Lifestyle
Cervin : au bonheur des dames, en bas de soie
Auteur : Christian Goutorbe
Article publié le 29 décembre 2017 à 12 h 21 min – Mis à jour le 22 mai 2018 à 12 h 28 min
Les vieilles tricoteuses des années quarante remises au travail
Pour s’installer sur le toit du monde du bas de soie il a fallu réveiller des techniques du temps jadis, réputées dépassées avec des machines classées obsolètes. Les vieilles tricoteuses des années quarante, championnes du monde de la qualité, mais sûrement pas de la vitesse, sommeillaient dans des entrepôts désaffectés promises à la poussière, aux araignées et l’oubli que l’on pensait définitif. Aujourd’hui, ces Rolls du tissage, de la marque américaine Reading, vivent une seconde jeunesse à flux tendu. Dans le centre du village, derrière des portes de grange, on entend désormais le cliquetis de ces machines impressionnantes à plus de vingt tonnes qui façonnent les jambes en Soie ou en Nylon. Pour certains modèles avec des broderies sur le talon, cette machine à trente têtes réclame des heures et des heures de réglage pour deux spécialistes historiques qui sont les seuls à savoir bichonner ces chefs d’œuvre de la technologie. Les ingénieurs n’ont jamais pu faire aussi bien.
« Elles étaient arrivées ici, dans la vallée au lendemain de la deuxième guerre dans les valises du plan Marshall. Elles avaient été abandonnées pour manque de performance. Pas assez rapide forcément. Nous avons eu le bonheur de les retrouver, de les remettre en marche en 1996. Et depuis c’est l’embellie » raconte Serge Massal, 62 ans, le PDG de L’Arsoie, troisième génération de fabricants, passionné et méticuleux.
Le « slow made » de Sumène
« Ici la vitesse d’exécution n’est pas un critère. Sûrement pas. On prend le temps de faire les choses comme il faut. Tout ce qui compte c’est la qualité. Il faut une heure pour tricoter un bas. Ensuite la couture est faite à la main pour qu’elle soit bien droite » ajoute Marc Laurent, directeur général et apôtre absolu du « slow made », pour placer l’humain au centre du dispositif et travailler sur des matériaux de qualité exceptionnelle, origine France à 100 %. « Le fil de soie vient de Chine. Mais il est mouliné par les meilleurs qui soient dans le monde, à Lyon, par les textiles Lacroix. Car la qualité du moulinage et du fil détermine la qualité du produit. Les dentelles que nous utilisons viennent de Desseilles Fabrics, une maison historique de Calais. Avec eux, nous sommes exactement dans le même esprit de conservation du savoir-faire et du patrimoine industriel français » poursuit Marc Laurent qui pianote sur son ordinateur pour recenser en temps réel les commandes qui arrivent du bout du monde en cette période de fêtes.
Des bas uniques, en forme de cône avec un talon
Les clients du net, que Cervin fait rêver, sont en Chine, en Arizona, au Chili, en Argentine pour représenter aujourd’hui 40 % du chiffre d’affaires. Dans la grange au cœur du village, Serge Massal avec son flair et sa minutie trace déjà la courbe ascendante de Cervin. « Nous sommes imbattables sur la qualité et la conception. Nous sommes les seuls à faire des bas en forme de cône avec un talon pour respecter la forme de la jambe de la femme. Demain notre technique de tricotage va nous permettre de confectionner des vêtements en soie » sourit-il. Son regard s’illumine. Deux de ses techniciens sur Reading sont en chasse dans la Drôme pour rapatrier deux « princesses technologiques du tricotage ». A Sumène, le bonheur des Dames et le galbe absolu de leurs jambes qui arpentent l’univers s’inscrivent dans l’éternité.
Une Entreprise du Patrimoine Vivant
L’Arsoie (SAS) a été créée en 1918 au lendemain de la première guerre mondiale par Auguste, grand oncle de Serge Massal l’actuel PDG de l’entreprise, aujourd’hui classée Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Vingt-huit personnes travaillent dans cette société en pleine croissance. Elles sont formées en interne sur des tâches de bonneterie et de tissage et recrutées sur la base de la motivation et du savoir être. 70 % de la production est exportée, notamment aux Etats-Unis, en Chine et en Grande Bretagne.
Adossée à la tendance Vintage et à la montée en puissance du glamour.
« Charleston », « Tentation », « Cheverny »… les références, au sommet de Cervin
–Charleston : Un bas de soie unique au monde, 15 deniers, tricotage à 3 fils. Talon Pyramidal. 99 €.
–Tentation : La grande référence en Nylon 15 deniers. Bas couture en voile. Talon Pyramidal. 35 €.
–Cheverny : Le nec plus…
–Charleston : Un bas de soie unique au monde, 15 deniers, tricotage à 3 fils. Talon Pyramidal. 99 €.
–Tentation : La grande référence en Nylon 15 deniers. Bas couture en voile. Talon Pyramidal. 35 €.
–Cheverny : Le nec plus ultra du porte-jarretelles. A six jarretelles pour respecter la fossette extrême de la fesse et assurer le maintien du bas en permanence. 90€ (avec bas Havana).
Cervin Paris. Depuis 1920
SAS L’ARSOIE
Route de St Roman
30440 Sumène
Tél +33 (0)4 67 81 30 12
Cervin Store
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