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La région Centre-Val de Loire valorise 130 parcs et jardins publics et privés
Auteur : Anne-Sophie Barreau
Article publié le 24 juin 2024
Autant que ses châteaux, son art de vivre et ses vins, ses parcs et jardins font la renommée de la région Centre-Val de Loire. Un patrimoine « fragile et vivant » que cajole l’Association des Parcs et Jardins en région Centre-Val de Loire (APJRC), seule association de ce type en France entièrement portée par l’institution régionale et bénéficiant à ce titre d’un large périmètre d’action. Non seulement l’APJRC promeut et préserve les parcs et jardins de la région, mais elle les fédère aussi de plus en plus souvent sous une bannière commune pour promouvoir des initiatives ciblées. Si vous souhaitez en savoir plus sur de 130 parcs et jardins publics et privés, un site internet – complémentaire du site historique de l’association Parcs et Jardins – offre de multiples idées de sorties. Michèle Quentin, sa déléguée, fait le point avec Anne-Sophie Barreau sur l’ambition de sa région fière de son patrimoine vivant.
130 parcs et jardins
Quelle est votre aire géographique d’intervention?
À l’exception du nom, le redécoupage de la carte régionale en 2016 n’a pas affecté la nouvelle région Centre-Val de Loire. Notre aire d’intervention est celle de la région Centre d’autrefois, soit un territoire qui au nord comprend l’Orléanais (Eure-et Loir, Loiret, et Loir-et-Cher), au centre, la Touraine (Indre-et-Loire) et au sud le Berry (Indre et Cher). Nous sommes autrement dit à 50 km de Paris au plus haut et à 50 km de Limoges au plus bas avec au centre l’axe ligérien classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Un territoire doté de 130 parcs et jardins publics et privés pour la majorité ouverts à la visite comprenant aussi bien des sites qu’on ne présente plus – Chaumont-sur-Loire, Chenonceau, Cheverny, Villandry…- que des petits sites moins connus.
Quelle est la mission de l’Association des Parcs et Jardins en région Centre-Val de Loire ?
Il y en a plusieurs. La première est de valoriser ce patrimoine auprès du public. La seconde est à caractère scientifique, je pense notamment au travail réalisé sur les inventaires. La troisième, enfin, est étroitement liée à la stratégie mise en place par la région en matière de changement climatique. Nous avons ainsi mis en place par exemple un programme autour de l’eau.
Comment définiriez-vous ce patrimoine ?
En premier lieu, je dirais qu’il s’agit d’un patrimoine fragile et vivant. Si le jardin historique, considéré comme un monument vivant par la charte de Florence (1982), est en osmose avec le patrimoine bâti, il s’en distingue fondamentalement.
Le patrimoine bâti, même s’il est laissé en déshérence, peut tenir longtemps, contrairement au jardin, qui dans la même situation perd son âme. C’est un patrimoine d’une fragilité inouïe.
Les gens ont parfois tendance à oublier que le jardin est l’expression du travail de l’homme dans la nature. Il n’y a pas plus belle leçon d’humilité. L’homme peut faire n’importe quoi, la nature a toujours raison. Je parlais de l’eau, je pourrais aussi prendre l’exemple du sol qu’il est primordial de travailler, l’un ne va pas sans l’autre, celui aussi du reflet du ciel, une couleur ne rendra pas pareil selon l’endroit, ce sont plein de petites choses… le plus important est de communier avec le paysage.
Créateurs de jardins, patrimoine légumier…
Que trouve-t-on sur le site internet jardin-etc-valdeloire.com ?
Jardins de France, notre site générique qui liste tous les jardins ouverts est mis à jour quotidiennement, et renseigne sur leur actualité, ce qui est déjà considérable. Mais il ne recensait pas les actions que nous menons sur un thème précis avec certains jardins, d’où ce site dédié aux Jardins du Val de Loire. Grâce au soutien de la région et du ministère de la Culture, nous menons en effet des actions ciblées à destination de groupements de jardins.
Selon les cas, il s’agit d’actions itinérantes – « La route de la rose » dans le Loiret en est une – ou d’actions soutenues par la région sur un thème que celle-ci définit préalablement chaque année.
Pouvez-vous donner quelques exemples ?
L’an dernier, nous avons décidé, autour du thème de la création, d’organiser une action autour des créateurs de jardin. Avec trois entrées : jardins historiques, maison des illustres, et jardins contemporains. Trente sites ont participé. Une carte a été réalisée avec un QR code renvoyant sur l’histoire de chacun. L’opération a eu un tel succès que nous la reconduisons cette année.
Autre exemple, l’action que nous menons de longue date autour du patrimoine légumier, baptisée cette année « patrimoine légumier en effervescences ». Nous travaillons main dans la main avec l’Union pour les Ressources Génétiques du Centre-Val de Loire qui recherche toutes les variétés de légumes oubliés dans la région. Les jardins participent à l’opération soit en cultivant les légumes, soit en affichant les cartes que nous avons réalisées. On arrive à une vingtaine de légumes. Haricot barangeonnier, sucrine du Berry, laitue brune percheronne…les visiteurs adorent.
On peut également citer Plume.s, l’exposition itinérante qui fait découvrir douze espèces d’oiseaux des parcs et jardins de France, enfin « Regards croisés » qui célèbre notre partenariat avec le land de Saxe-Anhalt en Allemagne.
Est-ce un site qui alerte sur certaines menaces ?
Nous essayons de distiller les choses doucement, les informations restent de l’ordre du ludique et de l’événementiel, mais il est évident que certains messages peuvent donner envie aux gens d’aller plus loin.
Leçon de vie
Quels sont vos projets ?
Nous participons cette année à « L’Été culturel », une opération initiée par le ministère de la Culture dont l’objectif est de rapprocher de la culture sur un territoire donné les personnes qui en sont éloignées. Nous allons ainsi partir à la rencontre des pensionnaires des Ehpad et des employés des Esat un peu partout sur le territoire. À chaque fois, photos à l’appui, nous leur montrerons la richesse du patrimoine de notre région, les jardins historiques, les potagers, les vergers, les roseraies… Nous envisageons de faire un reportage photo, et pourquoi pas un film. Avec à l’arrière plan, l’idée de donner envie aux autres de le faire.
Le jardin est un formidable endroit de cohésion sociale. Notre but est avant tout de faire connaître les jardins adhérents, mais si par ricochet, d’autres jardins nous emboitent le pas, tant mieux !
Michèle Quentin, déléguée de l’APJRC
Vous disiez à l’instant que le jardin est un lieu de cohésion sociale
On n’imagine pas à quel point il l’est. Prenons l’exemple du village-jardin Chédigny : voici un des sites les plus visités de la région. Et bien les habitants se sont complètement appropriés le jardin !
Le jardin nous donne aussi à chaque fois une leçon de vie : le changement climatique nous oblige à regarder plus attentivement des choses qu’on avait oubliées en raison de la mécanisation.
De même, dans un monde où on veut tout dans les dix secondes, le jardin nous fait redécouvrir les vertus de l’attente et du désir.
Pour en savoir plus sur les Parcs et Jardins
Le site de l’association Parcs et Jardins, 22, rue de la République, 45000 Orléans – Tél. : + 33 (0)2 38 77 10 64
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