Qu’y a t il de plus épouvantable dans une vie que de perdre un enfant ?

De surcroît lorsqu’il s’agit d’un suicide. De quelle forme de châtiment ultime  peut-il s’agir ? Pris entre un sentiment d’injustice flagrante et de culpabilité dévastatrice, comment éviter de sombrer dans la folie ?

Mathias Mlekuz, comédien abonné aux seconds rôles de faire valoir et réalisateur de Mine de rien, une modeste comédie sociale, s’est retrouvé confronté à cette abjection.

À Bicyclette ! de Mathias Mlekuz photo MES Productions – F Comme Film

Surmonter la sidération d’un tel drame

Par résilience, il conçoit le projet de suivre les traces de son fils au travers d’un périple que celui-ci avait effectué de La Rochelle à Istanbul en vélo. Son ami de 20 ans le comédien Philippe Rebbot lui a proposé de non seulement l’accompagner mais également d’en faire un film. De là est né le projet de À Bicyclette !

À l’aide du journal de voyage de son fils, les deux amis ont donc suivi les traces, étape par étape, de YouriMlekuz à travers l’Europe jusqu’en Turquie.

À Bicyclette ! de Mathias Mlekuz photo MES Productions – F Comme Film

Entre documentaire d’auto-fiction et comédie en forme de road-movie

Leur pèlerinage prend la forme d’une thérapie salvatrice. De soirée au coin d’un feu de camp devant leurs tentes Quechua, à la location hilarante d’un Airbnb, l’évocation de souvenirs du fils perdu prend les chemins et les correspondances les plus surprenantes. ,En traversant l’épreube autant physique que morale, leur amitié se consolide soudain mise au service de leur existence.

Entre larmes, fous rires et même engueulades se dessine une leçon de vie qui n’a que le choix de se perpétuer.

À Bicyclette ! de Mathias Mlekuz photo MES Productions – F Comme Film

L’amitié comme dynamique

La simplicité désarmante des propos nous fait rendre les armes et comprendre à quel point la fragilité de nos destinées est un bien précieux que la plupart d’entre nous avons tendance à négliger. En faisant de l’amitié l’une des formes les plus élevées de l’amour, ils rendent un hommage émouvant à l’humanité de Youri. Ce dernier lui-même saltimbanque, artiste de rue revit avec chaleur et tendresse lorsque sa petite amie stambouliote se remémore en leur compagnie son humour et sa générosité.

Au terme de leur expédition nous sommes encouragés à prendre à bras le corps ce qui compte vraiment pour nous, en particulier les personnes que nous aimons.

Aucun voyeurisme, ni complaisance morbide

Certains pourraient voir un manque de pudeur face à l’évocation sans fard de la douleur que provoque une perte aussi lourde.
Cependant il s’agit plutôt du courage de nous mettre face à la mort qu’elle soit celle d’un être cher comme celle qui nous attend. Comprendre que choisir la joie est un défi pour tout être vivant qui se respecte.

D’intime l’épreuve de la perte devient universelle, car elle peut frapper chacun d’entre nous. En attendant dites bien à ceux que vous aimez que vous les aimez.

Auteur de l'article

Calisto Dobson

See author's posts