Culture

Avec sa brique, Solano Benitez dépasse l’architecture expérimentale

Auteur : Marc Pottier, Art Curator basé à Rio de Janeiro
Article publié le 1er aout 2023

[Découvrir les artistes d’aujourd’hui] Artiste ? Visionnaire ? Architecte ? Inventeur ? Solano Benitez est tout cela à la fois et sans doute au-delà. Ce magicien de la brique en a fait l’élément signature d’une œuvre qui intègre la vie comme un tout. Les différents enjeux techniques et les composantes sociales, environnementales et économiques fusionnent dans ses projets. Ses savantes compositions géométriques sont le résultat d’une réflexion holistique sur la modestie du matériau lui-même, sur l’évolution des techniques, sur l’impact de son travail sur l’environnement, au sens propre et figuré. Marc Pottier  invite à découvrir un « sculpteur de volumes » qui définit son métier comme « assurer (soigner/protéger) l’habitabilité des êtres en tant qu’humains. »

L’ infini de possibles – appuyés sur l’histoire – créé par Solano Benitez  joue avec les formes et les ombres qui semblent danser, dans une fausse apparence de fragilité, sans vraiment se donner aux espaces qui sont à l’origine de leurs assemblages.
Marc Pottier

Vie et architecture intimement imbriquées.

Lors de sa présentation de candidature pour le projet de futur MIA (Museu Internacional de Arte) qui devrait ouvrir ses portes à Foz do Iguaçu (Brésil) en 2026, les équipes présentes du secrétariat de la culture de l’état du Parana et du Centre Pompidou qui ‘coachent’ le projet, n’ont pas eu à faire à un architecte qui bombe le torse pour afficher les différentes raisons de le choisir. Au contraire, elles ont rencontré un (nouveau meilleur) ami sympathique et séduisant qui vous raconte magnifiquement son œuvre à partir de sa vie.

Casa Abu y Font (2010) de Solano Benitez Photo Solano Benitez

En effet, vie personnelle et architecture semblant ne faire qu’une pour cet artiste : le power-point que présentait Solano Benitez commençait par la Casa Abu y Font, maison qu’il a construit en 2010 pour sa mère et sa famille et se terminait par Four Beams, le mausolée qu’il a imaginé pour son père. Mais il a aussi introduit son intervention par une grande prédication enflammée sur la naissance du monde et l’évolution des civilisations sur une planète en perpétuelle évolution. Intelligent en diable il sait vous entrainer dans un narratif dans lequel on se laisse prendre avec plaisir sans savoir toujours où on va atterrir.

Four Beams, en hommage de son père. Photo Solano Benitez

De l’importance du parcours humain

sculpture pour l’exposition Géométries Sud, du Mexique à la Terre de Feu, Fondation Cartier 2019 Photo Solano Benitez

L’entendre décrire la grande sculpture architecturale qu’il a présenté à la Fondation Cartier en 2019 pour l’exposition Géométries Sud, du Mexique à la Terre de Feu donne le ton : « L’œuvre que j’ai construite, faite de répétitions, pour un commissariat qui prolonge son observation sur la géométrie, portait le nom de « 6×8 ». Il faisait allusion au rythme le plus répandu de la musique sud-américaine, mais ces sons ont traversé l’océan avec les Européens, et sont venus en Europe des Égyptiens… des Tsiganes, qui à leur tour ont émigré de l’Inde. Et ces murs qui dansent aussi sur cette matrice, se sont formés dans ce parcours humain. »

« Face à la construction de l’immeuble de la Fondation Cartier conçu par Jean Nouvel, j’ai tenté une réponse dans sa langue. Je lui ai expliqué que son bâtiment célébrait le meilleur de la technique française dans la production des matériaux et dans la technologie et les spécialistes pour l’ériger. Tout est fait pour protéger et entretenir le jardin et son arbre colossal. Comprenant cela, je voulais faire de même, en utilisant un matériau abondant et le moins raffiné possible avec un travail qui ne demandait aucun degré d’instruction, autre que de soutenir les possibilités d’utilisation du corps et du bon sens » complète-t-il dans son enthousiasme permanent.

Une architecture qui n’est pas expérimentale est inutile.
Solano Benitez

Ses autres réalisations furent aussi l’occasion pour lui d’évoquer des questions philosophiques, de présenter son regard sur le monde avec ses inquiétudes sur la nature maltraitée. Ce fut une conversation imagée par de brillantes réalisations qui font qu’aujourd’hui Solano Benitez, membre honoraire de l’American Institute of Architects depuis 2012, a reçu de très nombreux prix comme finaliste du Mies van der Rohe en 1999, le BSI Swiss Architectural Award en 2008 ou encore le Golden Lion de la biennale de Venise en 2016. Le poète sait construire.  

La brique, ressource économique et poétique de Solano Benitez. Photo Solano Benitez

J’aime à constater que ce que je pense et déclare est écrit avec des pierres et que l’architecture et le discours qui la soutient sont indissociables
Solano Benitez

La force de l’intuition, entre l’érudit et le populaire

Interviewer Solano Benitez, c’est entrer dans une Tour de Babel à la Borges où, quand il s’exprime à la Dali, s’entrechoquent espagnol, anglais, français et autres langues. Il aime bien à l’avance les incorrections qui pourraient naitre des traductions de ce sabir linguistique labyrinthique. Il sait dessiner l’essence vivante de la culture populaire, le folklore de sa terre paraguayenne est pour lui enracinée dans la condition même de la vie. Le sexagénaire – né en 1963 – est un penseur qui consacre l’essentiel de son travail pour vitaliser ce patrimoine populaire. Son architecture a cette force d’intuition capable de créer en remontant aux origines de la civilisation avec un discours voguant entre l’érudit et le populaire.

J’aimerais qu’on se souvienne de moi comme le plus latino des architectes chinois, originaires de la mère Afrique.
Solano Benitez

El Gabinete de Arquitectura, atelier de Solano Benitez, Asuncion, Paraguay Photo Solano Benitez

Expert pour faire ce qu’il ne sait pas faire

Après avoir obtenu son diplôme en architecture en 1986, Solano Benítez né à Asunción créé son « Gabinete de Arquitectura ». Dans sa présentation pour le futur MIA de Foz do Iguaçu, il le définit non sans une certaine ironie comme un bureau qui conçoit, construit, étudie et enseigne, et, complétait-il : « Nous sommes des spécialistes pour faire ce qu’on ne sait pas faire ». Le lancement d’une nouvelle agence Jopoi de Arquitectura lui fait remettre à plat les fondamentaux de son œuvre et de ses ambitions.

L’espace en construction ouvert à tous les possibles

En 1994, après avoir reçu un prix de cinq mille dollars, il a été confronté à un dilemme : acquérir deux nouveaux ordinateurs pour travailler ou construire un nouveau siège social. Au moment de choisir la deuxième option, il a été confronté à des problèmes de coûts qui ont donné lieu à une réponse technique créative qui pouvait répondre aux relations spatiales appropriées pour un bureau d’architecture. Le bâtiment créé a un caractère intermédiaire entre l’idée et la finition, où, malgré la construction remplissant sa fonction, son aspect inachevé expose le lieu comme un espace en construction.

vue intérieure d’El Gabinete de Arquitectura,de Solano Benitez, Asuncion, Paraguay Photo Solano Benitez

Une relation forte avec le contexte paraguayen

Sa naissance dans une communauté aux prises avec de graves problèmes sociaux et économiques a fait de lui un chercheur infatigable à la recherche de solutions de conception plus intelligentes, qui permettraient à chacun d’avoir un logement de haute qualité au coût le plus bas possible. Cette exigence à la pragmatique et visionnaire est devenu une référence pour l’architecture latino-américaine. Benitez défend que les architectes doivent investir davantage dans l’investigation des techniques de production. Les solutions peuvent être l’outil de construction sociale le plus efficace en tenant toujours compte du fait que l’humanité grandit et que les ressources de la planète ne sont plus aussi abondantes qu’avant.

La brique, ressource économique et poétique de Solano Benitez Photo Solano Benitez

Nous sommes devant un message chargé de poésie et de lyrisme, exemplaire pour tous dans la reprise de cette question, qui sont-ils, qui sommes-nous, quel serait notre discours pour inaugurer un monde pacifique qui contient tout le monde, l’idéal de la ville ouverte démocratique et qui sait voir dans la culture populaire l’essence d’un savoir où il est impossible de ne pas progresser, de ne pas avancer… qui est le message de comment continuer.
Paulo Mendes da Rocha (1928-2021), architecte brésilien sur le travail de Solano Benítez 

Toujours savoir ce qu’on fait, comment on fait et pourquoi on fait

La façon d’intégrer les futurs habitants dans ses architectures distingue aussi cet artiste au niveau international. Sa façon très originale avec laquelle il pense ses œuvres, montre toujours une attitude sensible et humaniste au contexte dans lequel il travaille. Dans le travail de la brique, il fait preuve d’une connaissance approfondie du matériau et d’une maîtrise des techniques, ce qui lui permet d’imaginer son architecture d’une manière qui favorise la réinvention des modes de construction. Son travail s’inscrit dans la dynamique entre main et esprit, entre connaissance de la matière et techniques qui guide le faire de celui qui sait « quoi » il fait et quel est donc son engagement, « comment » il le fait avec ses techniques bien à lui et enfin « pourquoi » il le fait en pensant le contexte dans lequel il travaille. Cette dynamique entre le faire et la pensée aboutit à différents types de métamorphoses et de coopération entre les matériaux. Les transformations qu’il invente, mettent en évidence le caractère d’investigation et d’expérimentation de ses créations.

La brique, ressource économique et poétique de Solano Benitez Photo Solano Benitez

L’investigation architecturale de Solano Benítez, menée dans un contexte politico-économique difficile, avec des problèmes logistiques clairs et loin des processus productifs dictés par la mondialisation, s’avère d’une qualité extraordinaire. La plupart du temps, Solano Benítez utilise des matériaux simples que l’on trouve localement et qui lui permettent d’obtenir des formes expressives d’un grand impact et d’une charge poétique.
La pauvreté des matériaux utilisés est inversement proportionnelle aux émotions que véhicule l’architecture.
Les valeurs inhérentes à l’environnement dans le contexte latino-américain renforcent son identité à travers des architectures avec de nouveaux langages, de nouvelles typologies et une habitabilité inattendue.

Mario Botta (1943-) architecte suisse

La brique, ressource économique et poétique de Solano Benitez Photo Solano Benitez

Je suis plus écosystémique qu’écologique

« Nous sommes cousins de toutes les formes de vie et nous avons des relations instrumentales avec toutes et avec toutes les formes de matière, indistinctement convoquées par la physique, la chimie ou la biologie », confie-t-il à Singular’s.

L’architecture, dans sa définition la plus synthétique, est la discipline chargée d’assurer (soigner/protéger) l’habitabilité des êtres en tant qu’humains. Les limites de ladite habitabilité s’étendent culturellement sur une infinité de conditionnements passés, présents et futurs.
Produite pour célébrer notre condition humaine, cette coexistence humaine est toujours collective et donc sociale. Elle doit impliquer par aspiration la plus grande extension possible dans laquelle nous rêvons tous de nous retrouver
.
Solano Benítez 

La brique, ressource économique et poétique de Solano Benitez Photo Solano Benitez


La forme géométrique est la 2nd marque de fabrique de Solano Martinez Photo SM

De la matérialité de la construction à l’habitabilité des espaces

Emblématique de ses recherches, son recours à la brique traduit une volonté de faire face à la crise environnementale qui se révèle dans un changement d’attitude envers l’exploitation des ressources naturelles. Il y a chez lui une conscience que les architectes doivent réévaluer leur façon de penser la construction, et que l’impact de leurs choix se fassent de manière consciente. Aussi la brique, il la veut la plus courante, la moins chère, celle que l’on peut trouver dans n’importe quel magasin de matériaux de construction. Il sait qu’avec ‘sa brique’, il peut intervenir dans différentes sphères : sociale, car c’est un matériau commun dont la technique est largement diffusée, économique, car il est possible de construire avec budget limité, ou encore environnementale, avec une matière première disponible en abondance au Paraguay et dans beaucoup d’autres pays.

Une palette pour expérimenter les différentes potentialités des matériaux

Détail de la sculpture de Solano Benitez Biennale de Venise 2012 Photo Solano Benitez

À partir de la maîtrise de différentes techniques, Benítez adopte ainsi une position critique presque politique sur l’utilisation des matériaux, ce qui l’amène à reconnaître différentes potentialités en eux et à trouver de nouvelles expressions. Ainsi, face à la brique, le type le plus répandu au Paraguay, qu’elle soit entière ou en fragments, Solano maximise ses propriétés en recherchant la coopération avec le béton et l’acier. Il cherche ainsi à réutiliser du verre, des morceaux de bois, et, en plus d’utiliser la brique pleine, il explore également la construction avec des briques issues de démolitions, entières ou même brisées.
Cet architecte-artiste compose avec ses briques des assemblages sculpturaux qui dépassent l’architecture. A la biennale de Venise ou à la Fondation Cartier il a présenté des morceaux d’architecture, en fait de véritables sculptures. Celles-ci viennent ou non enrober ses architectures. Beaucoup d’éléments de ses architectures pourraient exister par eux-mêmes indépendamment de l’architecture qui est à l’origine de leur création.

Il se dégage des œuvres de Solano Martinez une poétique visuelle puissante Photo SM

Transformer l’ordinaire et le banal en quelque chose d’étrange et d’unique

Le désir d’originalité présent dans le processus créatif de Benítez se traduira par des textures différentes, car, lorsque de nouvelles manières d’articuler les briques sont trouvées, de nouveaux mariages se révèlent. Son langage textile de construction où la brique est assemblée de manière inhabituelle dans toutes ses coutures, en hauteur, dans sa largeur ou sa longueur…subit des métamorphoses révélant de nouvelles textures au fur et à mesure que Solano propose de nouvelles façons de construire. Les briques sont inclinées, divisées en deux, brisées … de telle manière qu’elles façonnent des éléments dans lesquels elles n’apparaissent pas habituellement : surfaces creuses, plans plissés, poutres et piliers. Il transforme l’ordinaire et le banal en quelque chose d’étrange et d’unique.

Avec Solano Martinez, la brique a des potentialités inépuisables Phot SM

Un jeu pour donner de nouvelles expressions

Toute sa démarche architecturale démontre qu’il est possible d’explorer les matériaux et techniques traditionnels et de les utiliser pour innover et leur donner une nouvelle expression, effaçant les frontières artificielles entre art et architecture. Ses œuvres sont le résultat d’une réflexion sur le matériau lui-même, sur les techniques, sur l’impact de son travail et sur le contexte dans lequel son architecture opère, et cette réflexion définit les paramètres qui guideront la manière dont il construit poétiquement avec les matériaux.

La forme triangulaire comme moyen de stabilité

L’une des autres grandes composantes de son architecture est l’élément triangulaire. Dans le but d’augmenter la stabilité de la structure, une fois de plus il travaille sur la dynamique entre la main et l’esprit, entre le faire et la pensée, qui se manifeste dans le caractère expérimental de ses œuvres. L’architecte a cherché dans la forme triangulaire le moyen de favoriser la stabilité de ses murs. Il en profite pour proposer des systèmes de fermetures qui agissent comme des brises, car elles filtrent la lumière à l’intérieur des maisons.

La brique, ressource économique et poétique de Solano Benitez Photo Solano Benitez

La crise que nous vivons aujourd’hui est le manque d’imagination.
Étant donné l’abondance et la pluralité des définitions de la condition artistique, il est très difficile de la conceptualiser, mais peut-être que la forme de détail la plus concise et la moins restreinte est celle du
faire extraordinaire. SM

La brique source inépuisable d’innovations pour Solano Martinez Photo SM

Du savoir pratique au faire extraordinaire

Si son savoir est retenu pour le futur MIA, il sera intéressant de voir son « faire extraordinaire ». Comment imaginera-t-il un futur grand musée contemporain pour son voisin brésilien, pour la ville de Foz do Iguaçu qui reçoit chaque année environ deux millions de touristes. Sa réponse architecturale créera-t-elle un nouvel « effet Bilbao » tout en tenant compte du contexte social, économique et environnemental d’un lieu aux enjeux si différents ? Profitera-t-il de ce futur « temple culturel Latino » pour mieux nous adresser ses valeurs humanistes ?
Rendez-vous sous peu ! et nous ne manquerons pas d’actualiser cet article.

#Marc Pottier

Pour suivre Solano Benitez

Solano Benitez structure aujourd’hui sa nouvelle agence, Jopoi de Arquitectura dont le site web est en cours de création

Casa Abu y Font (2007) de Solono Benitez Photo Solono Benitez

Casa Abu y Font (2006) se distingue par la manière dont Solano Benítez a exploré l’articulation des briques, donnant lieu à différentes textures, comme en inclinant les briques lors de la construction des murs et de la voûte, et en proposant un cobogó de briques (sorte de moucharabieh) les reliant en partie. Il a réduit les coûts en exploitant la brique et en réutilisant des matériaux tel que du verre recyclé.
La maison a trois étages : le sous-sol, qui a été créé comme suite d’invités indépendante de la maison, mais qui a abrité le bureau d’architecture, le rez-de-chaussée, à caractère social, qui contient le salon et les espaces de service, et le deuxième étage, qui est la zone intime de la maison où se trouvent les chambres.

Casa Abu y Font (2008) de Solono Benitez Photo Solono Benitez

Une particularité du projet est qu’il s’agissait de la maison de la mère de l’architecte et devait servir deux intérêts opposés : la maison devait être un lieu de sécurité (à quelques mètres sa sœur avait été enlevée) et en même temps, c’était la maison de la matriarche d’une grande famille qui se réunissait souvent. Celle-ci devait donc être ouverte pour recevoir beaucoup de monde. Ainsi, les espaces devaient être pensés en fonction de ce paradoxe de la protection et de l’ouverture.

Four Beams, en hommage de son père Photo Solano Benitez

Four Beams. « Sculpture dans un champ élargi » , le projet qu’il a réalisé pour la tombe de son père fait référence aux seuls éléments de construction qui ont été placés sur le site, qui forment un plan en forme de carré. Il s’agit d’une construction en béton armé, où chaque poutre mesure 10 mètres de long et est soutenue par un pilier. L’ensemble est situé au milieu d’une végétation dense sur le terrain d’une ferme familiale. La tombe est au centre de l’espace qui est entouré de divers arbres et buissons et qui est aussi traversé par un ruisseau. Les poutres en béton, dans leur littéralité minimale, délimitent les limites de l’espace et différencient l’intérieur de l’extérieur, créant une sorte d’enceinte.

Four Beams, en hommage de son père Photo Solano Benitez

En entrant dans l’espace, on remarque que les poutres en béton sont recouvertes de miroirs. La présence frappante des poutres en béton à l’extérieur contraste avec l’immatérialité de la construction à l’intérieur en raison de la multiplication du paysage fourni par les miroirs. Solano gomme, dématérialise et rend absent en renvoyant au sens de la mort. La structure en béton, comme une lourde masse volumétrique, touche à peine le sol, elle flotte, apparaît légère et tend vers le ciel, ce qui adoucit le sujet de la tombe. Les miroirs permettent à l’observateur de se voir dans l’ensemble. Ils annulent la distance et la séparation, synthèse entre le structurel et le symbolique.

La brique aérienne de Solono Martinez pour la Biennale de Venise 2012 Photo SM

En 2012, il participe à la Biennale de Venise. Pour l’événement il réalise une proposition sur le thème « Territoire Commun ». Solano Benítez a proposé un mur basé sur l’idée du mur-rideau, un couloir qui était composé de modules de briques fixés à un écran en acier disposés de manière à faire référence à l’origine de la construction en maçonnerie qui s’inspirait des textiles, où, comme un métier à tisser qui forme sa toile ligne par ligne, couche par couche, les briques posées rangée par rangée.
En cinq jours, furent installés les coffrages ; en un jour, furent posés tous les modules de briques. Les travaux se sont terminés avec le début de la Biennale. Là, il était limité à une faible quantité de fret, car il était situé sur un étage d’un bâtiment historique et n’était autorisé à réaliser qu’une installation pesant environ 6500 kg. 1872 briques ont été utilisées, soit l’équivalent pour construire une pièce de 3x3x2 mètres, la plus petite quantité possible afin qu’aucune brique ne puisse être enlevée sans compromettre la structure.

Partager

Articles similaires

Le carnet de lecture de Benoit Chapon, artiste multimédium, United Nations

Voir l'article

Forgetmat suspend l’esprit Olympique

Voir l'article

Le carnet de lecture de Véronique Durruty, artiste visuelle

Voir l'article

Front contre front, Ensemble, de Marie-Laure Viebel, Place Saint-Germain-des-Près

Voir l'article