilhères, petite localité flattée par des hôtels particuliers du XVIe et XVIIe siècle autour de son église consacrée à Saint Jean Baptiste.
Singulars signale à son lecteur attentif l’abside octogonale et surtout le baldaquin de bois entièrement sculpté qui surmonte l’autel. C’est dans une pièce attenante à l’église que se réunissaient les édiles des vallées, en particulier pour répartir les terrains, traiter des litiges d’appartenance entre les éleveurs et décider du traçage des murets qui délimitaient les vergers.
La vallée heureuse
Car elle est riche et prospère cette vallée des Hautes Pyrénées. Alimentée par de nombreuses sources, elle a permis le développement d’une agriculture riche et variée. Aujourd’hui, subsistent des jardins et des vergers plus entretenus que cultivés, ainsi et surtout un élevage prospère.
Chaque année, souvent le 1er juillet, les paysans montent leurs bêtes en altitude. Essentiellement des vaches, mais également de magnifiques moutons. Encadrés par les Patous, ces chiens d’origine locale, les troupeaux s’élancent l’un après l’autre. Les éleveurs sont là bien décidés à passer tout l’été en montagne, souvent jusqu’à la fin septembre. Ils pourront recueillir le lait nécessaire au fromage d’Ossau, à la pâte douce et fruitée que l’on peut d’ailleurs acheter sur place. Le départ des animaux donne lieu à des animations comme le marquage des bêtes.
Rien de bien difficile
L’été est le moment pour profiter de ce spectacle sidérant qui s’offre aux amateurs de randonnée. Le journaliste tient à rassurer celles et ceux qui redoutent les marches en montagne : rien de bien difficile. Le plateau du Bedou est à peine à 900 mètres d’altitude et la marche s’effectue en douceur favorisée par une inclinaison disons paisible. Après avoir garé son véhicule dans le parking situé au-dessus de Bilhères, le marcheur entame donc sa propre transhumance. Le chemin qu’il emprunte ne sent pas la noisette comme dans la chanson, mais déjà il emplit ses poumons d’un air pur et jouissif.
Après la chapelle du Houndas, le chemin tourne derrière un chalet à l’abandon. Encore quelques centaines de mètres. On laisse sur sa gauche la ferme du fromage, un grand abreuvoir de l’autre côté, et on file droit devant sur des dizaines d’hectares s’étend la prairie ou paissent avec une sérénité stupéfiante des centaines et des centaines de vaches, de moutons et de ces jolis chevaux de montagne râblés et trapus.
A moins de vouloir taquiner une bête qui vient de mettre bas ou de laisser son chien mordiller une vache ou une jument, il n’y a aucun danger. Les animaux sont occupés à paitre et se moquent des promeneurs comme de leur première traite. Du reste, les instructions du Parc sont formelles : les chiens en laisse et les gosses par la main !
En été comme en hiver
Au pied du merveilleux col de Marie-Blanque le plateau du Bénou nous offre un paysage de cinéma. La vallée est en forme de U, creusée par l’érosion des glaciers. On savoure le panorama formé par les massifs des Ports de Castet, du Béon et d’Aste. Un détail encore, au bout du plateau, la vallée d’Aspe, le bijou ultime des Pyrénées. S’il se sent le courage, le marcheur peut profiter des chemins pour découvrir les cromlechs, les fermes et anciennes chapelles qui parsèment la montagne, vers le Turon de Técouère et le Pic d’Escurets. Toujours entouré de ruminants et d’équidés. En dehors de l’été, donc hors de la présence des bêtes, le plateau est propice au VTT. Et en hiver aux randonnées en ski de fond et raquettes. Un club organise même l’été des randonnées à cheval, et lors de notre excursion nous avons pu dialoguer avec des amateurs de parapente.
Entre nous, les vaches n’étaient pas plus impressionnées que ça par ces curieux animaux volants. A propos d’animaux volants, nous avons failli oublier de mentionner les rapaces qui profitent du plateau à leur manière. Des aigles royaux en quête d’un lapin ou d’un rongeur, et surtout des vautours ces nettoyeurs de la nature qui dévorent les cadavres des animaux.
Sur le plateau, l’homme doit se faire petit.
Informations pratiques pour se rendre sur le Plateau du Benou
- Office de tourisme de Laruns : 08 92 68 02 64.
- Maison de la Vallée de l’Ossau : 05 59 05 31 41
Equipement : Il vaut mieux se munir de chaussures à semelles épaisses.
Les randonnées de niveau 1 (1h30 faciles)
- Le Turon de Técouère : 120 mètres de dénivelés
- Les cercles de pierres : 200 mètres de dénivelés
- Le Pic d’Escurets : 200 mètres de dénivelés
Autres activités
- Chevauchée Pyrénéenne (05 59 82 62 78)
- Excursions : Immersion dans une bergerie, avec guide pour les excursions, nuitées en refuges et repas (05 59 05 31 41)
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